Les flèches, comme les paroles, une fois lancées, ne reviennent plus Pv. Edwige

J’étais nul. La constations n’était vraiment pas difficile à faire. Est-ce qu’il était vraiment possible de ne pas savoir viser avec un arc ? Non parce qu’en principe, un demi-dieu c’est sensé avoir certaines facultés dans ses gênes. Une grimace sur mon visage, je changeais de position et retentais mon coup pour voir ma flèche retomber mollement quelques mètres seulement plus loin, fichée dans le sol trop loin - bien trop loin de la cible qu’elle était sensée atteindre.

Disons que c’est en principe ce que l’on attend d’une flèche, non ? Qu’elle touche la cible. C’est aussi ce qui me semblait. Je déprimais sérieusement et il n’y avait ni John, ni Matt pour me filer un coup de main. Zeus seul savait dans quel coin, ils étaient fourrés au lieu d’aider leur meilleur pote à ne pas se faire descendre par Chiron. Oui, parce que c’était à cause de monsieur le centaure que cela faisait déjà une demi-heure que je m’évertuais à toucher ne serait-ce qu’une cible sur quatre. Mais rien. Bon sang. C’était vraiment dur ça. Pourquoi ne pouvait-on pas se contenter de frapper des mannequin avec une arme ? Savoir esquiver. Bloquer du bouclier. Tranquille quoi. Pas atteindre une flèche de si loin.

Je me sentais bien con, à vrai dire, tout seul sur mon champs d’entrainement. D’un côté heureusement qu’il n’y avait personne. Bonjour la honte. Le mec qui est incapable de tenir un arc correctement, youhou. Dix minutes plus tard, des pas me firent tourner la tête. Une demi-déesse était là. Et pas n’importe laquelle de demi-déesse Grecque. Immédiatement ma face se fit plus amicale, oubliant clairement ce que j’étais entrain de faire à savoir tenter de tirer suffisamment sur cette corde. « Hey Ed ! », un sourire largement étendu sur la totalité de mon visage s’adressait en même temps à ma meilleure amie. J’adorais cette fille. Après tout, elle n’était pas ma meilleure amie pour rien. Je ferai tout pour elle et ne laisserait personne toucher à une seule de ses boucles, je m’en étais fait une promesse depuis qu’on s’était découvert ce lien entre nous deux.

Elle n’était à proprement parlé comme une petite soeur, à vrai dire, c’était bien plus que cela, car à Emy je ne lui confierai pas des histoires sur moi, mais à Edwige je m’en sentais capable et avais une confiance énorme en elle et ses superbes yeux bleus. A toute vitesse, je me rapprochais d’elle, abandonnant pour le coup l’arc que j’avais emprunté pour prendre la demoiselle dans mes bras, la soulevant carrément de terre, attendant quelques minutes avant de la reposer. « Tout va bien ? » lui demandais-je en bon protecteur attitré avant de jeter un regard sur la place que j’avais abandonné - le pas de tire. Avec une petite grimace au vue de mes capacités à atteindre une cible, je jetai un regard sur l’arc à terre ainsi que les flèches à peu près trainantes sur tout le chemin jusqu’à la première cible.

Un sourire un peu penaud sur le visage, je lui montrais la scène du crime. « Tu tombes bien. Je suis aussi nul pour tirer une flèche correctement qu’un ours tentant de draguer un campeur. » Je passais ma main dans mes cheveux bruns me décalant légèrement pour rejoindre l’arc que je reprenais en main. Avant de tourner la tête vers ma meilleure amie, lui faisant clairement les yeux doux « Tu veux bien me faire part de ton immense savoir de fille d’Apollon, dis ? ». J’en jouais un peu mais ça c’était juste pour la forme. Et puis, si elle refusait, je ne lui en voudrais pas personnellement. Il faudrait juste que je trouve une meilleure manière de m’entrainer avant le prochain exercice de Chiron, sinon le centaure allait me dégommer clairement et simplement. J’avoue que ma performance avait été médiocre mais bon, je devais bien être capable de toucher une cible - au moins juste le bord non ? Du coup, je comptais clairement sur ma jolie demoiselle à savoir la seule fille avec laquelle je ne pourrais pas m’imaginer lui briser le coeur. Bien qu’en principe, j’évite aussi ce genre de pratique avec les autres. Levant l’arc vers elle, je ne perdrais pas mon sourire d’ange, l’invitant donc à me rejoindre.

Heureusement que j’avais d’autres qualités que le tir à l’arc parce que là, c’est la grande déprime. Non mais techniquement on est quand sensé parvenir à atteindre la cible au moins une fois sur dix non ? Clairement ce n’était pas mon cas. Et je ne pouvais même pas dire que mes flèches se rapprochaient même du tour en bois. Bon sang. Quel nul. Je terminai de ruminer sur ma nullité en voyant ma chère amie Edwige. Il n’y avait bien que elle capable de m’aider à me servir d’un arc autrement que pour frapper avec. Ou faire un petit feu le soir ? Pour manger des marshmallow ?

Je suis sûr que ça pourrait plaire à mon amie ce plan-là, quoiqu’il y  avait de possibilités qu’elle n’apprécie pas vraiment le fait de cramer un arc. Pas sûr non plus que le bois convienne à un bon feu, le genre à bien réchauffer pas celui qui fait de la fumée noire et qui crapote. Bref, un feu aussi utile que moi avec un arc dans une bataille.  Heureusement que mon père m’avait donné quelques talents pour manier un xiphos, sinon bonjour le mec inutile en combat. Pour détendre l’atmosphère peut-être que j’étais le demi-dieu de la situation mais pour le reste, restons humble. C’est mieux ainsi. Je souriais à pleines dents à ma meilleure amie. Cette fille c’était mon diamant mon bijou. Pas besoin de faire semblant d’être quelqu’un d’autres avec elle, il suffisait de rester soi-même. Elle n’était pas matérialiste, ni même cupide comme d’autres et puis, c’était bien ainsi. Je levais les yeux rapidement sur le soleil qui s’amusait à jouer de ses rayons qui diaprait le paysage.

C’était beau. j’aimais voir les nuances que pouvaient créer cet astre, c’était apaisant pour moi. Un sentiment de sécurité que tout allait bien ainsi, que rien ne pouvait m’arriver. Une protection peut-être. Mais en même temps, un besoin psychologique. On dit bien souvent que dès que l’automne vient les gens vont mal, donc c’est grâce au soleil que les sourires naissent plus facilement. Alors je me dois d’aimer la chaleur qu’il nous procure. Je reposais mon regard sur mon amie, gardant un sourire sur mes lèvres en la scrutant pour m’assurer des mes propres prunelles de son état de santé. J’appréciais qu’elle me rende mon étreinte après tout, cela voulait sans doute qu’elle allait bien non ? Enfin, j’avais l’impression que c’était le cas mais je voulais entendre une confirmation orale de mes jugements avant d’être totalement détendu.

J’avais aimé entendre le rire qui s’était évadé de ses lèvres, c’était plaisant à entendre et confirmais que Edwige allait bien, peut-être à cause de moi ou alors grâce au soleil. Je vais arrêter le soleil oui je sais, je ne suis pas un fils d’Apollon. Mes yeux suivirent son regard qui remarquait visiblement la catastrophe ambulante que j’étais. J’hochai la tête gardant mon sourire, « Je vais bien, par contre je crois que l’arc et les flèches me font la gueule. » Je lui lançai un petit clin d’oeil. Je n’avais pas honte d’être définitivement nul. On ne pouvait pas être fort partout. Mais au moins, je ne pouvais pas tomber mieux que sur elle pour m’aider à dépasser ce petit soucis - ce grand soucis admettons - et que j’arrive au moins à toucher voir effleurer le cadre, ce serait vraiment bien. Je la suivis du regard, étant content qu’elle accepte ma demande. « Je ferai tout ce que tu veux si tu parviens à me faire réussir un tir sur cinq. » ajoutai-je avec un petit rire, « Presque tout en fait. » réfléchissant à mes paroles, il faut toujours se méfier des demoiselles, on ne sait jamais. Je m’écartai pour lui laisser la place.

Me glissant légèrement à l’écart mais assez proche pour observer sa posture et sa façon de tirer. Je devais essayer d’imprimer tout ça dans ma tête pour l’imiter. La flèche fila, traçant un ligne parfaite avant de se ficher au centre. Je la regardai en secouant la tête, « Dis-moi que c’était un coup de chance ? », avant de prendre l’arc et de prendre sa place. J’essayais de me rappeler comment mon amie s’y était prise mais ce n’était pas évident. La posture n’était sans doute pas parfaite. Je tirais sur la corde jusqu’à la hauteur du début de mon nez, hauteur de mon oeil, sans doute. Je pris surement un peu trop de temps et la corde avait du se relâcher car ma flèche se ficha dans le sol devant la cible. Je baissai mon arme et regardai mon amie. « C’est pas gagné. Qu’est-ce que j’ai fait faux Ô grande archère ? ». J’attendais avec impatience son verdict car je voulais absolument parvenir à arrêter de me ridiculiser à chaque entrainement. A croire que j’avais des problèmes de vues ou alors d’évaluations des distances. Enfin, je comptais sur Edwige pour me corriger et d’après moi, il n’y avait pas de meilleur prof qu’elle. Elle pouvait faire de moi un archer potable. Enfin, je l’espérais, si mon cas était trop désespéré disons que ça compliquerait un peu les choses.