Un objet à éviter dans les forges {PV; Sara}

Une journée comme les autres destinée à rester dans les forges et travailler plus que de raison. Théo ne pouvait pas chasser aujourd’hui. Je ne pouvais pas m’extirper du camps, pas alors que je venais de rentrer de vadrouille. Reyna me mettrait en pièces pour oser lui poser la question. N’ayant pas non plus l’ambition d’aller se battre avec Alison pour voir qui de l’ours ou du tigre l’emporterait sur l’autre. Il fallait bien l’avouer que ma journée allait se passer dans mon ambiance très agréable et la douce chaleur de mon antre. Oh, il y avait toujours Declan mais il devait être dans un coin à éviter les entrainements. Alex, elle, serait sûrement à l’entrainement.

Décidément, mes amis étaient pour le moins différents les uns des autres. Ah mais Saphir. Non, sûrement occupée elle aussi par ses tours. Cette fille pouvait être une amie géniale sauf quand elle se décidait qu’il fallait me sortir de là. Chose qu’à la fin j’appréciais tout comme elle aussi. Cependant, elle avait le don de me prendre par surprise ou me couper en pleine réalisation. Impossible de douter de son parent divin avec toute sa personnalité. Le petit Eliott devait être entrain de se remplir la tête de connaissances. Alors, la gentille Sara - quand même on peut le dire non ? - allait travailler sur un tank pour demi-dieu héhéhé. Bon ok, pas de tank, ça en ferait tomber les conseillers de leurs chaises. Autre chose... Je jetais un œil sur le tas d’armes qui attendaient qu’on les chouchoute.

Bien que je restais une passionnée inconsidérée des armes et de gadgets en tout genre, il faut dire que j’aurai aimé que certains Romains prennent légèrement plus soin de leurs lames. La catastrophe. Une honte. Un scandale même. Bien j’allais débuter par ça et ensuite on se lancerait dans un plan compliqué pour créer un super gadget pour superbement éliminer ces connards de partisans une bonne fois pour toute. Je commençais donc mon labeur, prenant chaque arme, l’inspectant avec minutie, l’entretenant de la manière adéquate. J’étais terriblement concentrée par toutes les imperfections, je ne remarquais absolument rien du tout. Un boulet de canon aurait pu s’effondrer sur le camp que je n’aurais sans doute pas broncher. Même le tigre se tenait parfaitement tranquille, calme et reposant. Il faut bien avouer que ce serait inconcevable de les laisser réutiliser une arme en état jugé minable, incapable de passer l’expertise Sara.

A la base, c’est vrai que j’étais plutôt le genre à aimer tout faire exploser et à rire en voyant des gens brûler. Ouais non quand même pas, quoique des partisans, ça serait plutôt bien. Je ne ressentais pas le besoin d’être la personne qui dirait, non ils sont comme nous. Jamais. Un traître c’est un traître. Un partisan c’est ... je passe le mot pour éviter de heurter la sensibilité. Mais oui quoi, appelons un chat un chat. Les partisans ont laissé trop de mauvaises choses dans les mémoires des gens. On a été trahi par des nôtres, des Romains. Mais ces laxistes de Grecs avaient leur Luke et tous les autres. Incapable de comprendre les choix de ces personnes, je me replongeais dans mes pensées tout en astiquant avec minutie. Une fois le tas terminé, les armes entreposés sur des râteliers, je retournais sur le plan de travail central. Un plan étalé dessus, à moitié dessiné au crayon, des bouts manquaient effacés, ou tracés. Mes idées sur pleins de bouts de papiers éparpillés au sol.

Le crayon derrière l’oreille, je me penchais sur la petite table. Mon débardeur effleurant le rebord. Un bandana dans les cheveux. Les mains et le short crasseux, on ne peut pas vraiment dire que j’avais la classe. Mais le regard des gens m’emportaient peu tant que je pouvais faire ce que je voulais. D’ailleurs l’avantage à être un tigre lorsqu’on ne se contrôle pas encore à la perfection, c’est que les gens vous fichent étrangement la paix. Je n’ai jamais oublié la peur que j’ai lu dans les yeux de mon oncle et de ma tête lors de ma première transformation. C’est une image qui marque. Dans un sens elle m’a rendue plus forte mais aussi plus crainte de ce regard des gens sur moi. Sauf que le fait d’être une demi-déesse aide beaucoup à se détendre là-dessus. Il y en a bien qui se retrouvent avec des piques sur le dos, je m’en sors bien avec mon léger côté félin et mon adoration incontesté pour la viande. Non, je n’aime pas le lait. Étrange hein. Et je ronronne pas. Comment ça je mens ? Bref, on s’en fiche.

Mes yeux bleus scrutaient ce papier depuis bientôt une demi-heure alors que ma main ne décollait pas pour dessiner de nouvelles améliorations. Bon sang, les idées grouillaient dans ma tête mais rien n’était réalisable. Il me manquait un truc. Le petit truc qui allait faire que ce plan allait gérer comme pas possible. Modeste comme pas deux, tout à fait. Je n’entendis pas le cri. Cependant je remarquais un léger changement autour de moi. Écarquillant les yeux, je les levai pour retrouver ceux de Saphir. Qu’est-ce.... mes prunelles tombèrent sur ses doigts. Un léger grognement plus tard, je ne pus qu’observer le résultat. Je la regardai approcher, avec une légère méfiance, oui parce que connaissant la demoiselle, elle aurait tout autant pu avoir encore quelques petites surprises dans son sac. « Ben voyons. » Avant que je secoue la tête, plus je contemplais ses mains plus j’avais envie de rire. Du n’importe quoi quand même.

Un sourire plus tard, je lui déclarais avec un petit air malicieux. « Tu ne perds rien pour attendre tu le sais ça ? » Oh, elle allait expérimenter le réveil à cinq heures de mat’ par un tigre lui léchouillant la figure à grand coups de langue. « Personne n’a jamais pensé à t’attacher dans un coin ? » Je jetai un regard dans le fouillis crée par le remue-ménage de mes oncles, tantes... bref la super famille de demi-dieux, avant que je le retourne vers elle. « Quoique non, tu devrais rester comme. Mes outils sont précieusement gardés » lui déclarais-je en montrant ma sacoche magique, cadeau de mon père ou plutôt emprunt à son décès. Je parcourais les différents plan de travail cherchant ce fameux aimant. « Si tu m’aidais on irait plus vite, miss magicienne catastrophe. », puis un petit m’échappa en la voyant affublé d’un chapeau et d’une robe violette. Jolie image. Quand je pense que cette charmante demoiselle était venue en sachant parfaitement ce que feraient ses joujoux. Pas croyable. Et dire que je laissais passer ça. Levant les yeux au ciel pour moi-même, je devenais vraiment molle avec le temps. « Tu t’es dis que tu allais venir foutre le foutoir ici pour une raison spéciale ou je te manquais ? » lui demandais-je, tout en poursuivant mes recherches, oui parce que c’était le beau bordel.

Sacrée magicienne. Elle avait sûrement tout prévu comme si c’était un show. Je ne pouvais pas dire que je n’appréciais pas sa présence. Bien sûr qu’elle avait un peu tendance à mettre en bordel ce qui était déjà en bordel ce qui faisait donc un bordel deux fois plus gros, mais bon, si ce n’était que cela le prix à payer pour avoir une amie assez coriace pour oser venir tirer un tigre de son foutoir justement, bah tant qu’à faire. Après tout, je l’appréciais vraiment cette petite brune. Un petit grognement m’échappa.

Évidemment je me doutais que ce genre de fille avait toujours un tour dans leurs sacs, quitte à accepter son amitié, je mettais aussi la main à la pâte pour bien me comporter lors de ses petits visites toujours mouvementées. « Crois-moi, je suis certaine d’avoir une petite derrière la tête de l’enfer que tu pourrais me faire subir si tu le souhaitais. On pourra toujours se dire que c’est de bonne guerre. » Ouais, parce que je ne pensais pas la laisser s’en sortir aussi facilement malgré le fait que ce soit mon amie. Non, je n’étais pas une magicienne tout comme elle mais je savais aussi user de l’effet de surprise petit avantage à être furtive. Petit avantage d’être Sara bien qu’il y ait des désavantages assez costaud tout de même. Mais bon, il en était de même pour tous les demi-dieux après tout.

Mon rire se mêla au sien à ses paroles. Oh non je n’étais pas le genre à attacher les gens pour ce genre de choses... quoique. Enfin tout cela c’est secret héhé. Levant la tête vers elle je lui disais avec un petit sourire, « Je ne savais que tu aimais les blondes. » Au moins, Saphir était de très bonne humeur, excellente même au son de sa voix et de ses paroles. Tant mieux. Franchement rien de mieux que cette fille pour vous faire oublier vos petits tracas, soit on a envie de lui faire bouffer ses tours, soit de déconner avec elle. C’est sûr qu’elle manquait peut-être quelque peu de discernement ce qui ne devait pas être au goût de tous les légionnaires ou Romains ici présent, mais qu’importe. Ce n’est pas mon genre de passer ma vie au garde à vous alors bon, je n’allais sûrement pas me mêler des petites crasses que pouvait faire mon amie brune ici présente.

Oh non, ça, ça les regard seulement eux et personne d’autre. Je m’arrêtai de fouiller consciente qu’il n’y aurait rien dans mon coin. Ce n’était pas mon genre de me trimballer avec ce genre d’aimant mais on ne sait jamais avec les enfants de Vulcain. « Ah bon ? » demandais-je franchement amusée, « On dirait plutôt que tu es le genre à avoir du bordel partout ou alors tu fais les deux, la perfectionniste impatiente qui fout le bordel partout. » C’était encore une possibilité. Je ne sais pas si j’aurai la patience de chercher pendant des heures un objet enfin tout dépendrait de la qualité de cet objet bien sûr. Il y a des priorités et l’inverse comme toujours, ne pas faire un plat de ce qui ne sert à rien. C’est quand même plus simple d’avoir une vision bon on va le dire simpliste de la vie, pas de prise de tête. J’attrapais une babiole qui trainassait dans le coin - incapable de ramener leur affaire chez eux, hallucinant - que je lui lançai dessus en guise de réprimande.

« C’est ça, fous toi de moi maintenant. Sache petite brune que... » m’arrêtant je tournais la tête vers elle curieuse. « Un échec ? » Je lui montrai sa main et la pièce avec un petit rire. « Tu trouve que c’est un échec ? Dis-moi, qu’avais-tu donc en tête ? » S’était-elle réellement ratée ? Ou alors cherchait-elle une quelconque réaction. A vrai dire je restai perplexe et m’intriguais beaucoup de connaitre la réponse à ma question. Un froncement de sourcil plus tard. Je me demandais si à la base toute cette petite scène ne servait qu’à cela me foutre dehors. Plissant les yeux j’étudiai méthodiquement mon amie, ayant l’impression de mettre fait mener par le bout du nez par cette jeune Romaine. « Je suppose que je n’ai pas le choix si je veux récupérer tout cela. » dis-je en montrant sa main. Finalement, je hochai la tête, après tout, je n’allais pas pouvoir me remettre au travail alors autant profiter de la petite brune. « Pas d’entourloupe sorcière de pacotille. » Un sourire éclatant sur le visage je lui montrai la porte. « Je te suis miss magie. » Et je la rejoignais tranquillement.

J’en étais sûre ce petit démon n’attendait vraiment que ça. Elle ne comprenait pas le principe de ne pas déranger un génie au travail. Bon d’accord, j’étais loin de pouvoir être qualifiée ainsi certes mais je me sentais bien dans les forges et autant à ma place qu’en pleine forêt. J’aimerais bien la voir sans ses tours. Elle se sentirait bien démunie et bien moi c’était la même chose sans mes outils, je ne pourrais pas être en paix dans ce monde. J’aimais construire et autant dire que ça me défoulait assez pour que je n’ai pas besoin de relâcher mon contrôle et de devenir une Alison numéro deux. Oh sûre qu’à nous deux plus le petit démon brun on pourrait dégommer une partie des cohortes. Hum, il valait mieux éviter de tenter l’expérience.

Pas sûr que Reyna apprécie beaucoup cette initiative pour tester les réflexes des Romains en cas d’attaque surprise. Oui, on pouvait être carrément sûre que le praetor passerait un savon à toute personne qui souhaiterait mettre le foutoir au sein de sa légion. Aie. Non, cette idée ne m’emballait pas, à moins d’accuser le petit Elliott pour éviter la tempête. Mais ce serait trop lâche donc pas d’attaquer surprise au programme. Dommage. Cela faisait longtemps que mes crocs n’étaient pas aller claquer près des mollets de nos légionnaires et ça me manquait. Ce n’est pas parce que la grande majorité du temps je restai sage comme une image que je n’étais pas capable de me montrer sauvage. Il faut savoir que tout dépendait de mon degré d’énergie ou d’énervement, car c’est bien joli de se transformer en tigre mais ça crève. Au départ, après une seule transformation, j’étais bien incapable de récupérer sauf si je dormais pendant quelques heures. Donc je redevenais humaine et m’endormais aussitôt car mes paupières trop lourdes m’indiquaient de me la fermer et de dormir.

Donc, je restais très vulnérable à ce moment-là. Une raison pour laquelle, je ne redevenais pas humaine auprès de n’importe qui ou dans n’importe quelle situation. Bien qu’à présent je sois devenue plus résistante, je préfère toujours me méfier et évite donc de me transformer sur commande. En présence de Théo, après  notre chasse, là je me laissais aller. Mais assez rarement sinon, près d’Alex aussi car je savais que je pouvais compter sur elle. Je ne m’étais jamais posée la question pour Saphir. Mais à part me dessiner sur le visage, je ne pense pas qu’elle souhaite profiter de ma faiblesse. Enfin, peut-être qu’un jour, la situation se présentera et je n’aurais pas le choix que de lui accorder mon entière confiance mais vu que ce n’est pas le cas je n’allais pas trop y penser pour le moment. Quand je pense qu’elle avait soi-disant foiré son coup alors qu’elle parvenait tout de même à son objectif de base. Ah cette gamine ne manquait jamais de ressources pour sûr et en plus je capitulais pour un aimant.

« Non, tu ne le feras pas un jour. Trop tard. Tu as gâché l’effet de surprise. » grognais-je en la regardant espérant peut-être la convaincre d’abandonner cette idée qui risquait vraiment de mettre le foutoir dans les forges. Mais en même temps, la connaissant, Saphir trouverait une nouvelle idée encore pire que la précédente et celle d’avant... ainsi de suite. Un cercle infini. Je devrais peut-être la bouffer pour être tranquille après tout. Je ne voyais pas d’autres solutions. Mais il faut aussi dire qu’il n’y a rien à manger chez elle (a). Je capitulai donc et soupirai en la voyant bondir partout. Sérieusement c’est quoi cette fille ? Une Romaine ? On dirait pas. Un sourire sur les lèvres je la regardais faire un moment. Que devait dire Reyna en voyant ses légionnaires faire n’importe quoi. En riait-elle ? Même si elle ne le montrait pas, dans le fond, je restai convaincue que oui. Mais à l’écart, loin de ceux qui pourraient voir ou juger.

Du coup, je récupérai le petit cabri à mes côtés pour qu’elle se tienne tranquille et aussi que la moitié de la légion cesse de nous regarder comme des fous échappés de l’asile, « Arrête de faire le clown. Ma parole t’es montée sur des ressorts. » ne la lâchant pas tout de suite et jetant un regard mauvais aux quelques légionnaires qui trouvaient intéressant de regarder Saphir faire son numéro. Ils se détournèrent très bien. Je repris. « On va passer par les dortoirs, tu attires un peu trop l’attention comme ça. Et après on va où tu veux, mais évite de faire des bêtises. Quoique... si en fait, mets le foutoir partout où tu veux mais dans mes forges. » Je relâchai son bras, sachant parfaitement que notre chère magicienne viendrait encore et toujours me rendre visite, d’ailleurs sa présence pourrait me manquer si elle ne se présentait pas à ses rendez-vous habituels. C’est dingue quand même de s’habituer à un petit ouragan m’enfin voilà.

Elle avait gagné. Encore. Et toujours. Il faut dire que cette chère Saphir ne ratait jamais une occasion de montrer à quel point elle pouvait être futée. Honnêtement, je ne sais pas si elle préméditait tout à l’avance ou si elle y allait en mode improvisation comme Jack Sparrow. Il n’empêche qu’elle arrivait toujours à ses fins. Oui, ça devenait frustrant de se faire battre à plat de couture par une Romaine haute comme trois pommes, bon n’exagérons rien. J’ai toujours ce petit côté à me comporter comme une mère poule avec mes proches. Je ne laisse personne s’occuper de moi, à part Declan. Mais lui c’est différent avec notre passif en commun. J’ai eu besoin de lui, et j’ai pu lui faire confiance et jamais il n m’a jugé pour mes actes. C’est un vrai ami. Mon petit ange gardien voleur. Heureusement que ce jour-là il y a plusieurs années ma route avait croisé la sienne à l’orée de cette forêt, là où tout a commencé pour nous. Sans lui, je ne sais pas ce que je serai devenue. Les loups m’auraient sans doute retrouvé mais pas sûre que je les ai aurais suivie. Il ne sert à rien de revoir le passé et je le sais, mais il y a des fissures qui proviennent de cette époque et je suis incapable de les ressouder. Peut-être que Saphir aurait un truc comme ça, allez savoir si le petit démon faisait dans l’hypnose. Hum, pas sûre que je lui fasse confiance même si c’était le cas. Elle serait capable de jouer un mauvais tour du style avoir peur des chats... se considérer comme une souris ou bien pire encore.

Non, vaut mieux pas tenter le diable. Je préfère garder ça pour moi dans un coin de ma tête, c’est plus sage et au moins j’ai un bon déclencheur pour mon don. Il suffit d’y repenser dans les moindres détails pour que le tigre vienne dire bonjour à la populace. Facile d’arriver à point-là. Oh et l’excuse du pardon je me contrôle marche très bien aussi, autant que Saphir pourrait dire que son tour a foiré, ben là ce serait la même. Même si je pense que bouffer quelqu’un est plus grave que de l’envoyer simplement à l’infirmerie... mince c’est pas juste quand même. Ce que j’appréciais surtout chez elle, c’était son franc parler, elle n’y allait pas par quatre chemins pour dire ce qu’elle pensait à n’importe quel instant. D’ailleurs, je me demandais si durant un conseil elle serait capable de balancer tout haut ce que tous penseraient tout bas. Ce serait intéressant ça et certainement hilarant de voir la tête des autres. Ce serait à essayer effectivement.

Je la scrutais du regard, certaine que dans sa petite tête tourbillonnait déjà un nombre incalculable d’idées qui ne me plairaient sûrement pas du tout. Après son petit numéro de danse, je me méfiais encore plus. A croire qu’elle n’était pas sorti des baraquements depuis une éternité et qu’elle avait attendu le moment précis pour me faire sortir de ma grotte. Merci Saphir ton attention me touche. Levant les yeux au ciel en l’entendant, ma main claqua doucement l’arrière de sa tête. « Arrête de bouder. J’ai pas dis ça. Juste que tu attires un peu beaucoup l’attention sur nous. » déclarais-je en montrant d’un signe vague de la main que nous étions à l’extérieur et bien sûr les légionnaires étaient de sortis. Si elle semblait faire la tronche, deux minutes après l’éclat de malice revint dans son regard, à tel point que je plissai le main certaine d’avoir provoqué le prochain cataclysme qui aurait lieu ici. Puis, elle se précipita vers les dortoirs.

Je la suivis plus lentement haussant le ton. « Pourquoi tu me dénoncerais ? » Je me postai contre le mur en la regardant fouiller dans son petit coffre. Puis se changer complètement, sûr qu’elle était douée pour les effets de surprises. Elle irait très loin. J’hallucinais elle me faisait du chantage. De mauvaise grâce, je tendis la main, « Très bien petit démon mais pas d’entourloupe. » Je croisai son regard cherchant à lui montrer que sur ce point-là je serai intransigeante. Pas question de la laisser filer cette fois-ci si elle me roulait encore comme ... bah en fait comme elle le fait tout le temps. Non mais je vous assure que je vais mal finir à subir ce petit ouragan fanfaron et surtouuut remuant comme pas deux. « Va pour le jour entier. Mais pas d’activité bizarre je te préviens. » Surtout je te connais on dira. Non je préférais pas tenter d’expériences désastreuses, disons plus que ce qu’elle pourrait faire si je refusais son marché.

Parce que dans le fond, on ne peut pas dire que le choix était mien. Non c’est la fille de Trivia qui avait toutes les cartes en main et qui tenait les fils du jeu. Jeu dans lequel je n’étais que figurante et seul Jupiter savait si ça allait très mal finir ou au contraire être une journée amusante et détendue. A choisir je préférais la seconde option mais avec mon amie Romaine je doutais fortement que ce soit une journée de tout repos. Ce serait plutôt complètement l’inverse. En fin de journée, je risquai de finir à moitié dans le coma. Oui d’accord, j’exagère peut-être un petit peu, mais dans le fond... ça ne pouvait pas être si loin que ça de la vérité. Enfin, le temps allait me le dire. Et Saphir aussi à se demander si de temps en temps la jeune fille faisait des pauses ou si elle était toujours aussi survoltée que lors de sa petite danse improvisée et à moitié exercices de gym. Du coup, bah j’attendais clairement que ma chère amie me certifie que ce ne serait pas un piège.

Entrainer par Saphir dans la future plus folle histoire que jamais la leg n’aura vécu depuis son retour au camp Jupiter. Oui parce que à l’extérieur du camp Jupiter, ce n’était clairement pas vraiment youhouu vive la joie tous les jours, très rarement même. En clair, cette jeune fille avait une mauvaise influence sur la blonde. Allez savoir ce que ça pourrait donner dans le temps ce genre de relation. De l’attachement certes à moins que justement elle risque de finir par mordre un petit coup dans Saphir, histoire de la stopper. Mais tout de même malgré sa ressemblance profonde avec un petit démon voir un lutin comme dans Harry Potter, ah si si y’a bien quelque chose, il faut bien dire que Sara éprouvait de l’affection pour elle. Un rire s’échappa de la plus âgée des deux jeunes femmes. Saphir avait une personnalité bien à elle et ses mimiques l’étaient tout autant. Sara s’en amusait beaucoup et la trouvait que plus attachante. Bien que dans le fond, ça parait assez clair que c’est l’une des armes de la petite Romaine. Donc oui, autant la fille de qui se transforme en bestiole poilu est tombée dans le panneau plus d’une fois, autant elle se méfie bien que cela ne serve à rien puisque résister à Saphir c’est quasiment impossible à  moins d’éprouver une haine pure pour la brune.

En clair, voilà comment se faire mener par le bout du nez en quelques minutes par mademoiselle Benaglia. C’est pitoyable oui c’est sûr. Une petite grimace échappa à la blonde lorsque Saphir la qualifiait de son petit coeur. Euh sérieusement ? C’est pas un peu rabaissant d’être un tigre balèze - oui de temps en temps il faut dire ce qui est - à un petit coeur. Je sais pas moi. Un petite coeur ce n’est pas vraiment ... très effrayant ça, voir carrément pas du tout en fait. Et voilà que petit démon la comparait à ... un truc tout mielleux rouge ou rose ... que les gosses dessinent. Hum hum. Sara restait perplexe pour le coup et fronça un peu le nez en la regardant. La Romaine haussa les épaules. « Tu veux pas trouver autre chose que Petit cœur ? » ne répondant pas à la suite, parce que bien sûr petit démon avait totalement raison. Elle se ferait griller en moins de deux, ce qui n’est vraiment pas du jeu, contrairement aux autres légionnaires.  Même Alison ne pourrait pas se faire prendre à ma place. Tss, injustice quant tu nous tiens. N’importe quoi. Même si l’idée de base serait caractérisée de très mauvaise et méchante de notre part mais au pire des cas, c’est pas grave, ça arrive non ? Bon très bien, y’a juste Saphir qui a le droit de faire n’importe quoi, ce sera incognito et tout propre encore. Ouais, y’a des avantages à être un petit démon magicien faut dire. Elle n’est peut-être pas très costaude mais compense ailleurs, la preuve elle obtient ce qu’elle veut en ce moment. « Ôte-moi d’un doute, si tu avais quelque chose à y gagner tu me dénoncerais ou pas ? » lui demanda-t-elle l’air quelque peu suspicieux. La question lui paraissait assez légitime pour bien cibler la loyauté et l’amitié de cette jeune fille, même si elle pouvait aisément mentir et répondre totalement l’inverse de ce qu’elle ferait. Question piège en somme.

Sara attrapa les outils qu’elle rangea avec les autres - elle les rendrait à leurs propriétaires plus tard. Maintenant elle devait honorer sa « dette »  envers la fille de Trivia après tout. Manger pour supporter les vingt-quatre heures ? Oh oui ça y est, ce sera la fin du tigre. « Saphir... » murmura-t-elle presque en demandant grâce à l’avance, « Evite de m’envoyer dans un asile ou à l’infirmerie, je tiens à ma liberté. » Un tigre qui n’est pas libre, c’est très mauvais pour ceux qui osent l’approcher. Un peu à la manière d’un animal qu’on ne promène pas assez, il devient violent et agressif et bien là c’est la même chose pour notre Sara. Elle et le tigre ont besoin de courir durant de longues heures et d’avoir du calme aussi dans la forge. La jeune femme ne bougea pas d’un cil pendant que Saphir s’apprêtait. Elle la scrutait sans rien dire, toujours appuyée, rongeant son frein, se demandant quand elle serait finalement prête. La petite magicienne savait se faire désirer faut dire. Et finalement, elle était prêt. Un sourire se joua sur mes lèvres alors qu’elle s’approchait et m’entrainait dans son sillage - pas de doute, la Romaine était bien motivée pour cette sortie qui allait être fatigante, intéressante et espérons-le amusante. Armée ? Elle lui lançait un regard interloquée avant de tapoter mon holster en la regardant dans les yeux. Et puis, le tigre se ferait un plaisir de se battre lui.

Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir en tête ? Pourquoi la blonde avait-elle  craquer et accepter sans trop de résistance sa demande ? Quelle idée. Elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même. Les deux filles arrivèrent finalement au mess. Sara trainait les pieds bien que très vite les bonnes odeurs aient raison d’elle et la fasse accélérer. La Romaine pourrait passer son temps à manger, que ça ne la dérangerait pas le moins du monde et son estomac pense exactement pareil. Un petit rire lui échappa en voyant ma comparse préparer son assiette. Approchant doucement de Saphir, son doigt appuya sur son ventre, « T’es sûre d’avoir la place nécessaire à tous ces succulents mets ? » Oh sur, que la Leg se ferait un plaisir de terminer son assiette si sa magicienne n’arrivait pas au bout. Afin de ne pas se faire distancer pour la fille de Trivia, Sara attrapa une assiette et la rempli de tout presque à ras bord. Disons qu’il ne vaudrait mieux pas rentrer dans quelqu’un, la nourriture giclerait dans tous les sens. Mais bon, s’il fallait passer la journée avec la brune autant avoir le ventre plein, tout en évitant de devoir faire une bonne sieste. Une fois que son assiette contenait tout ce qu’elle souhaitait, Sara rejoignit Saphir pour discuter leurs plats. « Dis-moi, qu’as-tu prévu pour nous ? » demanda-t-elle avec curiosité, tout en lui souhaitant un bon appétit.

Mon petit poussin. Sara ne pouvait que pousser un grognement à cette seule idée et lui jeter un léger regard moins avenant que ceux auxquels la petite brune pouvait avoir droit. Non mais rabaisser un tigre à être comparer à un poussin, sérieusement ? Et qu’est-ce qui pouvait bien l’empêcher d’aller faire claquer ses crocs près de ses mollets pour lui montrer qui était le petit poussin ? Le problème c’est que Saphir avait une sorte d’influence sur elle, comme ça arrivait avec quelques personnes. Sara n’aimait pas ça, cette sensation de corde autour de son cou mais voilà ça s’opérait tout seul à tel point qu’elle pouvait presque devenir docile - un tigre de compagnie, vraiment un sacré prestige pour la Romaine. De toutes manières, ça ne servait strictement à rien d’essayer de lui faire entrer dans le crâne que petit poussin ne rendait pas vraiment bien pour elle, disons qu’elle pourrait trouver pire comme mon petit chat certes mais bon un poussin ! Le chat mange le poussin, Saphir ! Roh. C’est pour cela qu’elle lui tira un peu la tronche après ça, puisqu’elle savait parfaitement qu’elle avait perdu d’avance et que batailler avec elle ne servirait à rien. Sans doute à cause du lien invisible.

Au moins, Saphir semblait plus que sincère en affirmant qu’en gros ce serait pas elle qui jouerait à la traîtresse et dans le fond ça soulageait la leg du fait que justement elle avait tendance à beaucoup apprécier la jeune fille et n’aimerait pas du tout l’idée de se faire mener par le bout du nez par cette jeune demi-déesse à qui, dans le fond, elle commençait à accorder sa confiance comme Thomas pouvait l’avoir après tout ils étaient des amis de longues dates. Saphir pourrait bien faire partie de ce cercle très privé qui ne laissait entrer que peu de personnes, Théo et Alex. Pas grand monde en clair. Mais bon, il vaut mieux ne pas avoir trop de monde, ça fait automatiquement moins de déceptions et de trahisons ça c’est sûr. Bon la suite ne la rassurait pas vraiment vu le haussement d’épaule provenant de la fille de Trivia. En clair, elle ne lui promettait rien. Oh mais Sara ne comptait pas aller dire bonjour à Kathleen, non, non quand on est une fille comme Sara on panse ses blessures toute seule, hein. Bon admettons, très souvent, on y touche pas et on les laisse cicatriser. Bref, pas la meilleure méthode pour se soigner c’est sûr mais voilà on ne changera pas la façon de penser de la petite fille de Bellone et Vulcain, son caractère oblige un peu. Et puis, le simple fait de se voir à moitié morte entre les mains des guérisseurs même Thomas ne l’emballait pas du tout, autant mourir dans son coin et ne pas se prendre du déshonneur et des regards compatissants, ça jamais ! Surtout que Sara en patiente, autant dire que ce serait vraiment invivable. Jusqu’à présent le seul qui avait du vraiment y faire un tour c’était Declan et Sara l’avait veillée en surveillant le moindre faits et gestes de ceux qui osaient l’approcher, en clair des guérisseurs de la légion. On touche pas à la famille et Declan était sa famille en arrivant au camp Jupiter pour la toute première fois, sa seule famille, son frangin de cœur. D’ailleurs même si d’autres étaient entrer dans sa vie, le fils d’Apollon restait son petit frère voir grand frère dans certains cas de figure ou c’était lui qui gérait mieux qu’elle. En clair, ils se complétaient plutôt bien et lui seul connaissait son secret.  Un secret inavouable et dont elle ne pouvait être que honteuse à ce sujet.

Sara dégustait - bon je blague - engloutissais sa nourriture tout en écoutant son amie d’une oreille quelque peu distraite par les bonnes flagrances des plats qui les entouraient. Elle mourrait de faim pour changer et pourrait bien tout avaler le temps que Saphir termine son plat, puisque celle-ci semblait prendre tout son temps pour le déguster. Levant sa fourchette, refoulant l’envie qui pourrait presque la pousser à attaquer le plat de manière moins élégante, elle montra son assiette puis la corpulence de Saphir. « Tu serais peut-être partante pour un concours d’avaleurs de hot dog un jour ? » avec un petit sourire sur ses traits. Non mais ces concours c’est le pied quoi ! S’empiffrer et en plus être applaudit pour cela. Bon pas sûr que Reyna cautionne ce genre de « duel » dans son camp mais elles pourraient toujours essayer en cachette hein. Hum hum quant à ne pas se gêner pour se resservir, Sara avait quelques doutes en tête non parce qu’elle comptait avoir assez d’énergie évidemment mais pas non tout dégobiller selon l’occupation décidée par la fille de Trivia.

Après que Saphir lui ait exposé « la mission », Sara se leva dans un mot et repartit faire la queue pour remplir son assiette à ras bord. Elle aurait besoin du plus d’énergie possible pas de doute cette fois-ci. Revenant avec un grand sourire à sa place, elle se réinstalla en face de Saphir et exposa son point de vue tout en mangeant. « Elle a dit le tigre ? Vraiment ? » La leg était légèrement vexée quoique heureuse que ce soit à elle qu’on pense et pas à Alison, bon les bonnes vieilles rivalités entre animaux quoi. Mais bon le tigre... oh mon ce n’était le petit chat. Oh pire ! Le poussin. Jetant un regard quelque peu suspicieux à Saphir, elle poursuivit après avoir avalé sa bouchée. « Tu m’en parle un peu de ce type ? On a le droit de le ... tuer ? » déclara-t-elle avec un air totalement innocent, « Genre mes crocs ont carte blanche ? » oh oui Sara est un ange, mais un ange avec des griffes et des crocs. Et puis, elle disait enquêter... si elle avait été en tigre sa queue aurait effectuée des mouvements de balanciers très satisfaits « De quoi serait-il accusé ton gaillard ? » reprit-elle avec un sérieux un peu plus grand, trop heureuse de partir en chasse pour se poser vraiment la question si Reyna allait vraiment donner une mission à Saphir et lui demander de récupérer Sara pour cela. Enfin bref, elle s’en fichait clairement. Tout ce qui comptait c’est qu’elle pourrait être elle-même et chasser ! Ouais la chasse c’est le top ! Une fois son assiette terminée pour la seconde fois, elle posa un regard impatient sur Saphir histoire de voir où elle en était et tira une légère moue. Petit démon prenait toujours son temps.