Sujet : La salle de bal

Je ne savais pas ce qu’il me prenait. Je n’aurais pas dû être ici, avec ce garçon, mais plutôt dans un coin, à faire de la surveillance. Parce que je me doutais qu’il finirait par arriver quelque chose à un moment, c’était certain. Tellement de demi-dieux dans un même espace ? Il était normal d’imaginer qu’ils finissent par se tabasser, à un moment ou à un autre. « Je devrais pouvoir me tenir, sans finir saoule, merci pour votre considération. » J’étais en mesure de me gérer tout de même, et comme je n’avais jamais été bourrée, mais que j’avais dû soigner un certain nombre de gueule de bois, je ne pouvais que refuser de déraper à mon tour. Question de santé mentale, je suppose. « Mais je vous en prie, profitez-en, c’est un bal après tout. » Ce n’était pas parce que je voulais garder le contrôle de mon être que je ne pouvais pas comprendre que les autres appréciaient de se laisser aller. Je n’étais pas pour, mais je respectais. Et puis, je serais toujours là le lendemain, c’était ce qu’il fallait se dire.

Attrapant la coupe qu’il me tendait, je lui offris un sourire poli et bus une gorgée avant de l’observer avec attention. Il ne manquait apparemment pas de confiance en lui, et je ne jugeais pas, mais je me demandais si tout était faux, ou non. « Pourquoi pas. » Je trinquais contre sa coupe avec délicatesse, et repris une gorgée, avant de soupirer en regardant la salle. « Vous devriez aller vous amuser, et profiter de la soirée. »

Bon sang. Qui avait osé embrasser sa meilleure amie sur les lèvres ? Emy marqua un temps d’arrêt, trop choquée de voir ça, et inspira profondément. « Si elle ne l’a pas giflé alors qu’il vient de l’embrasser, c’est bon signe ? » Demanda-t-elle distraitement au jeune homme, sans quitter Lily des yeux, concentrée sur le peu de choses qu’elle savait des relations entre hommes et femmes, c’est-à-dire, pas grand-chose. Tournant la tête vers son danseur, elle croisa ses yeux pour ne plus le lâcher. « Est-ce que je dois intervenir, vous croyez ? » Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Lily ne semblait pas terrorisée, ni vraiment en colère, mais dans la charte des amis, c’est un truc qui s’inscrit comme obligeant la première à se rendre auprès de la seconde, non ? Emy ne savait pas, et n’avait jamais eu le droit à un code d’honneur qu’elle aurait pu apprendre par cœur.

Elle lui sourit doucement. « C’est bien de vivre à fond. » Elle aimait beaucoup cette philosophie, de foncer tout le temps. Bon, Lily aime beaucoup moins qu’elle fasse ça, mais tant pis. Elle ne le quittait pas des yeux, et remarqua enfin son costume. « Vous êtes très élégant. Et non, je ne suis pas un ange, mais c’est gentil de dire ça. »

Je ne pouvais pas simplement rester là sans rien faire.. Je ne pouvais pas juste attendre et faire comme si de rien était... Mon coeur saignait parce que j'avais besoin d'elle. Il était en loque. Il était plus qu'en loque. J'avais vraiment besoin d'elle. Je ne pouvais pas la laisser repartir. Je ne pouvais pas la laisser partir comme elle pouvait le faire à tout moment. Je savais que je devais lui laisser le libre-arbitre, mais je ne pouvais pas la laisser faire comme je pensais que je serais capable de faire. Je n'étais plus en état de penser, ça je le savais déjà. Je n'étais plus en état de réfléchir, j'avais trop bu pour ça. Parce que je voulais oublier. Je n'avais jamais aimé l'alcool. Je n'avais jamais aimé ce qui se passait lorsque l'on buvait. Je n'étais pas un féru de tout ça. Je n'aimais pas grand chose lorsqu'il s'agissait de boire, de se droguer et autre. Je n'étais pas de ce genre. J'étais un homme qui avait appris à dédaigner tout ça depuis mon plus jeune âge parce que j'avais vu de mes propres yeux les ravages que ça pouvait faire. Los Angeles, ce n'était pas la cité des anges. Il y avait aussi du mauvais dans elle. De la pourriture qui gagnait lentement mais sûrement la surface. Et j'avais fait face à tout ça. J'avais tout vu. Et ce n'était pas tout. J'avais eu peur. Tellement peur que je m'étais promis que jamais je ne ferais ça. Jamais je ne céderais à tout ça. Et voilà que maintenant.. Voilà que maintenant, j'étais bourré, devant mon ex-copine... et que je venais de l'embrasser. Je devais certainement puer, lui soulever le coeur. Je n'étais pas son Matt qu'elle connaissait. Je n'étais pas son homme. Ce n'était pas moi pour le moment et j'avais honte. Terriblement honte de tout ce que j'étais en ce moment. Déjà que j'infligeais ça à Charlie... Je m'en voulais. Je m'en voulais tellement. Je ne pouvais pas réprimer ce dégoût envers moi-même et je le laissais aller. Je savais qu'elle le ressentirait... Mais c'était fait. Maintenant, je ne pouvais plus revenir en arrière. Ce qui était fait était fait. Et je devais vivre avec. Si seulement je pouvais avoir la télépathie. Pour lui dire que j'étais désolé. Que je ne voulais pas... Que je ne voulais rien de tout ça.

« Moi j'ai besoin de toi Lily. Je t'ai laissé... pardonne-moi.. j'ai fait la pire erreur de ma vie... Je t'aime comme un dingue.» Je tendis la main pour toucher à ses lèvres. Et sourit lentement lorsqu'elle me fit comprendre que les grecs avaient besoin de moi. « Je suis peut-être un leader, mais c'est toi qui me poussait à continuer... Depuis toujours.» Je la regardai dans les yeux, sans la quitter alors que je ne rêvais que d'une seule chose... la garder contre moi. Alors que je fouillais mes souvenirs pour comprendre le lien avec notre première rencontre, je ne trouvais toujours pas.... évidemment.... Et tout ce que je voyais... c'était celle que j'aimais le plus au monde devant moi... « Pitié... Lily...»

Le verre à la main, je me donnais l'impression d'être un grand de ce monde. Alors que je ne l'étais pas. C'était dommage, mais que voulez-vous, c'était la triste vérité. Moi je ne faisais que me plier aux différentes failles... c'était des failles? Nah, des règles, qu'est-ce que je disais là moi? C'était un peu fou. Nah, mais pauvre patate Liam, faut réfléchir avant de penser. Donc, j'avais peut-être pas le plus beau des costumes, mais il était classe le mien, il faisait surtout différent et c'était ça qui comptait. Voilà quoi. La différence était l'une des plus belles choses de ce monde alors que moi, bah je ne savais que juste une chose: Pouet! Je savais bien m'habiller, je savais aussi comment avoir de la prestance, mais ça ne voulait pas dire que j'allais tout réussir. Quand même hein, ça ne voulait pas dire que j'allais tout avoir parce que j'étais un fils de Mercure, oui il fallait que je la ramène, j'étais le fils d'une planète quand même, ce n'était pas rien. Pas rien du tout. Et je déconnais aussi beaucoup. C'était pas beau la vie hein? Vraiment magnifique, je n'arrivais pas à y croire tellement c'était mignon et joli. Tellement c'était bien et sympa. Tellement je pouvais dire aussi beaucoup de chose, mais alors là beaucoup de chose qui n'avait ni queue ni tête parce que ce que je disais n'étaient pas des poissons. Il fallait s'y attendre aussi. Quand je parlais, il n'y avait pas un poisson qui apparaissait à chaque fois parce que je disais un truc avec de la logique. Parce que sinon, bah voilà quoi... Je pourrais refaire l'océan à moi tout seul. Et c'était pas ce que je voulais. Mais alors là pas du tout. J'aimais bien la faune et la flore, les poissons c'est sympa, mais pas de poisson quand je drague par pitié


« J'ai totalement confiance en vous, je vous connais, ne l'oubliez pas. Je suis disons, quelqu'un qui a la chance de vous connaître de près. Alors, pas besoin de se justifier avec moi.» Je la connaissais très bien pour savoir qu'elle n'était pas celle qui allait boire jusqu'à ne plus pouvoir boire justement. Je la connaissais et elle semblait oublier ce détail. Et ça m'amusait. Vraiment. Ça m'amusait plus que de raison et je voulais que ça continue. Mais bon, je n'étais pas un sans-coeur pour autant... Mais j'aimais bien m'amuser. Ce n'était pas rien. Vraiment pas rien. « J'en profite à l'instant, très chère et ce en votre présence.» Un petit sourire éclaira mon visage alors qu'elle trinquai avec ma coupe et je bus une gorgée, le tout avec attention et délicatesse, comme j'avais appris à le faire lors des tournages des films dans l'ancien temps, j'avais oublié les années. Et je laissai entendre un petit rire lorsqu'elle rajouta que je devrais aller m'amuser. « Chère Kathleen, ce que vous ne voyez pas, c'est que je m'amuse à l'instant. Il n'est nullement question pour moi de partir.» Je suis une sangsue Kathy-Cat, tu devais le savoir depuis le temps.

Je ne compris pas tout de suite le pourquoi elle s'était arrêté comme ça, avant de voir où elle regardait... Pour ensuite comprendre ce qui l'avait troublé avant même qu'elle ne parle. Un mec avait embrassé son amie. Bon... ce n'était pas rien, mais compte tenu de l'expression du visage que je pouvais voir, elle ne semblait pas outré, enfin pas Emy, mais l'autre jeune femme. Et elle semblait avoir laissé faire l'homme. Ce qui me faisait penser que c'était soi elle qui lui avait demandé, soit ils se connaissaient et s'étaient reconnu, d'où le pourquoi, il l'avait embrassé. Mais la blonde ne semblait pas du tout vouloir frappé l'homme... Ce qui en revenait à dire que tout allait bien. « Si elle ne l'a pas repoussé, c'était parce qu'elle y était consentante.» Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant, je me rendais compte de l'importance que pouvait avoir la blonde sur ma cavalière et je trouvais ça mignon. Adorable et attachant. Elle avait de la chance d'avoir une amie.. Elle avait de la chance de pouvoir venir avec quelqu'un et rester avec elle. Elle avait la chance d'avoir une personne près d'elle. Moi, je n'avais personne. Et la seule personne que j'aurai pu laisser approcher... elle n'était pas là... J'avais réfléchi et je devais le laisser faire.. Je devais laisser le destin jouer. Mais pour le moment, j'étais avec cette jeune femme qui était plus qu'adorable. Et je dansais avec elle.« Elle doit faire ce qu'elle veut. Si ça tourne mal, je viendrais t'aider... Ne t'inquiètes pas.» Je lui jetai un petit regard amusé alors que je la faisais tournoyer lentement pour lui montrer ce que c'était. Je voulais qu'elle voit. Son premier bal, j'étais son premier cavalier, sa première danse et je ne voulais pas qu'elle le regrette. « Il faut profiter de chaque instant. C'est ce que j'ai appris... Et je veux te montrer ce que l'on peut faire à un bal. Tu es aussi très élégante, ravissante même. Et si je dis petit ange sans arrêt, c'est que je vois les extrémités d'un tatouage en forme d'ailes dans ton dos... Enfin, je l'ai vu.»

Il y avait tellement de monde dans cette salle. Une grande partie des grecs et des romains devaient se trouver en ces lieux pour qu’autant de personnes dansent, mangent et rigolent. Je soupirais un peu, sans m’en rendre compte. Tellement de gens, pour moi, ça voulait dire qu’il y avait des risques de toutes sortes. Et pour le peu de ce que je pouvais savoir, le garçon auquel j’étais en train de parler, pouvait bien être un simple menteur, un grec qui se jouait de moi après avoir entendu Thomas donner mon prénom. Cela ne m’étonnerait pas vraiment, et j’avais peur de me faire avoir. Non, ce serait gros, quand même, hein ? Et il disait que j’étais plus sérieuse en temps normal, qu’il savait que je ne buvais pas, c’était tout de même des indices tout ça, non ? Je n’aimais pas ne pas savoir. Alors, je me mis à l’observer avec une attention accrue. Je plissais légèrement les yeux, et passais sa silhouette en revue de haut en bas, avant de croiser son regard. « Oui, je… Je vérifie… Les données corporelles. » Pourquoi mes joues devaient-elle se teinter de rouge, alors que je venais de comprendre qu’il avait grillé que je le reluquais ? Bon sang, ce n’était pas quelque chose que je faisais habituellement. Un peu gênée pour le coup, j’avalais deux gorgées de mon champagne, coup sur coup, pour m’occuper, et me désaltérer la gorge. « Et hum, je suis certaine que vous exagérez. Votre soirée serait plus agréable en une compagnie moins sérieuse, ne dites pas le contraire. » Je haussais un sourcil à sa dernière réplique, intriguée. « Pourquoi vouloir rester avec moi ? »

Pour peu, j'aurais bien aimé à ce qu'il y ait un karaoké à ce bal. Ça aurait été sympa de le voir.. Et surtout d'en faire. Et j'aurai éprouvé un malin plaisir à chanter des chansons niaises pour voir la réaction de Kath. Elle me connaissait pas hein, donc je pouvais faire tout ce que je voulais. Tout ce que je voulais. Mais comme je la respectais, je ne faisais pas trop le pitre. Parce que l'anonymat de mon masque me permettait de faire ce que je voulais. Tout ce que je voulais. Si je l'aurai voulu, j'aurai pu la pousser contre le mur et lui rouler une pelle digne de ce nom, à la Liam quoi, mais mon petit doigt me disait que j'allais devoir faire face à autre chose. Du genre un bon coup de pied bien placé. Coup de karaté légionnaire monsieur. Et suite à ça, une montée d'octave pour ma voix. Du coup, bah... j'avais pas envie.. pas spécialement. Je préférais nettement autre chose. Chacun ses goûts hein? Donc pour le moment, je m'occupais à ma façon. Et c'était ça le meilleur de la chose. Bah oui, il fallait pas se compliquer la vie. Moi, j'avais cette chance de me dire que la vie était un fromage, j'adorais le fromage, bah ça me faisait penser que j'avais aussi des supers pouvoirs super cool les cocos.

« Autant cette robe vous va a ravir, autant le rouge met votre teint en valeur.» J'étais un beau con? Ouais tout à fait. J'étais un gros idiot? Idiot oui, mais pas gros. Quoi, fallait pas se priver. Elle me reluquai. Bah tiens, Kathleen me trouvait à son goût? C'était nouveau ça, je n'avais jamais eu la chance de m'en rendre compte. Et j'étais flatté. Et j'avais une chance de jouer les gros idiots encore une fois. « Ce sont mes vêtements ou le physique qui se cache en-dessous qui vous plaît?» Je trempai mes lèvres dans mon verre, riant sous cape, me trouvant très très très, mais très drôle. Ce n'était pas de sa faute, mais je m'amusais d'un rien... Vraiment d'un rien. Et elle me laissait tellement de chance pour le faire. Alors pourquoi ne pas sauter sur l'occasion? « Je suis un homme très simple. Et le sérieux ne me fait pas peur. Et pourquoi je reste ici? Parce que votre compagnie est la plus importante à mes yeux en cette soirée.»

Rien de plus douloureux que les blessures que je pouvais m'infliger à l'instant. Rien de plus cruel que ce que je pouvais vivre. Rien de plus égoïste que ce que je faisais. En vrai, j'étais un homme fini. Qui avait tout perdu. Même sa raison de vivre. J'avais perdu tout ce que j'avais excepté Charlie et j'en remerciais les dieux de ne pas l'avoir perdu elle aussi parce que je ne serais pas là en ce moment. C'était elle qui avait fait en sorte que je sois encore debout ce soir. C'était elle qui m'avait fait voir que l'espoir pouvait être toujours présent. C'était elle qui m'avait pris sous son aile malgré tout le mal que je pouvais lui faire. C'était elle qui avait fait en sorte de me dire de me bouger et d'arrêter de me plaindre qu'il fallait que j'aille de l'avant. Pour ça, j'avais une grande soeur en or. Et quoiqu'elle puisse dire, elle était vraiment une personne fabuleuse, géniale. Tout simplement en or. Et même plus, mais je ne connaissais pas de métaux plus précieux que ça et dire qu'elle était un diamant à l'état brut, oui je pouvais le dire, mais ce n'était que de mentir comment elle pouvait être génial et bien. C'était comme ça que l'on se rendait compte que bon... ce n'était peut-être pas une raison du pourquoi je devais faire attention. Mais je savais que le lien qui nous unissait était une chose retors. On voulait nous punir. On voulait nous aider. Notre père même ne pouvait pas nous dire pourquoi nous avions ça, je le savais trop bien. Il ne pouvait pas nous le dire. C'était juste hors-normes. Et j'avais l'impression que parfois, ça prenait des proportions bien plus grandes que ce que je pensais. C'était beaucoup plus gros que ce que je pouvais penser. Beaucoup plus. Et ce n'était pas sous notre contrôle ni à moi ni à Charlie... Est-ce que je devais en avoir peur? Non, parce que je savais que tout les deux, nous faisions un tout. Tout les deux, nous étions un ensemble et nous étions plus fort. Je la protégeais et elle faisait de même avec moi. Mais il ne fallait pas lui dire que je veillais sur elle. Combien de fois la nuit, je m'étais réveillé et j'étais aller la recouvrir d'une couverture de plus pour qu'elle n'ait pas froid. Combien de fois j'avais laissé des fruits sur sa table de chevet pour son réveiller le matin? Combien de fois je pouvais l'avoir sorti de la forge pour qu'elle aille prendre sa douche ou simplement marcher un peu? Ce n'était que des petits gestes, mais je savais qu'il valait beaucoup. Mais vraiment beaucoup. Et c'était une vague d'amour total que j'envoyais à mon aînée.

Et maintenant, je reportais mon attention sur Lily. Mon merveilleux lys. Ma fleur. Mon adorée. Tout ça n'était qu'une seule chose. Une seule. Et j'eu un sourire torturé en l'entendant me parler. Me dire ses mots qui faisaient mal. Me dire les choses que je ne voulais pas entendre. Mais ce n'était pas la diplomatie qui régnait entre nous. Juste la vérité. « J'ai cru cette fille... Mais j'avais tellement peur. C'est comme si je t'avais laissé. Je t'ai hurlé dessus alors que je n'avais pas le droit de le faire. Alors me dit pas d'arrêter. Je sais ce que je dis Steele!» Je la fixai, l'air morose. Elle savait me faire changer d'émotion en un quart de seconde et je devais avouer que la boisson ne m'aidait vraiment pas. Mais je n'étais pas encore en mode où j'allais détruire tout sur mon passage. Pas encore. Ce furent ses dernières paroles qui me firent devenir encore plus amer. « Ils l'ont tous su à l'instant où je suis revenu de ton bungalow, les larmes ruisselant sur mes joues. J'allais pas m'en vanter non plus. Et je t'ai jamais demander de te barrer et d'emmener Emy avec toi. Parce que c'est amusant de voir comment elle a disparu peu de temps après toi. Je suis pas con Steele.» Je fixai le buffet d'un air morose avant de poser mon regard sur elle à nouveau. Elle restait là pourquoi au juste si c'était pour me dire ce genre de chose? Alors que je l'avais supplier à genoux, enfin presque... C'était une belle connerie. « Si tu étais là, tu le saurais. Maintenant, écarte-toi, je vais boire.»

Je ne devais pas boire. Je savais que je ne devais pas boire. Je le savais trop bien. Mais ce n'était pas une excuse de ne pas faire ce que je faisais. Ce n'était pas une raison d'être comme j'étais. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Depuis que je l'avais reconnu, je pensais que tout était fini. Que toute cette souffrance, je n'en aurai plus. Que je retournai avec elle et que tout se passerait bien. Que toute l'angoisse, toute cette peur serait fini. Que je n'aurais plus à vivre tout ce que je venais de vivre. Que tout serait bien qui finirait bien. Mais non, je m'étais encore bercé d'illusion. Encore une fois. Elle ne me voulait plus. Je pouvais le ressentir dans ses mots. Elle ne voulait plus de moi. Elle me repoussait sans cesse. Limite si je me demandais si mon baiser, si on excluait l'odeur de l'alcool, ne l'avait pas dégoûté. Ce n'était pas pour rien que je voulais oublier. Je voulais oublier la déception que j'avais eu, que je venais d'avoir. Je voulais oublier le minuscule espoir que je venais d'avoir. Je voulais tout oublier. Effacer. Je ne voulais plus l'aimer pour que ça cesse de nous faire du mal. Mais je savais ce qu'elle était.... Elle était mon âme soeur. Celle que je devais aimer pour le rester de mes jours. Celle qui avait mon coeur et quand bien même je voulais oublier, je ne pouvais pas... Tout simplement pas. « Laisse tomber Steele. Tu te fatigues pour rien, j'en vaux pas la peine, tu me le fais bien comprendre. Et oui, je me suis cassé sans rien dire à personne parce que j'avais besoin de réfléchir.» Ça sentait tellement le reproche à plein nez, c'était pas croyable, j'en revenais juste pas. Et moi, je devais faire face à tout ça. Comme c'état charmant. « Qu'est-ce que ça peut bien faire que je boive? Tu me repousses Lily? Tu me fais comprendre que tu ne veux plus de moi alors que je rampe à genoux devant toi. Oui ça me change, mais y'a que ce satané truc pour me faire oublier que j'avais de l'espoir quand je t'ai reconnu. Il faut que je te dise quoi de plus que je suis désolé et que je veux te ravoir? Que je suis fou amoureux et que ça ne changera jamais? Que j'ai fait une erreur? J'ai plus envie de ramper devant toi. Plus du tout. Et le seul moyen d'oublier la douleur, c'est de m'abrutir. Il est sympa hein ton Grey? »

Son interlocuteur disait que si Lily n’avait pas repoussé le garçon qui venait de l’embrasser, c’est que tout allait bien. Pour le coup, Emy n’aurait su comment il avait fait, mais ces simples paroles l’avaient rassurée. Au moins un peu. Parce que bon, sa Rosie, c’était sa Rosie hein, alors si elle LUI FAISAIT SIGNE QUE CA ALLAIT PAS, Emy allait répliquer direct. C’était inscrit dans la charte des amis ça, hein. Qu’il ajoute ensuite qu’il viendrait l’aider la fit tiquer. La jeune fille leva les yeux jusqu’à lui, se rendant alors compte qu’elle avait encore tourné la tête vers Lily, et ne cacha pas sa surprise. « Vous m’aideriez ? Mais… Pourquoi ? » Sincèrement interloquée. « Je peux me débrouiller toute seule, hein. » Il ne fallait pas qu’il croie qu’elle était une empotée, une incapable. Et ça lui tenait à cœur. Emy savait qu’on pouvait la prendre pour une faible, mais elle s’était quasiment toujours débrouillée pour survivre, et elle comptait bien continuer ainsi, sans jamais d’aide à qui que ce soit.

Reprenant la danse un instant, très concentrée à ce qu’il fallait faire. Emy continuerait à jeter des coups d’œil à son amie qui parlait toujours avec le garçon, mais elle pouvait profiter oui. Comme il venait de le dire. C’était encore dans ses cordes, même si elle ne savait pas danser. Il semblait un peu mener le moment, mais ça ne la dérangeait pas, surtout alors qu’elle n’y connaissait rien. Emy lui fit un petit sourire. « Oui, j’ai un tatouage en forme d’ailes. Je pourrais te le montrer si tu veux. » Dit avec une innocence sincère, sans s’imaginer que ça pouvait porter à confusion.

Je détestais être gênée. Encore moins en étant habillée de la sorte, presque vulnérable, et alors que mon masque aurait dû me protéger un tant soit peu, j’avais bien compris que ce n’était absolument pas le cas, face à cette personne qui semblait bien me connaitre. C’était étonnant d’ailleurs, parce que le peu de romains qui pouvaient s’octroyer le droit de dire cela ne ressemblait pas à mon interlocuteur. Thomas, Reyna, l’ancienne Cameron, mais sinon… J’avais un peu de mal à discerner mon vis-à-vis. Un garçon aussi… Hum – je sentis mes joues rougir encore un peu plus à mes pensées – je n’en connaissais pas beaucoup. L’idée qu’il puisse s’agir de Liam me traversa encore l’esprit. Après tout, il lui ressemblait, autant dans le physique que dans le mental, mais je ne comprenais pas pourquoi Liam resterait en ma compagnie. Je déglutis difficilement à son compliment, mais ce fut bien pire encore lorsqu’il évoqua ma façon de le reluquer. « Je… Je cherchais juste à reconnaitre votre physique… » Ma voix s’étouffa d’elle-même à la fin de ma phrase. Parce qu’il fallait bien reconnaitre que je n’avais pas été très discrète, non plus. « Je vous prie de m’excuser, ce n’était pas correcte de ma part. » C’était vrai, et ce n’était pas du tout des manières respectables. Lorsqu’il poursuivit ses réponses en évoquant mon sérieux, et ma compagnie, je restais presque sans voix. Je mis un léger temps avant de lui répondre. « Ma… Compagnie vous est agréable ? » Comme si cela était proprement impossible.

Elle devait retrouver son frère. Tout ce qu’il éprouvait… Bon sang, c’était trop. Que se passait-il donc ? Distraitement, elle répondit à Wyatt, sans vraiment avoir percuté qu’il l’avait suivi. « Rembarrer ? C’est moi qui t’ai embrassé la joue. » Hey, c’était vrai. Le bisou, c’était elle qui le lui avait offert. Hum, en tout bien, tout honneur évidemment. Son regard était braqué sur Matthew qui venait d’embrasser une fille, ce qui lui fit froncer les sourcils. Et puis, Wyatt lâcha sa bombe et elle écarquilla les yeux. « Hein ? » Se tournant vers lui, une expression surprise sur le visage, elle ne croyait pas en ce qu’elle venait d’entendre. « Moi ? » Haussant un sourcil qui se traduisait aisément par un, « qu’est-ce que tu racontes ? », la demoiselle ne le quittait pas des yeux, sincèrement interloquée par ses propos. « Avec toutes les filles qui tournent autour de toi ? »

C’était fou, comme irréaliste ce qu’il venait de lui sortir. Alors, elle sourit, amusée. Se détendant. Prenant ça à la rigolade. « Je vois… Tu fais encore ton beau-parleur, c’est ça, hein ? » Comprenant enfin son jeu, elle se détendit imperceptiblement, suffisamment tout du moins pour ne plus bloquer les émotions de Matthew et se prendre de plein fouet toute l’horreur qu’il ressentait alors. Charlie venait à peine de prendre la coupe que le fils d’Hermès lui avait tendue lorsque cela arriva. Elle eut juste le temps de la poser sur une table avant de vaciller. « Wyatt… » Trop… Trop de sentiments. Elle croisa le regard du garçon, qui put lire la panique dans les siens, avant qu’elle se trébuche sur lui. Elle le sentit la rattraper et n’eut plus la force que de murmurer : « Ça va être difficile de m’enlever à toi, là… De l’air… S’il te plait. » Charlie détestait la foule, et encore plus se donner en spectacle. Mais à force de dormir si peu, et si mal, elle n’était plus aussi forte qu’autrefois. Le plus important était que Matthew ne remarque rien, alors elle se força à penser aux bras de Wyatt, fermes et forts, qui la tenaient de manière rassurante. Rien de négatif, pour que son frangin ne comprenne rien de son état. Pour les spectateurs autour d’eux, cela ressemblait juste à une fille un peu saoule qui s’écroule plus qu’elle ne danse, dans les bras de son cavalier.

Je trouvais ça étrange qu'elle ne m'ait toujours pas reconnu. Je pensais que j'avais un style bien à moi. J'avais un physique aussi bien à moi et ça ne voulait pas dire pour autant que même avec ce que je portais, j'en devenais méconnaissable. Non, je trouvais ça étrange qu'elle ne sache toujours pas qui était sous mon masque surtout avec tout l'excentricité que je pouvais faire preuve. Il y en avait juste un moi. Il y avait juste un Liam alors pourquoi elle ne l'avait pas reconnu? Oui, je jouais un personnage, j'adorais me prendre pour un autre. J'adorais être autre chose que ce petit garçon que je pensais être... Que cet homme qui pensait et agissait comme un enfant. Comme un homme qui n'avait pas eu la chance de grandir. J'avais pas eu ce droit comme tout le monde. C'était ça qui m'attirait chez Kathleen. Elle avait mon opposé. Elle était trop sérieuse où moi je ne l'étais pas du tout. Et c'était ça que je trouvais magnifique. En plus d'elle bien entendu. C'était ça que j'adorais. Parce que je tentais quand même de la comprendre. J'étais peut-être pas le mec le plus brillant du monde, mais quand je me mettais à réfléchir, bah je pouvais comprendre des choses et suite à ça, je me sentais réellement intelligent et brillant. Mais ça, ça n'arrivait qu'une fois par an. Et c'était aujourd'hui. Alors quoi les amis? C'était un gentil garçon ou pas? C'était ça la question. Enfin, je me foutais peut-être un peu d'elle, mais c'était pas dans le but d'être méchant. Juste de m'amuser. Et puis, ça me permettait de la draguer sous le couvert d'un anonymat qui se perçait facilement si on y pensait... On pouvait percer de l'anonymat? Avec une perceuse? J'espérais qu'elle en avait pas une sur elle parce que j'avais pas envie de finir la soirée en mode gruyère.

« Je le sais bien, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vous taquiner. Ne vous en faites pas, je ne vous en veux pas le moindre du monde, très chère.» Au contraire, j'adorais le fait qu'elle pose ses yeux sur moi comme ça. Ça me donnait l'impression qu'elle aimait bien ce qu'elle voyait et que ça lui plaisait. Après, j'avais un physique de dieu, elle ne l'avait juste pas encore remarqué, mais ça allait se faire à un moment où à un autre. Ça j'en était certain. Ça allait se faire. Vraiment se faire... Du moins, j'avais espoir? «Je ne suis pas très regardant sur les manières et vous savez, ça me fait un honneur que vous me regardez de la sorte, ma chère.» Je terminai mon verre et allait en chercher un autre rapidement, je savais que je l'avais troublé avec ce que je venais de dire et je lui laissais le temps d'assimiler la vérité avant de répondre avec un sourire charmeur. «Très agréable même. J'espère pour ma part que je ne vous ennuis pas trop.»

Je n'avais pas entièrement son attention et c'était normal compte tenu de la situation. Si j'avais bien compris, un mec tournait autour de son amie et ça ne lui plaisait pas du tout et d'autant plus, elle ne savait pas comment réagir. Elle était en droit de faire ce qu'elle voulait bien sûr, mais ce n'était pas pour autant que cette blonde n'était pas en mesure de ne pas être capable de réagir. Malgré que j'avais vu l'homme boire beaucoup avant d'entamer la conversation, c'était pour ça que je lui avais proposé mon aide et c'était pour ça que je pouffai doucement lorsqu'elle me regarda sans comprendre pourquoi je lui avais dit ça.« Un homme sous les affres de la boisson peut devenir incontrôlable. Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Voilà pourquoi. Je sais que tu es certainement capable de te débrouiller seule, mais on ne sait pas de quoi il est capable et parfois, la vue d'un autre homme, ça peut calmer ses ardeurs de violence.» Je voulais qu'elle profite de cette soirée et qu'elle arrête de penser à tout et surtout qu'elle n'ait rien. Je n'avais rien moi. Je ne pouvais pas me fier sur mes amis, je n'en avais pas. Du coup, parce qu'elle représentait ce que je n'avais jamais été, je voulais que tout soit parfait pour elle. Et j'allais tout faire pour que ce le soit. Je fronçais délicatement les sourcils lorsqu'elle me parla de me montrer son tatouage et refusai d'un signe de tête poli. « Nullement n'est mon intention que tu te promènes sans ta robe devant tout ce monde.» Même si j'avais bien eu envie de le voir ce fameux tatouage.

Pourquoi pensais-je encore à Liam ? Déjà au début, et maintenant là. Je devais arrêter d’avoir ce garçon dans mes pensées. Le fait déjà de ne pouvoir le regarder en face – pas que je le faisais beaucoup d’ailleurs – lorsqu’il se mettait torse nu dans l’infirmerie, c’était déjà quelque chose qui me rendait faible et qui me pénalisait totalement face à lui. Il ne savait pas le pouvoir qu’il avait sur moi, et j’en étais totalement soulagée, parce que s’il l’apprenait, si jamais, il réussissait à lire dans mes pensées, c’en serait fini de moi et de ma santé mentale. J’e avais parfaitement conscience. Alors oui, je préférais imaginer quelque part, que ce n’était pas lui. C’était plus prudent en un sens. « Me taquiner serait-il donc un jeu pour vous, hum ? » Liam ? Bon dieu, j’en étais convaincue dans un coin de mon être, mais je ne pouvais pas me permettre de laisser cela se faire. Alors, j’allais continuer à faire semblant d’être face à un inconnu pour moi, et les choses rentreraient dans l’ordre, comme si de rien n’était. Mais ce serait difficile. Je ne suis pas aussi bonne comédienne que lui. Le mieux serait encore de rester froide, et sérieuse. C’est ce que je savais faire de meilleur de toute façon. Donc, je gardais une posture droite et une expression à la fois polie et respectueuse.

« Je tenterais de ne plus réitérer cela, mais votre corps prête à l’observation. De toutes les femmes présentes ici, j’en ai peur. » Par Jupiter, que cela était difficile. Je jouais avec le feu, et j’en avais parfaitement conscience. Mais taquiner Liam à son tour était bien trop tentant pour que je passe à côté de cette occasion en or. Surtout qu’il fallait que je parvienne à calmer ma gène, celle parce que je l’avais justement regardé, celle, parce que je me retenais de le regarder, et celle parce que mes propos étaient vraiment particuliers. « Pas le moins du monde, monsieur. »

Elle acquiesça distraitement à ses dires, tout en l’écoutant vraiment. Alors, le garçon était saoul ? Est-ce qu’il pourrait faire du mal à sa Lily ? Emy se mordit la lèvre inférieure, tout en dansant avec son cavalier du moment, pour se calmer et ne pas paniquer. Parce qu’il était hors de question qu’on touche à son amie, et à son bébé, celui dont elle serait la marraine. Elle avait promis de protéger Lily de sa vie, et c’est ce qu’elle ferait. Personne ne se mettrait en travers de son chemin. Si elle avait quitté la colonie, c’était pour retrouver sa Rosie, et ce n’était pas sans raison. Et à présent qu’elle l’avait retrouvé, elle ferait en sorte que tout aille bien pour elle. Pour cela qu’elle avait pris un boulot de serveuse, parce qu’à deux, il y avait bien plus de dépenses. Et parce qu’elle voulait que Lily soit heureuse. Oh, elle espérait que Matthew et elle, se remettent vite ensemble, parce qu’elle avait parfaitement conscience que c’est ce qu’il fallait à Lily pour qu’elle soit pleinement heureuse, mais pour le moment, les choses semblaient toujours être compliquées de ce côté-là. « Je pourrais toujours l’assommer à coup de petits fours. Il serait tellement surpris qu’il en tomberait à la renverse. » Elle lui fit un grand sourire, prouvant par là qu’elle savait très bien qu’elle racontait n’importe quoi, et poursuivit sur un ton plus léger. « Ne vous inquiétez pas, je saurais me débrouiller. Et je ne veux pas qu’il vous arrive quelque chose, par ma faute. Mais c’est gentil (a) »

Ils dansèrent encore un peu, et il lui répondit sur son tatouage. Emy ne put s’empêcher d’éclater d’un rire franc, qu’elle voulut néanmoins plus discret en cette soirée bien habillée. Pas sa faute si elle avait le rire facile. Les yeux pétillants, elle gardait le sourire. « Ne vous inquiétez pas, il suffit d’aller dans un coin, et de baisser les bretelles de ma robe. Vous le verrez en grande partie. » Il n’y avait toujours pas de sous-entendu pour elle, parce qu’elle n’y voyait rien de ce genre, parce qu’elle ne pensait pas comme ça, et parce qu’elle faisait confiance d’une certaine façon.

Peut-être que je voulais trop en faire. Peut-être que je faisais des choses qui ne me regardaient pas. Mais avoir l'habitude de tout contrôler, bah ça ne se retire pas d'un coup. Il faut la travailler pendant des années et j'étais un homme qui contrôlai depuis son plus jeune âge. Ce qui fait que j'avais l'habitude de tout savoir, de tout déduire d'un simple petit coup d'oeil. De tout voir et de tout percevoir. J'étais un genre de mine d'informations. Et je devais faire attention parce que je pouvais bien être observateur, mais ça ne voulait pas dire que j'avais le droit de tout dire et de tout faire. Ce que j'avais oublié avec cette fille et ce que je lui proposais. Ce n'était pas techniquement correct. Pas vraiment et je le savais. Je pouvais certes, vouloir faire preuve de bon coeur, mais ça ne voulait pas dire que je devais pour autant agir comme un con et faire tout ce qui me plaisait de faire parce que je pouvais avoir vu le mec boire, les agissements de celui-ci du coin de l'oeil. Je n'avais pas ce droit et je me devais d'arrêter tout de suite. Ce n'était pas rien. Ce n'était pas quelque chose que je devais faire... Non, je n'avais pas le droit et je le prenais. Ce n'était pas une chose que je voulais faire... Même si je voulais rendre cette fille dont je ne connaissais même pas le nom, heureuse. « Une attaque aux petits fours? C'est original, mais qu'arrive-t-il si je voulais manger ces petits fours?» Je lui souris d'un air amusé, l'écoutant parler avant de rajouter sur ses propos que je savais véridique. « Je suis parfaitement conscient que tu es en mesure de te débrouiller. Mais j'aimerais mieux que ton premier bal se passe à la perfection. J'en ai eu plusieurs étant adolescent et le premier reste toujours magique.» Une fois la musique terminée, je la relâchai et lui adressai un sourire poli à propos de ce qu'elle venait de me dire sur son tatouage. « Je doute que ton amie voudra te laisser faire... Elle ne te quitte pas vraiment des yeux. Je suppose qu'elle craint que je te fasse quelque chose. Ce fut un plaisir ma chère.» Je lui attrapai la main et lui fit un baisemain. Notre temps était écoulé.. À moins qu'elle ne veuille danser à nouveau.

Qui aurait penser que la jeune femme stricte et droite qu'était Kathleen avait des préférences en matière d'homme. Je ne pensais pas que ce serait le cas et que je serais celui qu'elle reluquerait, oui je sais bien ,ça fait deux fois que je le pense, mais il fallait bien que je fasse une pseudo-attaque devant ça parce que je n'en revenais pas. Je ne pensais pas qu'elle soit en mesure d'éprouver.. est-ce que l'on pouvait dire que c'était de l'attirance? Est-ce que l'on pouvait dire que c'était ça? Elle qui ne me regardait jamais lorsqu'elle me soignait, surtout le torse, allez savoir pourquoi, je me blessai souvent dans les environs de là.. C'était pas voulu je le dis d'avance, ce n'était pas du tout pour qu'elle regarde et pour la faire craquer. Mais de toute façon, elle regardait jamais, j'avais l'impression que de voir une vraie pièce d'homme pour elle la gênait. Ce qui pouvait être tout à fait possible, mais savoir que je la gênais moi... je ne savais pas trop, ça me faisait drôle et bizarre à la fois. Parce que bon, je n'étais pas celui qui était le plus musclé et le plus imposant, mais je la gênais. Ça venait à me demander si elle ne ressentait pas un truc pour moi ou quelque chose du genre. Et me voilà partit dans les imitations de roman à l'eau de rose. QUOI? Je suis pas un romantique, je suis juste un... rooh et puis merde à la fin... j'ai pas à me justifier

« Il ne s'agit pas d'un jeu, mais d'un mode de vie ma chère. Le rire étant la meilleure des médecines, vous devriez le savoir.» Je lui adressai mon plus beau sourire avant de poser ma coupe, vide sur une table non loin et de me placer devant elle, la regardant sans ciller. Toujours souriant. «Je n'en ai que faire de toutes les femmes ici présentes puisque je vous ai vous.» Ma cible, c'était elle. Depuis des lustres et je ne voulais pas d'autres personnes. Pour le moment, j'avais les yeux rivés sur elle et que sur elle. Un rire m'échappa alors qu'elle utilisait le monsieur et moi, sans lui demander sa permission, j'attrapai sa main et l'attirai contre moi. Pourquoi? Simplement parce que je voulais la faire tournoyer une fois, pour dire que je l'avais eu dans mes bras. « Je vous ai vu danser avec un jeune homme tout à l'heure, serait-il possible de réitérer l'expérience avec un homme de votre âge?» J'attendais de voir encore. Je dévoilais ce que j'étais.. Et bon, l'aura de la fête... ça faisait son charme non?

Quelque chose se passait. Mais dire exactement de quoi il s’agissait, alors là, j’en étais bien incapable. C’était dans l’air, dans ses yeux, et dans cette robe que je portais. Je n’avais pas eu l’occasion d’en mettre depuis maintenant, bien longtemps, mais je savais encore marcher avec. Comme quoi, maman m’avait tout de même appris quelque chose. Elle me disait souvent que j’étais gracieuse, mais en tant que danseuse, cela semblait normal, non ? Maintenant que je ne dansais plus, j’avais l’impression d’avoir tout perdu de ce côté-là. Que tout ce qui avait été féminin chez moi à l’époque avait disparu pour ne laisser place qu’au soldat médecin. Qu’il me regarde ainsi, comme si j’étais autre chose qu’une romaine, comme si j’étais une femme, cela me rendait étrange. Parce que j’aurais dû avoir peur, parce que je savais quelque part que si ça avait été une autre personne, j’aurais justement eu peur. Mais je savais, j’étais convaincue à présent qu’il s’agissait de Liam. Et ce garçon ne me faisait pas peur. Enfin, pas dans ce sens-là. Parce que malheureusement, je ne savais pas comment il s’y prenait, mais il me faisait ressentir des choses que je n’aurais jamais dû ressentir. C’était désagréable de n’avoir aucune maitrise là-dessus. Je n’étais pas habituée à ce genre de cas de figures.

Par ses propos, il confirmait qu’il me savait médecin. Ah, il devait bien s’amuser à penser que je ne l’avais pas reconnu. L’idée de continuer ainsi s’insinua encore une fois dans mon esprit, et je choisis d’abonder en ce sens. Ce serait drôle. J’acquiesçais à ses propos. « Oui, j’en sais quelque chose. » Il s’approcha de moi, et je ne ressentis pas le besoin de reculer cette fois. Mes yeux étaient sur son front, mais je n’avais pas peur. Je discernais son sourire, mais je ne voulais pas me concentrer sur ses lèvres, juste l’écouter encore un peu, avant qu’il n’aille vagabonder auprès d’une autre fille. Et je pensais justement à cela lorsqu’il brisa mon idée, en affirmant qu’il préférait rester auprès de moi. Etrange comme mon cœur se para d’une chaleur rassurante tout à coup. L’espace d’un instant, je fus troublée par cette sensation, et je ne sus très bien comment il me fallait réagir.

Je poussais un petit cri lorsqu’il me prit la main et me fit tournoyer d’un coup, pour me retrouver encore plus proche. Je pouvais aisément sentir son parfum à présent, et je fermais les yeux, juste un court instant pour m’en enivrer. Chose que je n’aurais pas dû faire. Déglutissant, je rouvris les yeux, m’exhortant au calme. J’étais romaine bon sang, je devais savoir garder le contrôle de moi-même. « Dan… Danser ? » Je tournais la tête vers la piste de danse, y voyant quelques personnes qui virevoltaient. « Je… Je ne sais pas danser. » C’était faux, totalement faux, mais je me voyais mal me glisser parmi toutes ces personnes et bouger en rythme avec mon partenaire. Cela faisait trop longtemps maintenant… Un voile de tristesse passa sur mon regard, et je reculais d’un pas. « Je… Je dois surveiller la soirée. » J’ajoutais précipitamment : « Pour que tout se passe bien. Vous comprenez ? » Je suis désolée Liam, pardonne moi.