(johanna) + no escape from the storm inside of me.

''Papa, t'es d'un ridicule.'' Ugh. Le sol était jonché de bouteilles de bières, dont la dernière était à moitié pleine. Dégoûtée par la forte odeur de l'alcool, la jeune femme se ravisa à la ramasser. Néanmoins, elle n'avait pas le choix; l'appartement déjà sale empirait. Elle songeait sérieusement à appeler une femme de ménage car après tout, ils avaient de l'argent. Pourquoi donc son père s'entêtait-il à les laisser dans une misère noire, alors que ses comptes étaient constamment payés et que les sous ne manquaient pas ? C'était parce qu'il était constamment sous l'influence de l'alcool et des drogues, et cela commençait fortement à affecter la jeune fille. À douze ans, on espère mieux pour sa famille. Vivre ainsi était un cauchemar constant. ''Lèves-toi, bon sang.'' Habituellement, on dit que c'est aux parents de s'occuper de leurs parents et non le contraire. Pourquoi Johanna devait-elle donc tout faire ? Sauf la cuisine; elle était incapable de faire un croque-monsieur sans le faire carboniser, un véritable cauchemar. ''Laisse-moi, Joan.'' La gamine de douze ans s'en offusqua. Il était insensé qu'elle le laisse dans cet état. Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues alors qu'elle le vit se lever. La peur s'emparait de son corps d'enfant. ''Ne t'approche pas.'' Ses mots avaient sifflé, mais l'ordre fut sans conséquences. Un sourire carnassier trônait sur les lèvres du père, de celui qui ne méritait pas ce titre. Avant qu'il ne puisse s'en prendre à elle, elle mit ses mains devant elle et une poudre enneigée et glaciale en sorti. Elle avait recouvert les yeux de son père d'une neige blanche et collante. Comment ? Terrifiée, elle regarda ses mains, l'une après l'autre, qui étaient devenues froides comme de la glace. Aussitôt, sans demander son reste, elle sortit de l'appartement, apeurée, et se précipita à l'extérieur.

Fuir. Fuir le danger, fuir son père, fuir tout ce qui l'entourait. Elle n'en pouvait plus, de cette vie. Elle avait peur, et de plus, elle était persuadée qu'il l'aurait frappée si elle était restée. Alors pourquoi chercher tant de raisons ? Pourquoi posséder autant d'excuses pour échapper à la réalité ? La vérité fait mal. Elle était perdue, elle ne savait plus qui elle était, ce qu'elle était. Parce que très sérieusement, elle doutait fortement qu'une gamine normale aurait pu produire de la neige, comme ça, sans rien demander.
''AAAAAAARGH.'' Elle avait cessé sa course. Elle était dans une rue déserte, en plein coeur de Nashville, sa ville natale. Une fille de douze ans, sans argent, sans rien. Comment ferait-elle pour s'en sortir ?
Cette nuit-là, elle l'avait passée dans la rue sale et peu fréquentable, adjacente à la rue principale. Elle ne voulait pas qu'on la voit, comme ça, atterée et débraillée. Cette nuit-là, elle pleura toutes les larmes de son corps. Cette nuit-là, ce fut la plus longue de toute sa vie.

''Hey, petite. Réveilles-toi, on doit fuir.'' Fuir. Qu'est-ce qu'elle détestait ce putain de mot, à présent. Elle n'avait pas dormi, elle était pleinement éveillée, et son corps tout entier lui criait de se nourrir et de dormir convenablement. Elle leva les yeux vers l'inconnu, qui avait un bonnet et des espèces de béquilles pour marcher. Sans porter plus attention au drôle d'habillement de l'adolescent, elle se leva en vitesse et le regarda d'un oeil interrogateur. ''Malcom?'' Elle l'avait connu à l'école, au collège. Ils avaient longtemps été les meilleurs amis du monde, avant qu'il ne parte sans plus lui donner aucune nouvelles. ''Je t'expliquerai tout en chemin, tu dois me faire confiance.''. Il avait eu raison. Il l'embarqua dans un bus, et ils partirent très loin. Sans se soucier de l'argent, le satyre, comme Malcom disait s'appeler, paya le tout et quelques jours plus tard, ils furent  à Long Island. Pourquoi l'avoir suivi jusque là? Parce qu'elle voulait avoir l'occasion de lui foutre son poing à la figure. Oh, et, elle ne voulait pas mourir. Pendant des jours, ils avaient dû se battre pour leur survie. Même s'il insistait pour que Johanna utilise son pouvoir, elle refusait. Cela ne faisait que leur attirer des ennuis. Le dernier monstre à les avoir pourchassés était une Manticore, d'une grandeur impressionnante. Ils ne réussirent pas à la vaincre - ils réussirent à fuir.  
Ce ne fut pas sans égratignures qu'ils traversèrent le portail de la Colonie des Sang-mêlés. La Manticore avait réussi à couper de nombreuses fois la demi-déesse (oui, apparemment, c'est ainsi que l'on appelle les enfants de dieux), qui saignait et s'affaiblissait. Aussitôt eut-elle traversé le portail qu'elle perdit connaissance, sous le choc de ce qui venait de se produire.

Elle en était donc arrivée au camp des sang-mêlés, des demi-dieux. On lui expliqua tout ce qu'elle avait à savoir; après tout, elle devait être au courant.
Les années passèrent rapidement; Johanna ne partait plus du camp, elle se sentait bien, ici, et la colonie était devenue sa maison. Elle y rencontra Maya, sa cousine... Enfin, par Chioné, c'était compliqué. Les dieux n'ayant pas d'ADN, c'est complexe de déterminer ce qui est vrai ou faux, dans les familles divines.
Vint les quêtes, les missions. Elle en fit plusieurs, trois il lui semble. Elle a acquérit certaines forces, certaines capacités, à force de s'entraîner et de tenter de contrôler son pouvoir. Elle ne l'utilisait pas souvent; elle avait trop peur d'acquérir un coeur de glace, comme sa mère.
Il y eut, des années plus tard, la bataille féroce contre Cronos et les titans. Beaucoup de pertes grecques, mais aussi des pertes romaines (bien entendu, les demi-dieux grecs n'étaient pas au courant de leur existence avant ce jour) ainsi que partisanes. Les adorateurs de Gaïa la suivirent; Johanna resta au camp. Elle se battit pour ce à quoi elle tenait énormément. La Colonie représentait tout pour elle; c'était grâce à elle qu'elle était devenue une jeune femme accomplie. Manhattan n'en fut pas épargnée; les dégâts étaient catastrophiques, mais ils avaient gagné.

Johanna ne comprit rien à l'histoire de Percy Jackson et de Jason Grace. Ils furent échangés, oui, mais pourquoi? Elle se tint éloignée de la prophétie; sérieusement, qu'avait-elle à voir avec tout cela? Pendant ce temps, grecs et romains furent confrontés à nouveau. Reyna, empoisonnée par Octave. Ce fut un signe de trahison des grecs envers les romains, pour eux, pauvres idiots trop coincés. Joan ne s'en est pas soucié; d'autres iraient en quête. Elle se contentait de faire profil bas, ne pas être soupconnée et mise au pilori. Parce que les romains en étaient bien capables, satanées bêtes sauvages.
Puis la période de paix. Satanée période, oui. Durant huit ans, demi-dieux purent coexister sans s'arracher les yeux. Sans que personne ne vienne les déranger, eux qui ne voulaient que paix et prospérité. Tous les grecs ont quitté la Colonie, tous vivent à la Nouvelle-Rome, tous s'entraînent au camp Jupiter. Certains rapprochements se font, d'autres gens s'éloignent. Mais cela ne dure pas plus de huit années, puisque la brume se rompt, pour tout casser. Cette fois, Johanna intervient.

Elle s'est rendu en ville avec certains de ses camarades pour les débarasser des monstres. La neige fut efficace pour distraire les enfants, effrayés par la venue de ces bêtes. Pour être franche, autrefois, Johanna n'était pas une très bonne combattante. Mais un soir, après que ce soucis fut réglé, ils furent attaqués. Bon nombre de personnes périrent, pendant la bataille, mais la rousse put se débrouiller pour ne pas être aperçue, encore une fois. Elle maudissait sa mère, intérieurement, de lui infliger un tel traitement.
Elle a rejoint les opposants, par la suite. Ces humains n'avaient pas un mauvais fond; franchement, elle se demandait si les demi-dieux n'étaient pas les sauvages, dans toute l'histoire. Comment pouvaient-ils se prétendre au dessus du monde alors qu'ils n'avaient qu'un parent divin comme différence ? Johanna ne comprenait pas ses anciens camarades; c'est pourquoi elle fait aujourd'hui parti du département PSI. C'est pourquoi elle s'est promis, dans les années à venir, de devenir la meilleure guerrière qui soit. Elle veut être à la hauteur de sa mère. Elle veut un combat loyal contre elle. Un combat à mort.