Mais pourquoi m'en faire ? La rue, j'connais. [Ft. Penny]

Cheveux blancs ou cheveux roses… Hum, difficile à décider ce qu’elle aimait le moins. Le blanc signifierait qu’elle est vieille, et bon sang, ce n’était pas du tout le cas. Encore heureux. Mais le rose… Ca faisait quand même beaucoup trop fille. Bon, okay, parait qu’elle était également une fille, mais cela n’était qu’un détail. Evidemment, si on cherchait le pire, les gens viseraient probablement le vert, mais Emy aimait beaucoup cette couleur, alors non, ça ne fonctionnait pas. Du bleu ? Mais naaaaaan, c’est trop joli le bleu. Et tout en réfléchissant intensément à la pire couleur qu’il puisse exister – et promis, Emy a beaaaucoup d’imagination – la demoiselle marchait tranquillement, de son fameux pas sautillant pour rejoindre le feu de camp. Il n’était pas l’heure de manger, ou alors pour un dessert tardif vu qu’il était bientôt 15h, mais la jeune fille y allait pour une bonne raison. En particulier, pour ce qu’elle tenait entre ses mains. Un sachet de pop-corn. Le saint graal quoi. Cela faisait si longtemps qu’elle n’en avait pas mangé qu’elle salivait à l’avance. Et là, ô miracle, elle avait réussi à en dénicher un. Lui demander pas comment, parce que tout le monde sait que les enfants d’Hermès ont leurs petits secrets ainsi que leurs petites combines, oh et des petits secrets concernant leurs petites combines, héhé. Du coup, la demoiselle avait associé deux et deux, et maintenant, elle avait dans l’idée de regarder un film. N’importe quoi, tant que ce n’était pas un film d’horreur. Du coup, ses pauvres méninges avaient été mis à mal, pour essayer de trouver une solution à sa situation. Déjà, première étape : trouver Chiron. Okay, ça semblait un peu étrange comme ça, parce qu’en général, les demi-dieux vont pas trop le voir. C’est plutôt lui qui se ramène avec des missions, des quêtes et surtout des jeux plus loufoques les uns que les autres. Emy aimait beaucoup Chiron. C’était lui qui l’avait accueilli à la colonie lorsqu’elle avait débarqué trois ans auparavant, et qui lui avait expliqué ce qu’elle était. Emy avait beaucoup parlé, notamment pour poser d’innombrables questions sur les créatures, les dieux et tout ça. En même temps, c’est complètement dingue comme monde ! Y avait plein de trucs à savoir ! Et elle, elle débarquait comme ça, sans n’avoir aucune connaissance là-dessus. Le pseudo papa Hermès s’était manifesté et l’avait reconnu, et pouf, la gamine se retrouvait avec plein de frères et sœurs. Assez chelou comme début dans le bazar mythologique. Maintenant Emy était suffisamment calée pour ne pas être trop surprise. Ou un peu moins. Ou juste ce qu’il faut. Bref, elle s’extasiait encore sur tout ce qu’elle croisait. Mais chut, c'est un secret.

Du coup, revenons à nos moutons. Le pop-corn. Un drôle de mouton, certes, mais un mouton vraaaaaiment délicieux. Elle en salivait déjà, et cela ne s’amenuisa guère à l’approche du lieu où les demi-dieux ont l’habitude de manger. Approchant de plus en plus, elle remarqua rapidement la présence d’une jeune fille seule à sa table. Esquissant un « oh » discret, Emy hésita. Que faisait Peneloppe ici toute seule ? Oui, bien sûr qu’elle connaissait son prénom ! En même temps, c’était pas trop dur à la colonie, quand on y vit h24. Emy avait parfois – souvent – des problèmes de mémoire mais elle faisait de son mieux. Et Penny – oui, plus court, donc plus pratique – était la fille du Vent. C’est pas troooop cool, ça ? Quand la gamine l’avait entendu de la bouche d’elle ne sait plus qui, elle avait trouvé ça génial. Carrément incroyable, quoi. Et ce fut cette pensée qui attira un sourire sur ses lèvres alors qu’elle se glissait devant la jeune fille, sans s’asseoir, juste en restant debout face à elle.

« Hey Penny ! On peut t’appeler Penny ? Je t’ai jamais demandé. Dis, tu fais quoi ici ? Tu veux manger du pop-corn avec moi ? » La fille d’Hermès regarda autour d’elle rapidement. « Remarque, je sais pas s’il y a un micro-ondes ici. Ou une casserole. Rooooh, s’il faut que je trouve une casserole, avec ma chance, je vais me brûler. » Elle tourna de nouveau le visage vers la demoiselle, en lui souriant avec sincérité et candeur. « Tu sais que le rayon de soleil qui vient de se poser sur ton visage le rend encore plus beau ? Il éclaircit tes cheveux aussi. »

A sa question, Emy esquissa un sourire plus grand, où s’était glissée une pointe de malice. Elle ne la dissimulait pas, laissant ses expressions clairement lisibles sur son visage. Penny avait été franche et c’était agréable, loin d’être offusquant en fait. Du coup, la gamine n’eut aucun mal à lui répondre, se permettant de dire ce qu’elle pensait si la jeune fille faisait de même. Oui bon, il est vrai qu’elle aurait été tout autant franche également malgré cela, hein. « En général, c’est pire quand j’ai le droit à du sucre. Parait qu’il faudrait m’empêcher d’en prendre. » Son rictus se fit encore plus malin quand elle offrit un clin d’œil à Penny avant d’ajouter quelques mots sur un ton conspirateur : « Mais tu sais quoi ? Le jour où on pourra m’empêcher de manger du chocolat n’est pas venu. » Hey, faut pas abuser non plus. Chacun a ses petits travers et Emy était gourmande. Okay, elle avait déjà vu un nombre incalculable de filles capables de ne manger que des légumes, et ben, ce n’était pas son cas. Mais alors pas du tout. Elle laissait les machins verts qui poussent dans les arbres ou dans la terre, aux lapins. Elle, elle aimait les gâteaux, et la glace à la vanille avec du coulis au chocolat chaud. Parce que c’était trop bon, tout simplement. Et que ça rendait heureux. En fait, Emy avait l’idée cachée que si on donnait un chocolat chaud bien onctueux à tous les partisans, ils seraient heureux eux aussi, et ne voudraient plus taper les demi-dieux grecs. Ô Innocence, quand tu nous tiens.

Emy finit par s’asseoir sur le banc face à la demoiselle, puisque celle-ci ne semblait pas l’envoyer bouler trop sèchement. On verrait bien par la suite, hein. C’était pas dit que Penny finisse par vouloir l’étrangler, héhé. Lorsqu’elle observa un sourire se dessiner sur les lèvres de la demoiselle, Emy sentit une chaleur bienveillante naître dans son corps. Elle n’aimait pas que les gens soient tristes, et Penny semblait réellement pensive. Est-ce qu’elle pensait à ceux au-dehors du camp ? A sa famille, ses amis ? Il est vrai qu’elle n’était pas là depuis longtemps, et que du coup, Emy n’avait pas eu le temps de lui taper véritablement la discute. Mais elle se promit, en cet instant, de réparer cette erreur. Posant le sachant sur la table de bois, avant de poser son menton sur ses deux mains qu’elle avait croisé devant elle. « Et bien… Il faudrait déjà qu’on trouve un moyen de le cuire. » Elle fit la moue, en comprenant qu’il n’y avait qu’un feu de camp ici, qui servait à offrir les offrandes à leurs parents ainsi qu’à Hestia, la déesse du foyer. Les pensionnaires mangeaient ici, mais le repas était toujours prêt alors bon… Où aller ? Dans la cuisine de Chiron ? Emy la connaissait bien – oui, bon, chut – et pourrait se charger de faire cuire le pop-corn là-bas. Mais elle préférait rester un peu avec Penny. Et puis, qui sait ? La jeune fille voudrait peut-être l’accompagner, hum ?

« Emy ! Appelle moi Emy ! Ou lutin, ou machin, ou mini pouce, comme tu veux. »

Ouais, elle n’était pas vraiment rancunière ni susceptible. Pour de rares choses peut-être mais pas avec un surnom. Enfin sauf s’il était vraaaaaaiment méchant quoi. Mais on ne lui avait jamais fait le coup, pour l’instant. Et elle espérait que les gens continuent ainsi, malgré son habitude de sautiller partout, en se montrant un peu agaçante pour certains. Mais en même temps… Si elle n’avait pas de surnom désagréable, c’est bien que d’un côté, les autres filles et garçons ne la détestaient pas, non ? Bah, peu importe. Elle pouvait toujours éviter ceux qui ne l’aimaient pas. Suffisait juste qu’ils le lui disent, et elle les laisserait tranquille. La fille d’Hermès n’aimait effectivement pas déranger plus que ça, même si se forcer à rester calme n’était pas vraiment possible dans son cas. Bouger était dans sa nature, et sauter partout aussi. Du coup, elle allait bientôt voir si elle dérangeait Penny ou non. Question de temps.

Bon, elle devait bien avouer Emy, qu’elle était un peu – beaucoup – très nulle en cuisine. C’est pas que ça l’intéressait pas, mais elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de s’y intéresser. Passant son existence à vadrouiller avant ces trois dernières années, ben, ça ne l’avait pas vraiment formé aux arts magiques et incroyables de la popotte. Okay, elle savait lâcher le linge, parce qu’en même temps, quand tu en as pas beaucoup, tu te débrouilles pour qu’ils soient propres. Sinon, ça devient rapidement très compliqué de vivre en communauté. Mais pour ce qui était des secrets de poêles et de casseroles, nada. Niet. La gamine pourrait mourir de faim. Enfin bon, elle sait quand même éplucher une pomme, hein, faut pas abuser. Et peut-être faire cuire des pâtes. Mais avec sa chance, elle serait bien fichue de se brûler avec l’eau bouillante. Arf, en somme, la gamine mangeait des plats tous fais ou des trucs qui trainent. C’était encore ce qu’il y avait de moins compliqué. De moins dangereux pour sa santé également. Donc, elle était là, assise devant Penny, un sachet de pop-corn posé sur la table. Et Emy fixait ce dernier comme s’il recelait à la fois tout le bonheur du monde, et tout le mystère aussi. Quand elle parla de chocolat et de recettes le concernant, Emy dû se retenir de baver. Sa bouche était légèrement entrouverte, les yeux un peu dans le vague et elle ne quittait pas les lèvres de la jeune fille qui était en train de lui conter le paradis. « Chocolat… chaud… » Nan, retiens la bave, Emy. Tu vas lui faire peur.

« Je sais pas le faire comme ça… Mais bon sang, ça a l’air trop bon… » Est-ce que ça se voyait beaucoup qu’elle était accroc au choco, là ? (Choco, là… Héhé) Emy n’avait pas eu sa dose, donc ce n’était pas de sa faute. Non coupable votre honneur. Et la sensation des carrés qui fondent dans la bouche… Aaaaah, un vrai plaisir. « Arf, j’ai envie de chocolat maintenant… » La mine un peu triste parce qu’elle savait bien qu’elle n’en avait plus, la fille d’Hermès inspira profondément pour recharger sa batterie en bonne humeur. Fière de sa résolution de ne pas s’appesantir sur l’absence – trop nulle – de son pêché mignon, elle offrit un sourire pétillant à la demoiselle. Penny voulait bien l’aider. C’est donc qu’elle ne lui faisait pas tant peur que cela, non ? A moins qu’elle ne soit curieuse de goûter au pop-corn. Et si elle n’en avait jamais mangé ? Oh l’horreur ! Emy ne pouvait pas laisser passer ça. Penny était obligée de connaitre ce truc-là, foi de Mylie-Rose !

Emy. Elle avait choisi Emy finalement. Bah, c’était aussi bien, hein. Un peu parce que c’était son prénom en même temps. La fillette lui sourit, avant d’acquiescer, ravie de pouvoir l’appeler Penny. Apparemment cette dernière s’y connaissait un peu en baragouinage de cuistot et proposait de l’aider. Une moue de réflexion aux lèvres, la fille d’Hermès pesait le pour et le contre. Pour enfin se décider. Frappant des mains, elle déclara un « Viens avec moi, on va chez Chiron. » Il était toujours enclin à aider. Et comme elle l’avait dit plus haut, aller le voir avait été sa première étape. Justement pour savoir si elle pouvait utiliser son lecteur DVD. Mais bon, s’il avait dit oui pour ça, elle supposait qu’il serait d’accord pour qu’elle vadrouille dans sa cuisine. Et lui, devait bien avoir un micro-ondes. Les questions de Penny lui firent reporter son attention sur elle, et elle répondit sans attendre.

« Fille d’Hermès. Je suis là depuis trois ans Et toi, fille d’Eole, c’est ça ? Tu l’as déjà rencontré ? Tu peux te balader sur le vent ? T’as quel âge ? » Demanda-t-elle sans reprendre son souffle, alors qu’elle se levait, prête à rejoindre la maison.

L’espace d’un instant, Penny eu le regard dans le vide. Si Emy avait fait davantage attention, si elle s’était un peu plus concentrée sur la jeune fille au lieu de se remémorer ses paroles de cette façon, elle aurait pu s’en rendre compte. A la place, perdue dans ses propres pensées faites de parfums onctueux qui réconfortent les soirs de grand froid, elle n’avait rien grillé. Et c’était nul. Parce qu’Emy aurait voir. Elle aurait probablement lancé une blague à la noix pour la faire sourire, et déconcentrer ainsi son esprit malheureux. Enfin si c’était cela. Difficile à dire. Mais comme elle n’avait rien vu, encore une fois, elle était parfaitement inutile.

« Alice Cullen ? » Euh, c’est qui cette fille ? Emy fronça les sourcils avec intensité, passant en revue toutes les filles qu’elle avait crois éà la colonie, mais ce nom ne lui disait absolument rien. Ce qui la gênait un peu en fait, parce qu’elle en voulait pas décevoir Penny. « Je ne vois de qui… » Oh. Son visage s’éclaira soudain, et cela fut nettement visible qu’elle était repartie dans ses pensées. « Attends… Tu parles de la mini vampire dans le film, là ? » Oui, elle était accroc aux films, elle passait un temps incroyable à en visionner certains. Bon, comme dit plus haut, la gamine n’en avait plus vu autant depuis qu’elle avait rejoint la colonie, mais au moins, elle savait de quoi parlait Penny. OUI, ELLE AVAIT COMPRIS. Toute contente de ne pas être totalement à la ramasse, elle sentit un sourire tout fier éclairer son visage, alors qu’elle hochait la tête frénétiquement en direction de Penny. « Oui, oui, je vois de qui tu parles. Mais euh… Non, je… Je n’ai pas de liens avec elle. » En même temps, sachant qu’elle était un personnage de fiction, cela allait être difficile.

Quand Penny se montra curieuse au sujet de Chiron, Emy hocha encore une fois la tête positivement. « Oui, c’est la première personne que j’ai rencontré en arrivant. Je ne connaissais rien à ce monde. Il m’a tout expliqué. » C’était vrai. Avec son air calme et pédagogue, il avait su la mettre en confiance. Et ce n’était pas quelque chose de simple en vérité. Pas alors que vous avez passé votre existence à fuir. M’enfin, il ne s’agissait que d’un détail. A la place, la demoiselle marcha aux côtés de Penny, naviguant à travers la colonie pour rejoindre la maison de Chiron. Elle se demanda brièvement quel pouvait être l’avis de la jeune fille à sa droite quant au personnage que représentait le guide des demi-dieux grecs. Sans oser demander. Si Penny venait d’arriver, elle avait encore le temps de s’intéresser à tout ce qui l’entourait. Et se faire son propre commentaire. En même temps, Emy n’était pas du genre à essayer de convaincre qui que ce soit, bon, peut-être à part sur les bienfaits du chocolat, mais il s’agissait d’une autre histoire. Et quelque chose d’important, au passage, non mais ph. Enfin, là n’était pas la question. Avisant la façade la maison, Emy la montra d’un geste. « Peut-être qu’il y aura un micro-ondes. Parce qu’avec une casserole, je vais galérer. » Un peu curieuse quant au don énoncé, la fille d’Hermès demanda un peu plus d’explications. « Comment ça, faire apparaitre ? Genre, tu utilises le brouillard comme… Comme coffre-fort ? » Comment ça pourrait être cool de faire ça, n’empêche.

Les deux jeunes filles arrivèrent à la porte d’entrée, au moment où Penny répondait à la question sur son âge. Emy esquissa une petite moue gênée. « J’ai 19 ans, mais… Je ne connais pas ma date d’anniversaire exacte, désolée. » Elle était sincère, mais ne voulait pas s’épancher là-dessus, parce qu’elle s’en foutait, autant qu’elle ne voulait pas parler de sa vie avant la colonie. Entrant dans la maison un peu vieillotte, la demoiselle ajouta avant d’oublier. « Oh, et je peux voler ! » Toute joyeuse, parce qu’elle adoooooorait ça. Mais alors, elle ne pourrait jamais imaginer sa vie sans sa capacité spéciale. Passant des heures dans les airs, Emy aurait été capable de se passer de revenir si cela n’était pas tout simplement impossible. Bah, un jour, elle y parviendrait peut-être, qui sait. Avançant dans la maison avec connaissance, elle amena Penny jusqu’à la cuisine, son sachet à la main.

Et voilà qu’elle reparla de chocolat chaud Bon sang, si elle continuait, Emy n’allait plus la lâcher. Qu’elle parle encore et encore de nourriture, Emy serait là pour l’écouter, sans se déconcentrer. Au moins, voici une activité qui retenait sa pleine et entière collaboration. Faut dire que c’est assez rare, hein, mais ne nous penchons pas là-dessus, ou elle sentait que les anecdotes allaient fleurir comme pop-corn dans un micro-ondes. Ou dans une casserole, visiblement. Parce que oui, Penny avait ri en l’entendant. Elle avait ri ! Et ça, c’était cool. Emy sentit un sourire naître sur son visage en observant la petite blonde se mettre à rire, et acquiesça à ses propos concernant le chocolat et la casserole. Le souci, c’est qu’en cuisine, elle n’y connait rien. La fille d’Hermès est à peu près capable de faire cuire des pâtes, mais comme elle s’était déjà brûlée, et avec l’ustensile, et avec le four, et bien, on ne la laissait plus faire grand-chose. Et ce n’était pas plus mal. Après tout, outre les blessures occasionnées, elle aurait quand même pu faire cramer la colo. Et franchement, ce n’était absolument pas ce qu’elle voulait. Alors, oui, elle allait se tenir tranquille, ne plus bouger, et continuer à boire les paroles de la jeune fille. Sage ? Bien sûr qu’elle en était capable voyons ! D’ailleurs, elle écoutait Penny lui expliquer son pouvoir avec plus de détails. Haaan, trop cool ! Faire des formes avec le brouillard, nan mais ça décalque ta mémé, ça ! Bon du coup, évidemment, comme Emy se retenait de parler depuis un moment, histoire de laisser la jeune fille s’exprimer et répondre à toutes ses questions, elle commençait un peu à surchauffer là. Comme une cocotte-minute, qui va bientôt exploser sous la pression. Surtout que maintenant qu’elle connaissait le pouvoir de la demoiselle, elle avait envie de poser d’autres questions. Comme elle voulait être polie, Emy se mordit la lèvre inférieure, et alla s’asseoir sur une des chaises de la cuisine, pour pouvoir l’écouter encore.

Bon maintenant que Penny avait posé ses questions, Emy pouvait répondre. Pour se préparer, elle se massa les joues avec application, avant d’inspirer profondément, et de plonger son regard dans le sien. « Alooooors. Ah bah ça, tu peux être sûre que je ne suis pas morte. Mais alors pas du tout. Mais maintenant que tu en parles et qu’en me taisant, j’ai eu le temps de réfléchir au sujet, c’est vrai qu’on marche un peu de la même manière. Enfin bon, elle est bien plus jolie que moi. Pour le chocolat chaud, tu sais que je vais finir par t’épouser ? Je ne sais pas si j’ai le droit, après tout, tu as peut-être déjà un mari quelque part mais pour que tu continues à parler de choco, je veux bien faire ce que tu veux. Oh, et tu saurais faire cuire le pop-corn, alors ? » Elle s’arrêta brièvement, pour montrer l’emplacement des chauffes plats, avant de reprendre aussitôt. « Perso, je suis pas très douée en cuisine. Mais si je trouve des pompons, je pourrais sûrement te motiver et applaudir dans mes mains. Est-ce que ça t’aiderait ? Hum… » Elle fit une moue de réflexion, puis reprit. « Peut-être que ce serait dangereux en fait, parce que je risque de te déconcentrer. Alors, je vais plutôt te murmurer des encouragements. Les murmures, c’est cool, ça surprend pas les gens, donc pas d’accident. Pour ton pouvoir, alors là, j’ai plein de questions ! » D’un coup, elle sauta sur ses pieds, et s’éloigna de sa chaise pour faire des allées et venues dans la cuisine, tout en comptant sur ses doigts, à chaque fois qu’elle énumérait une interrogation. « Est-ce que tu dois avoir du brouillard autour de toi, ou est-ce que tu peux le créer ? Est-ce que tu es mouillée à cause du brouillard ? Est-ce que par exemple, si tu fais un petit chien, tu peux le faire parler ? Et un petit chien violet ? Genre, comme une peluche, mais en moins doux évidemment, parce que c’est quand même pas du coton, hein, est-ce que tu peux le faire ? » S’arrêtant de marcher, elle croisa le regard de Penny et se fit suuuuuuper sérieuse, parce qu’on parlait de petit chien quand même. « Attention, réfléchis bien avant de répondre. » Après tout, elle avait clairement passé le test – qui n’existe pas – sur le chocolat, alors il était important de savoir si elle pouvait faire des petits chiens à qui, évidemment, Emy pourrait faire des câlins. Puis, elle bailla un peu, et leva la main pour empêcher Penny de parler, parce qu’elle n’avait pas fini. Dès que sa mâchoire reprit sa place, la gamine rouvrit la bouche : « Hum, est-ce qu’on peut en choisir plusieurs ? Pour avoir plusieurs gâteaux ? Et est-ce qu’on peut rajouter, Noël, Tâques – Pâques – la Saint Valentin, la Saint Gidéon, et le jour où le Tardis a eu son 9ème docteur dans les fêtes ? Oh, et pour voler, j’ai des ailes. Je t’emmènerais si tu veux. » Aussi simple que ça.

Parfois, Emy peut dérouter. Pas vous faire sortir de la route, hein, mais plutôt vous donner le tournis. Enfin c’est ce qu’on lui a dit. Elle n’a jamais trop posé de questions là-dessus, mais comme elle n’avait pas eu le droit qu’à un seul témoignage à ce sujet, elle avait fini par croire qu’il y avait un fond de vérité, hein. Du coup, elle espérait un peu qu’avec toutes ses paroles, Penny n’allait pas prendre ses jambes à son cou. Pas seulement parce qu’elle voulait du pop-corn, ni parce que la jeune fille lui avait aussi parlé de gâteau au chocolat, mais également parce qu’elle l’aimait bien. Première fois qu’elles discutaient vraiment, mais avec la fille d’Hermès, en général, il n’y a pas besoin de plus. Déjà, elle part du principe innocent qu’il existe du bon en chaque personne, et qu’il suffit d’un peu de patience, et parfois d’ingéniosité pour le découvrir. Sans compter que le rire des gens est différent pour chaque personne, et que la fillette ne se lassera jamais d’écouter ce qui est un chant pour ses oreilles. D’ailleurs, elle aimait bien celui de Penny, et espérait pouvoir la faire rire encore, avant la fin de la journée. Du coup, après sa diatribe phénoménale – pour les autres, parce que pour elle, c’est quasi normal, héhé – elle se concentra entièrement sur la demoiselle, déjà pour être sûre qu’elle ne lui avait pas fait peur, et ensuite, pour connaître ses réponses. Il était important de savoir si elle pouvait faire des petits chiens, après tout.

Visiblement, non. Elle n’avait pas été choquée, ni perturbée, puisqu’elle était encore là. Mieux ! Elle répondait. Hé hé, pour être sincère, Emy préférait ça, hein. Elle se voyait mal lui courir après en criant des « n’aie pas peur ! » qui fout plus la trouille qu’autre chose, en fait. Du coup, un sourire vint étirer ses lèvres, quand la demoiselle reprit la parole, signifiant par là – oui oui, Emy aussi est capable d’analyser des choses – qu’elle appréciait un tant soit peu sa compagnie. La fille d’Eole évoqua la beauté d’Alice, chose à laquelle, la gamine ne sut trop quoi répondre, elle-même n’étant pas plus féminine que ça. En même temps, le t-shirt orange de la colonie n’est pas vraiment le summum de la mode, hein. Mais comme elle n’avait que très peu d’affaires, ça lui allait très bien. Au compliment de la jeune fille, elle se sentit rougir malgré elle. Ses joues chauffèrent un peu, signe qu’elles devaient avoir pris une teinte légèrement rosée, voire carrément rouge, au choix. De son côté, Penny semblait n’avoir aucune difficulté à évoluer au sein de la cuisine, cherchant un peu, fouillant à son aise, et dénichant ce dont elle avait apparemment besoin. Emy ne la quittait pas des yeux, comme une enfant qui retient tous les gestes des plus grands. Bon, elle n’était pas à proprement âgée de huit ans non plus, mais elle appréciait d’observer les gens bouger, et agir. Comme une danse au quotidien. Et Penny se débrouillait très bien. Elle lui souriait souvent, et cela avait quelque chose de sincère, de véritablement sincère, parce que dans ses yeux, une lueur se mettait à pétiller et embellissait son regard. Emy aimait ça. Bien qu’elle ne le dirait pas, enfin pas tout de suite. Là, elle ne voulait pas l’embêter pendant qu’elle se trouvait près des plaques de cuisson. Pour ça aussi, qu’elle l’avait laissé parler, et qu’elle-même se tenait bien sagement sur sa chaise, les mains placées sous ses cuisses pour ne pas risquer de les bouger.

« Hum… Je crois que tu t’es trouvée un mari, alors. » Le ton était à l’humour, et lorsque Penny lui jeta un coup d’œil, elle put l’apercevoir en train de tirer la langue joyeusement. « Par contre, ne compte pas sur moi pour couper le bois, ou rentrer le bétail, hein. Question de sécurité nationale. » Eeeet oui, Emy n’était pas quelqu’un de... Comment dire Disons juste que parfois – sans qu’elle le veuille, enfin pas toujours – il lui arrive des choses inexplicables. Elle s’était bien demandé si ça avait rapport avec son ascendant, avant d’abandonner, et de rire devant l’énième catastrophe. « Et pour les pompons, faut déjà que je trouve où Chiron range les siens ». Sur ce, elle accompagna son intervention d’un clin d’œil, n’imaginant pas du tout le centaure en train d’agiter des froufrous comme une pompomgirl américaine. Rien que l’image la fit pouffer.

« Pour le petit chien, s’il n’est pas violet, c’est pas grave hein » Oui, elle n’avait pas vraiment de couleur favorite, alors elle s’en fichait un peu. Elle trouvait juste que le violet, c’était mignon. Observant les gestes de la jeune fille, qui ramena bientôt le saladier de pop-corn sur la table, Emy lui offrit un regard pétillant. « Et pour le fait de ne pas avoir de mari, tu viens d’arriver, rien n’est dit hein. » Elle-même n’en cherchait pas. Elle trouvait les couples très… Sympathiques, mais sans plus. Grignotant le pop-corn, en poussant un gémissement de plaisir, elle remercia vivement la demoiselle pour son aide. Avant de revenir sur le sujet du gâteau chocolat. Très important, ne l’oublions pas. « J’aime tout… Il me semble. » Répondit-elle, pensive sur toutes les sortes de gâteaux auxquels elle avait eu le droit de goûter. « Tant qu’il est fait parce que tu en as envie, ça me va parfaitement. » Ce à quoi, elle ajouta un grand sourire sincère. Il fallait aussi que Penny s’amuse, sinon elle n’y voyait aucun intérêt. Pour ce qui était de ses ailes, elle porta les mains à son t-shirt et défit le bouton dans sa nuque, pour laisser les deux pans de son vêtement stylisé flotter sur le côté, et révéler ainsi un tatouage noir simple, partant de ses omoplates et représentant deux ailes fines. Emy se tourna pour que la demoiselle puisse l’observer, puis reprit sa première position en continuant à manger. « Il se transforme en aile quand je le veux. J’peux pas trop te montrer dans la cuisine, j’ai peur de casser quelque chose, mais dehors si tu veux »

Encore une fois, entendre Penny rire, ça faisait chanter le cœur d’Emy. Les yeux brillants de malice, elle observa la demoiselle qui se laissait aller devant elle, avec un petit sourire confiant. C’était tout simplement agréable de la voir se conduire avec une certaine tranquillité, trahissant le fait qu’elle était à l’aise. Comparé à l’expression qu’elle avait surpris sur son visage lorsqu’elle avait été se poster devant elle, au réfectoire, il n’y avait pas photo. Emy ne voulait pas revoir cette émotion sur le visage de la jeune fille, alors tant qu’elle ne se trouvait pas loin d’elle, elle allait tout faire pour l’en empêcher. Oh et continuer à manger du pop-corn, aussi. Ensemble. Parce que bon sang, comment il était bon là. Emy n’arrêtait pas de piocher dans le saladier, sans montrer signe de patience. Par contre, ce fut à son tour de laisser échapper un éclat de rire quant à sa plaisanterie. « Mais un mari peut apporter confort et sécurité, voyons. » Elle se redressa aussitôt, et imita un bodybuilder en train de prendre des poses de spectacle. « Regarde mes muscles. Tu te sens pas rassurée, là ? » Elle fit se tendre ses biceps le plus possible, alors qu’elle sentait la tension dans son ventre difficile à maintenir. Puis tout se dégonfla d’un coup, et elle reprit sa posture normale, le souffle court. Trop dur d’avoir des muscles en fait. Et elle préférait nettement manger du pop-corn, donc docilement, elle alla se rasseoir à sa place, ignorant totaaaaalement le ridicule de la situation. Pour elle, à dire vrai, c’était un comportement tout à fait normal, donc bon, elle ne semblait pas agir avec bizarrerie. Enfin, pas plus que ça.

Un petit chien. Comment ce serait trop bien. Et mignon. Peut-être qu’elle pourrait le toucher ? Ou est-ce que sa main traversait le brouillard, un peu comme une illusion ? Emy n’osa pas demander, de peur de finir par embêter Penny avec ses questions. Après tout, elle en avait déjà posé pas mal, et c’était la première fois qu’elles se parlaient vraiment. Mieux valait en garder pour plus tard, hein. Même si quelque chose – sa conscience peut-être ? – lui soufflait qu’elle trouverait toujours quelque chose à dire, ou à demander. Pas difficile, suffisait de se laisser aller. Et hop, tout devenait plus clair. La fille d’Hermès rendit son sourire à la demoiselle, alors que cette dernière la rejoignait à table. Emy savait que Penny tiendrait sa promesse, cela se lisait dans ses yeux. Elle n’était pas de ceux qui offrent des promesses à tout va sans jamais les tenir, elle le sentait au plus profond d’elle-même. Ou alors, elle allait se faire avoir. Hum, ça ne l’étonnerait pas outre mesure, habituée qu’elle était à croire les dires de ceux qui l’entouraient. Faire confiance… Elle en était capable, évidemment. Mais ses souvenirs restaient présents et contrairement à ce qu’elle laissait visible, elle n’était pas complètement idiote. Si, si, ça semble un peu incroyable à avaler, mais c’était vrai. Hey, affichez pas cet air surprise, ç’en est presque vexant, roooh.

Et on en revenait au sujet des gâteaux au chocolat. Probablement son sujet favori jusqu’alors. Et en plus, ce n’était même pas elle qui l’avait abordé en premier. Enfin, pas sûr. Euh non, à y réfléchir, c’était Penny, qui avait commencé avec les chocolats chauds, non ? « Une liste ? Tu sais en faire tant que ça ? » Elle était sincèrement étonnée là. Quand même, déjà cuisiner ! C’était juste woh pour elle. Mais savoir faire plein de trucs, en plus… Est-ce que Penny avait dû faire la cuisine chez elle ? Pour des frères et sœurs ? Ses parents ? Comment était sa famille pour qu’elle en arrive à cuisiner autant ? Sans compter qu’un gâteau au chocolat, en général, c’est pour une personne que l’on apprécie, donc, elle n’avait pas appris pour rien… Emy était un peu curieuse pour le coup. Et elle aurait bien posé d’autres questions, mais Penny s’était interrompue d’un coup, comme prise d’une idée soudaine. Et bon sang, elle s’était mise à énumérer les détails du gâteau…

Oh, my god. « Cho… Chocolat au lait… Crème pâtissière… Pâte au goût vanille… Chocolat craquant… » Emy avait littéralement bugué. Ses pensées étaient parties bieeeeen loin, et elle ne répondit pas tout de suite. Mais alors vraiment pas tout de suite, se laissant porter par son imagination, qui lui conférait des images magnifiques pleines de couleurs blanches et noires, avec des parfums… Mon dieu, de ces parfums qui font tourner la tête. Rêveuse, elle cligna des yeux, et reporta son attention sur Penny avec une certaine difficulté. « Hum… Tu… Tu sais faire ça ? » Azy, cette fille était un ange, c’est pas possible. Emy avait beaucoup de mal à penser à autre chose qu’à ce à quoi pourrait ressembler un gâteau décrit de cette manière. Elle dû mettre un paquet d’énergie pour réussir à se sortir de sa rêverie afin de répondre à la suite. Ses ailes ? Elle acquiesça aussitôt. Bien sûr qu’elle le pouvait, et ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Son tatouage n’était pas entièrement visible avec le t-shirt, puisqu’il descendait le long de ses omoplates, en deux ailes larges. De l’encre noire qui était apparue un jour sur sa peau. Et qui débutait juste avant les omoplates. Le bouton en haut de son vêtement suffisait donc à ce que les excroissances ailées puissent prendre vie. Evidemment, ce qui serait parfait, c’est qu’elle ait le dos nu, mais avant qu’on puisse voir Emy dans ce genre de tenue… Ah, ah. Une fois qu’elles eurent bien mangé, et discuter un peu, la plus jeune des deux offrit un large sourire à Penny et se leva. « On y va ? » Et sans attendre, riant un peu en même temps qu’elle pressait le pas, elle rejoignit l’extérieur. Une fois devant la maison, elle vérifia que le bouton était défait et se concentra brièvement. Les ailes ne tardèrent pas à apparaitre, faisant disparaitre le tatouage. D’une blancheur presque lumineuse, elles avaient tout du stéréotype, et s’élevaient derrière elle, immenses. Doucement, Emy les fit battre deux coups pour que Penny puisse voir leur fonctionnement. Un peu timide, parce qu’elle y tenait énormément, elle esquissa un petit sourire gêné. « Hum… Alors ? »

La voir rire aussi franchement… Emy en eut le souffle coupé. Ce qu’elle pouvait être belle Penny quand elle riait. Aussi belle qu’une dégustation de petits choux à la crème, bordés de sauce au chocolat. Un vrai délice pour les papilles. Même si en l'occurrence, là, c’était pour les yeux. Bah, elle ne pouvait pas non plus déguster Penny avec les yeux, hein. Ce serait franchement beurk comme idée. Et puis, elle ne léchait pas le visage des gens elle. Pas comme Lily avec Matthew. Même s’ils ne se mangeaient pas l’un l’autre, faut pas imaginer le pire non plus. Et ils n’étaient pas une tarte aux pommes, avec des éclats de nougatine au-dessus. Même si tous les deux sentaient bon. Emy l’avait déjà dit, mais Lily avait un parfum délicieux, dont elle ne se lassait absolument pas. Comme une jolie fleur. Penny aussi sentait bon, mais quelque chose de plus sucré, comme un bonbon un peu.

Et puis, elle parla d’elle, de sa vie, de certains de ses souvenirs, et Emy aima ça. C’était un peu comme une preuve que Penny se sentait à l’aise, non ? La fille d’Hermès enregistra chacune de ses paroles, l’observant avec attention accrue. Parler de sa famille… Des bons moments qu’on a pu vivre auprès de personnes chères à nos cœurs. C’était beau, si on observait le visage presque attendrie de la demoiselle. Emy aussi avait une famille, enfin pas un papa ou une maman, mais le groupe des neuf, c’était une famille. Et même s’ils étaient partis les uns après les autres, ils existaient toujours dans son esprit, de manière indélébile. Et les souvenirs qu’elle en avait d’eux, de leur bande, de leurs moments passés ensemble, ça, ça ne partirait jamais. Comme la saveur des barbes à papa lorsqu’ils avaient osé se mêler aux foules des cirques, des fêtes foraines. Emy était certaine que Penny saurait cuisiner des petits plats aussi bon que ceux auxquels elle avait déjà eu le droit. Et même meilleurs oui !

« Je veux goûter, tout ce que tu sais faire ! C’est mon droit d’époux ! » Elle lui offrit un sourire immense, parce qu’elle lui vendait du rêve là. Et c’était difficile de se retenir de baver en imaginant des délices pareils. Déjà, l’exemple du gâteau au chocolat spécial anniversaire… ça l’avait rendu à demi folle, mais imaginer tout ce dont Penny était capable… C’était juste phénoménal. « T’es un vrai cordon bleu, en fait… » ajouta-t-elle dans un murmure, des étoiles dans les yeux. « Tu peux me raconter tout ce que tu veux, tu sais. Je me lasse pas, surtout quand tu souris comme ça. » Et elle ponctua ses dires d’un sourire joyeux également. Parce qu’elle était sincère. C’était agréable de pouvoir vivre des instants plus légers que tout ce à quoi elle a le droit parfois. Oui, être un demi-dieu n’est pas de tout repos. Et Penny allait rapidement s’en rendre compte. Sans oublier qu’il y avait la tension entre grecs et romains. Comme quoi, la demoiselle débarquait à la colonie pile au bon moment, hein.

Les ailes déployées, la fille d’Hermès leur fit faire un rapide « flap flap » qui remua la poussière du sol. Emy les sentait dans son dos, légères alors qu’elles pouvaient sembler si lourdes pour un œil extérieur. Le cri du cœur de Penny la fit quelque peu rougir, elle devait bien le reconnaître. Emy ne cachait pas beaucoup ses appendices à plumes, même si elle ne volait pas vraiment devant les gens. Plutôt à la plage, ou dans la forêt quand elle se pose un défi. Hésitante sur la marche à suivre, un peu comme si elle se trouvait de nouveau dans la cuisine, où elle n’y connaissait rien, en fait, Emy se frotta la nuque, gênée. « Oh, et pour ce qui est de la date d’anniversaire… Je sais pas, en fait. On m’avait donné le 14 février parce que c’est la fête du chocolat. » En la voyant s’approcher, et à sa question, Emy hésita. Elle avait confiance en Penny pour qu’elle ne lui fasse pas mal, mais elle avait toujours peur qu’on… Ben, qu’on lui arrache des plumes. Parce que c’était vraiment pas agréable, mais alors pas du tout, du tout. Pire qu’un truc épicé, vous voyez ? Donc, elle inspira profondément et acquiesça. « Vas-y, mais doucement hein »

Montrer ses ailes, Emy y était habituée. Et cela ne la dérangeait plus depuis le temps, pas que ça l’ait dérangé un jour en fait. Ses ailes, elle les avait depuis un bon paquet d’années maintenant et les maitrisait parfaitement. Oh, ça n’avait pas toujours été le cas, loin de là même. Les atterrissages risqués, elle avait eu le droit à son lot, mais à présent, elle tenait les rênes avec brio. Donc, virages à pic, roulades à profusion, et demi-tour risqué, elle savait faire. Tout comme elle pouvait prendre quelqu’un avec elle. Mais ça, c’était quelque chose qu’elle ne faisait pas au premier rendez-vous non plus. Ils n’étaient pas nombreux ceux qui avaient eu la possibilité de voler avec elle. Sans compter que sa force musculaire ne lui avait pas toujours permis de le faire. Bien sûr, ses ailes étaient puissantes et pouvaient supporter un certain poids, mais à l’époque, c’était plutôt ses bras qui n’allaient pas loin.

Quand Penny lui posa la question de savoir ce que ça faisait, les caresses sur ses plumes, Emy ferma les yeux pour se concentrer sur la sensation. La main de la demoiselle passait sur son plumage avec douceur et délicatesse. Penny y allait lentement, pour ne pas risquer de lui faire du mal, et Emy lui en était reconnaissante. Un frémissement la parcouru toute entière, et elle finit par répondre. « Ce sont un peu comme des caresses sur la peau, en moins intense. Les plumes sont moins sensibles qu’un épiderme humain. » Elle s’en rendait compte à chaque fois qu’elle risquait de les froisser avec un mouvement trop vif. Le degré de sensations était bien plus important sur sa peau, que sur ses ailes. Mais bon, elle pouvait toujours percevoir ce que faisait Penny, et finit par se tourner vers elle, pour lui sourire. « Merci d’y aller doucement. Elles sont moins fragiles qu’on le pense, mais j’y tiens énormément. » A vrai dire, elle ne se voyait pas vivre sans elles. Impossible même.

Penny lui avait de nouveau parlé de son anniversaire, juste avant de frôler ses ailes, et Emy ne savait pas trop quoi dire. Son groupe avait nommé le 14 février, jour de la Saint Valentin, comme étant son anniversaire, parce qu’elle aimait beaucoup le chocolat, c’est vrai. Mais également, parce qu’à l’époque, la Saint Valentin n’avait aucune valeur à leurs yeux. A présent, Emy n’était toujours pas versée dans l’art de l’amour, et ça ne semblait pas prêt de changer. Ce ne devait pas être son truc tout simplement. « Le 14 février, j’aime bien. Mais bon, j’ai jamais vraiment voulu d’une date d’anniversaire, ça n’a pas d’importance. » C’était vrai. Emy se fichait bien de ce genre de fêtes à son encontre. Hum, ça ne comptait pas vraiment, parce qu’il n’y avait plus aucune des personnes avec qui elle vivait autrefois, encore présente dans sa vie. Alors peu importe, oui.

Après avoir répondu, la fille d’Hermès replia ses ailes, les faisant disparaitre sous son épiderme, et laissant de nouveau apparaitre son tatouage à la place. Les demoiselles discutèrent encore un peu, Emy expliquant à Penny les différents bungalows de la Colonie, ou encore l’histoire du Chêne et de Thalia. Elle ajouta quelques informations quant à la Grande Maison, à ce qu’elle savait sur les dieux – même si ce n’était pas énorme – et sur la Quête des Sept. Mais elle ne dit rien sur son passé, rien sur l’endroit d’où elle venait. Oh, ça ne se voyait pas, comme un simple oubli. Sans parler des sourires qu’elle offrait, et du ton de voix enjoué avec lequel elle expliquait tout un tas de choses à Penny, même si cette dernière en connaissait peut-être déjà quelques-unes. Bah, au moins, elles apprenaient à se connaitre et c’était très bien ! Emy appréciait la jeune fille, ainsi que le sourire qu’elle offrait de temps en temps. C’était agréable. L’heure suivante passa ainsi, et finalement, Emy ramena Penny au réfectoire et la quitta sur un éclat de rire, pour rejoindre sa chambre.