Insidieux feat. Achill Karstein

La tour de guet, milieu de l’après-midi. Il faisait bon, peut-être un peu trop chaud au sol mais d’ici, même si la chaleur était réputée pour monter, ils étaient bien grâce à une brise fraîche. Elle agitait la chemise ouverte de Lysandre et le t-shirt qu’il portait en dessous. Quelques mèches brunes s’égaraient dans ses yeux, preuve qu’il allait sérieusement devoir envisager de rafraîchir sa coupe bientôt. Il était comme le voulait les tours de garde, en compagnie d’un autre demi-dieu. Jamais le même, mais généralement il était couplé à un guerrier plus expérimenté que lui. Ça allait probablement changer bientôt. Après deux ans passé au camp, Lysandre commençait à être de ceux vers qui on se retournait, au moins pour guider les nouveaux. C’était plaisant comme sensation... D’ailleurs, parlant de sensation plaisante, mis à part le vent il y avait autre chose d’assez amusant dans sa situation présente.

L’autre demi-dieu présent avec lui n’était pas réputé pour chercher expressément sa compagnie. Dans un premier temps, Lys avait ignoré ce fait. Mais ça durait depuis trop longtemps maintenant pour qu’il lève le nez sur la situation. Il n’était pas préoccupé par ça. Lysandre ne faisait guère attention à ce qu’on pouvait penser de lui et ça ne faisait pas de différence que ce soit Achill Karnstein ou Zeus himself qui veuille le fuir. Mais à être pris comme ça au sommet d’une tour de guet avec cet homme-là, c’était quand même plutôt amusant et ça le portait à réfléchir un peu à la situation. Leurs regards se croisent... et l’autre détourne aussi la tête, observant un point au-dessus de son épaule. Se retournant, Lysandre constate que s’il n’observe pas avec un fort intérêt la cime des arbres, il ne regarde rien du tout ! Finalement, il ne peut retenir le rire railleur qui franchit le seuil de ses lèvres. Vraiment...

« T’en as pas marre de m’éviter, Karnstein ? », demande finalement Lysandre, air gouailleur et un brin supérieur peint sur le visage. Il ne pouvait pas s’en empêcher, n’est-ce pas ? Il était toujours en train de jouer de provocation. Et sachant qu’ils étaient encore coincés ici pour quelques heures, ça promettait si Achill s’énervait vraiment ! « T’es bien mignon, mais j’ai remarqué que t’évitais de me regarder dans les yeux. Je te rassure tout de suite : je ne suis pas une gorgone ! »

Et passant une main dans ses cheveux bruns, il ajoute, moqueur :

« Regarde. Pas de serpents. »

Mais il n’était pas complètement stupide... il pouvait se tromper, certes. C’était même plus que probable. Or, Lysandre avait malgré tout ses petites hypothèses à propos de cette fausse amabilité et cette capacité à disparaître de son champ de vision plus rapidement que l’éclair de Zeus ne percerait le ciel. Après tout, peu de gens ici ignoraient réellement quel était son don. Percer à jour le mensonge... Or, ils ne savaient pas nécessairement comment ça fonctionnait... et ne savaient pas non plus que Lys n’était lui non plus pas tellement certain de comment s’y prendre. C’était un détail !

« T’aurais pas dit un petit mensonge pas très catho ces derniers temps, Karnstein ? », demande Lysandre, amusé, tout en se penchant un peu pour essayer de croiser le regard du bel homme. Oh, il fallait bien trouver une façon de passer le temps, hein ! Il ne faisait rien de méchant, là ! « Et si on jouait à essayer de deviner ce que c’est ? On a pas mal de temps à tuer, après tout. »

Un sourire mutin décore le visage de Lysandre alors qu’il fait un petit clin d’oeil faussement complice à Achill. Il allait bien finir par lui dire ce qui clochait, à force d’être titillé de la sorte, pas vrai ?