Le ciel est réveillé, alors moi aussi je suis réveillée [Emy]

Des expériences bidon ? Bien sûr que non.  C’était pas du tout son genre à Emy. Et non, on ne comptait pas la fois où elle avait malencontreusement versé de la glue extra forte dans les bottes d’une fille du bungalow d’Aphro, juste parce que… Bon sang, vous aviez juste jeté un petit coup d’œil à ces bottes ? Comment on pourrait réellement porter le mélange entre les poils d’un dahu et du soutien-gorge de Paris Hilton à chaque pied ? Incompréhensible. Emy avait juste pensé que personne n’avait osé lui dire, et avait décidé de lui rendre service. Les choses avaient juste un peu mal tourné lorsque la jeune fille avait grillé Emy et le lui avait fait payer. Bah, un détail, voulez-vous, et puis la fille d’hermès n’était pas rancunière. Sans compter que voir la meuf aux bottes la poursuivre, coincée dans ses pompes, ça l’avait empêché de courir vraiment. Et ouais, les éclats de rire successifs à chaque pas, en général, ça aide pas des masses. Enfin peu importe. Le fait est qu’Emy ne faisait pas tant de blagues que ça, ou alors, ça partait touuuuujours d’une bonne intention. Les gens ont besoin de rire, surtout durant cette période plus sombre, qui la laissait parfois pensive. Fait étrange quand on connaissait le cas que représentait la demoiselle, mais que voulez-vous, on n’a pas tous le ciboulot qu’il faut pour remplir des thèses à la noix dont le titre seul n’est pas mémorisable.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’Emy n’est pas méchante, mais alors pas du tout. Le sourire très facile, elle est plutôt du genre à sautiller plus qu’à marcher normalement. Sûrement un lutin de Cornouailles dans son arbre généalogique. Elle aurait préféré tenir de la fée clochette, surtout qu’avec ses ailes, ça aurait été plus logique, mais les souhaits, ça fonctionne que si on a des bougies sur un gâteau d’anniversaire. Manque de bol, elle en avait jamais eu. De gâteaux d’anniversaire, hein, pas de bougies. Remarque, pas sûre qu’elle en ait déjà eu aussi, après réflexion. Du coup, piégée dans un monde féérique avec des bougies qui volent en portant des soutifs roses, la gamine dormait. Mais alors bien comme il faut. De toutes façons, elle n’avait jamais été du matin. Tout le monde savait ça. Et c’était bizarre quand on y songeait un peu, parce que mine de rien, énergique comme elle était, on aurait tout de même imaginé que la mini-speedy-gonzales serait du genre à se lever d’un coup pour aller vadrouiller comme elle en avait l’habitude. Et beeeeeen non La réveiller, c’est comme empêcher Michelangelo de manger des pizzas avant de l’obliger à mettre un bandana bleu, et troquer ses nunchakus contre une cuillère à café. C’est comme demander à Obélix de se séparer d’Idéfix et de ne plus frapper de romains. En clair, c’est quasiment mission impossible. Faut la comprendre aussi, un matelas, c’est le bonheur. Ajoutez à cela, une couette toute douce, un oreiller moelleux, et vous pouvez déclencher l’apocalypse à côté d’elle, Emy ne se réveillera pas. Ou ne sortira pas du lit. Au choix. En soi, être une fille d’Hermès, c’était pas trop compliqué. Suffisait d’accepter l’expression « Tout et N’importe quoi. » Surtout le N’importe quoi, en vérité.

Apparemment, Lily avait accepté. En même temps, Emy se souvenait pas trop lui avoir laissé le choix mais ce n’était qu’un détail, héhé. La blondinette avait vu à son arrivée, une foldingue au sourire jusqu’aux oreilles venir à son encontre en lui demandant directement. « Hey, c’est toi celle qui s’appelle Rose ? » De l’innocence jusqu’aux bouts des ongles, elle ne reflétait aucune méchanceté dans son interrogation. Mieux, elle avait continué sans lui laisser le temps d’en placer une. « Parce que moi aussi, j’ai Rose en second prénom. Pas le premier hein, le deuxième. Bon, normalement, y a un tiret, mais les gens ont pas trop de mémoire, alors je préfère dire Emy. Donc, appelle-moi Emy. Et si c’est bien toi, j’me suis dit qu’on pourrait devenir amies. » Une attente dans le regard, une sorte de candeur qui n’appelait à aucune attaque. Parce qu’en général, devant Emy et son sourire, c’était un peu difficile de faire son total ronchon. Ou de s’en prendre à elle. Après tout, la gamine ne veut que le bien de ceux qui l’entourent. Du coup, quand la réponse de la demoiselle avait été positive, son sourire s’était agrandi – si c’était possible – et elle avait murmuré un « Rosie, je vais t’appeler Rosie. » Sa voix avait été douce et presque tendre, avant qu’elle se détourne d’un coup, un index sous le menton en mode Sherlock Holmes. Ou Détective Conan. « Ou Lila. C’est joli le Lila. Géranium, c’est moche par contre. Tu aimes le Lys ? »

Et nous voici donc quelques mois plus tard, dans le bungalow des Hermès, à une heure trop matinale. Ouais, en dessous de 11h, c’est trop tôt, chut. Une voix mélodieuse – quoique super chiante à cette heure – traversa les nuages violets de l’esprit d’Emy, tirant un grognement peu humanesque de la jeune fille. « Hhdhkjhaaaanhgdejhchut » Elle n’ouvrit même pas les yeux, c’est pour dire. Deux, trois éclats de rire firent échos à sa réponse, mais elle n’en fit pas grand cas. Dans sa fratrie, ils étaient tous un peu spéciaux. Alors bon… On s’en fout ?

« Pas footing. Stop. Couette merveilleuse. Stop. T’as ramené du choco ? »

Ouais. Capacités cérébrales sous développées, ou comment annoncer un « Bonjour, c’est le matin »

Ce qu’il faut savoir avec le sommeil, c’est qu’il y en a jamais trop. Un petit paradis = une couette + un bon matelas. Peu importe qu’il pleuve, qu’il y ait du bruit, ou qu’une petite chose à l’énergie bien réelle tente de la tirer de son lit magnifique. Aux rires qu’elle entendit, Emy n’eut pas de mal à comprendre que ses frères et sœurs l’avaient vu réagir. Tous connaissaient sa dépendance au sommeil, et donc y étaient habitués. Mais que Lily la défendent encore après ces derniers mois, ça lui faisait chaud au cœur. Elle était mignonne, Lily. Et courageuse. Et elle n’avait pas sa langue dans sa poche, ce qui lui plaisait beaucoup, beaucoup, beaucoup ! « Y en aura d’auuuuuuuuutreuh. » Elle avait confiance. Autant Lily faisait preuve de joie de vivre tonifiante, autant elle ne se laissait pas abattre et pouvait foncer dans le tas. Hum… Foncer dans le tas… Elle n’allait quand même s’en prendre aux enfants d’Hermès, hein ? Ce serait trop à ses risques et périls ça Ouvrant un œil paresseux mais tout de même un peu curieux – si elle était discrète, peut-être qu’on ne verrait pas sa paupière se soulever ? – histoire d’évaluer la situation. Elle remarqua donc sans mal la demoiselle postée près de son lit, les yeux lançant des éclairs – attention, c’est joli mais dangereux les éclairs Sauf ceux au chocolat – et la tête de certains des membres de sa fratrie. Ouvrant le deuxième œil, surtout parce qu’il était jaloux en fait, elle finit par maugréer un peu pour la forme. Et se redressa avec une lassitude claaaaairement visible. Pour se prendre de l’eau FROIDE dans la tronche.

…

« Lilyyyyyyy ! » Elle tremblait déjà, c’est malin ! Et elle ressemblait à une sorte de petit chaton trempé tout frigorifié. Redressant la tête vers elle, elle lui jeta un coup d’œil par en-dessous, alors qu’elle était toujours assise, et Lily, debout. Ouais, elle ressemblait vraiment à rien, et les rires avaient redoublé. Bah, ça la dérangeait pas Emy, elle aimait ça en fait. Son débardeur de nuit se plaqua à son corps et elle frémit avant de… avant de… « Aaaatchoum ! » Ah ben voilà. Encore mieux ! Aussitôt, refusant tout net d’être malade, la jeune fille quitta le lit et se secoua, ses longs cheveux tournant avec elle, et tant pis si elle mouillait Lily au passage. Hé hé. Là, avec le mouvement, elle ressemblait vraiment à un animal abandonné qui aurait pris les égouts pour sa maison. Eternuant encore une fois – la dernière – Emy finit par percuter. Et se figer entièrement. Lentement, son visage se tourna vers la demoiselle qui attaque au jet d’eau – oui, une bouteille, c’était la même chose – et elle croisa son regard. Penchant la tête sur le côté, elle ouvrit la bouche. « Choco ? » D’un ton tout sauf humain. Comme en pilotage automatique en fait. Faisant un pas vers elle, Emy ne la quittait pas des yeux. Avant de regarder ses poches. « Choco ? » Et PAF elle se reprit un oreiller dans la tronche. La moue un peu boudeuse, elle tourna la tête vers l’un de ses frères et lui tira la langue puérilement, avant de sourire un peu plus humainement à Lily. « Laisse-moi me débarbouiller, et je suis à toi ! » Un grand sourire aux lèvres, elle sauta par-dessus son lit, parce que c’était plus rapide pour rejoindre la salle de bain. « Laissez-moi passeeeeeeeer ! »

Rapidement, elle fila sous la douche, profitant de l’eau froide – oui quand vous êtes nombreux dans un bungalow, comptez pas sur l’eau chaude les gars – du coup, ce fut assez rapide hein. Séchée avec vivacité, la jeune fille sauta dans un t-shirt orange et un jogging en coton vert sapin . Elle redressa ses cheveux en une queue de cheval bien serrée, et sortit après s’être brossé ses petites canines de démon tout mignon. (Oh dieu xD) Rejoignant sa pote, la lève-tôt, Emy lui sourit encore une fois, pas rancunière pour un sou. « Je suis prête ! On va où ? » Ouais parce qu’elle avait entendu un truc à propos d’une forêt, mais ça lui plaisait que moyennement. Y avait pas de bestioles là-dedans ? Bon okay, il faisait jour, et Emy était passée maitresse dans l’art de la fuite, m’enfin bon, c’était une raison pour aller au-devant des dangers ? Attendez… Arrêt sur image… MAIS GRAVE QUE C’EST UNE BONNE RAISON ! Se mettant à sautiller sur place, la gamine enchaîna aussitôt : « On va dans la forêt, dis ? Dis, dis, dis ? » Maintenant, elle mourrait d’envie d’y aller. Au pire, elle chopperait Lily dans ses bras et décollerait dans les airs. Oui, elle n’aimait pas trop se battre. Mais plutôt contre des gens en fait. Là, les monstres, c’était drôle. Et ça tonifiait la santé, un peu. Beaucoup. Emy n’aimait pas courir plus que ça – mauvais souvenirs, blablabla, on s’en fout – mais pour Lily, elle ferait un effort. C’était pas dur en même temps. Il suffisait qu’elle regarde la demoiselle pour être attendrie. Ouaip, elle l’aimait bien sa pote.

Un jour, il faudrait vraiment qu’elle puisse tester les douches chaudes. Sérieux, quand les gens en parlaient, ça avait l’air tellement bien qu’elle hésitait à voler un portefeuille suffisamment garni pour pouvoir se payer une chambre. Mais qui dit chambre, dit hôtel, dit caméra, dit rue, voiture, pingouin, frites au ketchup. Bref, rien de bien sécurisant. Donc, elle restait à la colonie, ça valait mieux. Et puis bon, c’était pas comme s’il n’y avait pas tout ce dont elle avait besoin ici – outre l’eau chaude donc – alors elle pouvait faire l’impasse sur un bon bain déstressant. Ouais, madame peut être stressée aussi, faut pas croire. Dès fois, même, quand elle se trouve un peu – beaucoup – perdu en forêt, elle est tellement stressée qu’elle en vient à parler aux petits lapins pour qu’ils l’aident à retrouver son chemin. Est-ce qu’il y aurait des lapins dans la forêt aujourd’hui, pendant la promenade ? Bon, en même temps, elle n’avait pas non plus prévu de paumer Lily, hein. Hum, nan, après délibération du jury, ce ne serait pas cool du tout. Donc, on reporte l’idée de faire la causette à panpan et on se reconcentre un peu sur la situation. Qui l’amenait à se poser la question suivante : Qu’est-ce qu’il avait son pantalon ? Incrédule quant à la réaction de son amie, elle finit par donner suite à ses pensées :

« Il a quoi mon pantalon ? » Oui, pas très recherché, mais pourquoi chercher au compliqué quand on parle déjà si bien avec une trentaine de mots différents ? En plus : « Je suis de la même couleur que les arbres, c’est trop bien ! » Ben ouais. Okay, elle l’avait pas fait exprès, mais cela reste un détail, voyons. Il n’y a pas à se poser quinze mille questions non plus. Sans compter qu’elle n’y connaissait rien en mode, et que Lily le savait très bien. Alors pourquoi espérer encore aujourd’hui ? Il n’y aurait aucun miracle, hein. Et comme elle refusait tout net de faire du shopping – ouais les magasins aussi, elle évitait – ben voilà, Lily allait devoir se contenter du pauvre machin qu’Emy trouvait cool elle. Et pis, c’est tout. Faisant un coucou aux demi-dieux restés dans le bungalow, elle sortit à la suite de sa poto incendiaire mais avec de l’eau – ouais quand on connait pas le mot, on trouve de super images – et se planta à ses côtés. Cho-co-lat. Elle les avait bien mérités ! Rosie ne semblait pas avoir oublié d’ailleurs puisqu’elle en tira deux de ses poches avant de les tendre à l’affamée de service. La fille d’Hermès les captura entre ses petites mimines toutes fines, pour les manger comme s’il s’agissait d’un met des plus délicats auquel elle n’avait pas souvent le droit. Bon sang, que c’était bon. Un eden dans la bouche quoi. La saveur apaisante du chocolat fondit sur sa langue, alors qu’elle savourait ce délice pour les papilles. Et cela acheva de la réveiller. Emy effaça toute trace de ses deux victimes avant de se tourner vers son amie, et de lui sourire chaleureusement. « C’est bon. On peut y aller, je suis opérationnelle ! »

Et elle commença à marcher en direction de la forêt, tout en babillant joyeusement. « Si jamais, tu en as d’autres, n’hésite pas, hein. Il faudrait quand même pas qu’ils fondent dans ta poche hein D’ailleurs, il est quelle heure, tu sais ? Et Matthew va bien ? Tu es allé le voir ? Tu veux qu’on aille de quel côté alors ? Pas trop loin non plus, sinon mes ailes pourront pas passer à travers les branches, s’il y a besoin. Alors ? » Ouais, elle ne cessait jamais. Mais bon, il y avait tellement de demi-dieux à problèmes dans cette colonie qu’il n’y avait jamais trop de bavardages hein. Entre les dépressifs, les « je déteste mon parent divin », les colériques, ou encore, les revanchards et les solitaires, ils étaient servis. Alors voilà, Emy voulait rire un peu. Et tant pis si ça ne plaisait pas. Au pire, Lily lui dirait de la fermer, et elle ferait – peut-être – un effort. Ouais, parce qu’elle avait beau l’aime sa petite Rosie, elle aimait quand même beaucoup parler, hein. Donc, où aller ? Là était la question. Elle laisserait sa camarade décider, elle était pas chiante pour ça Emy. Pas une suiveuse pour être une suiveuse, juste que prendre les décisions, ben, son égo il s’en carrait le coquillard, mais alors bien comme il faut. Elle restait une libre penseuse, manquait parfois de tact, de finesse ou de maturité, mais oui, elle ne pliait pas. Marchant avec son amie jusqu’à la forêt, elle s’arrêtait au seuil, attendant la décision de la fille d’Aphrodite. « Aaaaaaah ! Le vert que t’aimes pas, ça a un rapport avec ta maman, ou pas du tout en fait ? » Oui, parce que bon, elle avait zappé ce détail. Mais en même temps, ce n’était pas comme si Lily kiffait tous ces trucs-là aussi.

Le pratique, y a que ça de vrai ! Okay, le côté beau, cool, tendance, et blablabla, ça pouvait être sympa aussi. Pour des personnes qui y accordaient de l’importance. Ou qui y connaissaient quelque chose. Et franchement, c’est pas du tout le cas d’Emy. D’ailleurs, ça se voyait hein Lily avait sûrement abandonné depuis le temps. Oui, c’est vrai qu’elles se connaissaient depuis quelques mois, enfin depuis l’arrivée de la blondinette quoi, mais elles se comprenaient si bien qu’en fait, ça faisait plus. Genre, des mois et quelques années, vous voyez le truc ? Bien, vous êtes gentils. Donc, les formes et les couleurs, nous disions ? C’est vrai que ce vert sapin permettait un certain camouflage super chouette, le seul truc qui clochait, c’était le t-shirt. Mais en même temps, ce n’est pas vraiment comme s’ils avaient trop le choix. Hein ? La plupart ne mettent pas le vêtement de Casimir ? Quoi, comment ça, on l’avait pas prévenu ? Woh ! Pourquoi elle était toujours la dernière au courant, en fait ? Emy se mordit la lèvre inférieure, en sachant qu’on lui avait peut-être déjà dit, ou qu’elle avait sûrement déjà croisé des gens ne portant pas le fameux tee-shirt symbolistique. Si, ça existe comme mot. Comme elle ne s’en souvenait que maintenant, la demoiselle ne ferait pas demi-tour. Et puis, ce n’était pas comme si ça la dérangeait, hein. Elle était contente, elle, de son super jogging confortable, et de son haut qui la laissait libre de ses mouvements. Un peu trop grand, pile ce qu’il lui fallait. Woh. Elle avait beaucoup parlé Lily… Et la fillette n’avait pas tout retenu. Mais c’était pas grave, parce qu’elle aimait bien quand sa pote parlait. Rosie avait une jolie voix, et ça lui donnait envie de sourire affectueusement lorsqu’elle l’entendait partir loin comme ça. Ahem, donc de quoi avait-elle parlé ? Un truc sur la couleur des vêtements de chaque camp, tiens. Comme quoi, la télépathie fonctionnait peut-être entre amies. C’est vrai que le violet, c’était joli aussi. Le gris, c’était un peu triste par contre. Et elle en avait déjà beaucoup porté. Pour ça que ses chaussettes étaient de toutes les couleurs. Pour pouvoir profiter à son aise, sans que cela ne se remarque de trop. Comme Lily semblait tout de même attendre une réponse, Emy émit un quelconque : « Demande à Chiron, ou fais passer un vote, je suis sûre que… Euh… Tout le monde n’aime pas le orange ? » Bon, elle, elle aimait bien, mais elle pouvait comprendre que ce ne soit pas le cas pour tous, hein. Et puis, Chiron était plutôt compréhensif, alors Emy ne doutait pas trop de l’entreprise de son amie. Mais elle ne s’était pas avancée davantage, parce que comme dit plus haut, elle n’était clairement pas une pro, question mode.

Et elle avait tout répondu d’un coup à ses questions. Chapeaaaaaaau. A son souvenir, à la colonie, il n’y avait que Lily qui était capable d’une telle prouesse. C’était drôle de la tester de temps à autre. Est-ce qu’elle pourrait faire pire, pour voir ? Naaaan, elle allait commencer par se souvenir des réponses, hein. D’où l’intérêt accordé au prénom Matthew. Lily n’était pas allé le voir ? Inquiétude. Oui, de l’inquiétude dans sa voix. Mais pourquoi ? Emy réfléchissait, pas très très habituée aux trucs des couples… Les sentiments amoureux, elle connaissait pas. Elle n’avait jamais été amoureuse, déjà, donc bon, ça calmait direct. Mais elle avait un cerveau, non ? Si, si, je confirme, sinon elle ne serait pas en mesure de se diriger vers la forêt et de s’y enfoncer plus profondément. Question de logique. Donc, réfléchissons. Lily aimait beaucoup Matthew. Matthew aimait beaucoup Lily. Si, ça, elle le savait parce qu’elle avait vu la manière dont le garçon regardait son amie. Fallait pas être trop idiot pour saisir qu’il la considérait comme une des merveilles de ce monde. Soit ça, soit c’était un psychopathe accroc aux petites blondes et qu’il comptait la kidnapper pour l’emmener dans un coin reculé de la Patagonie. Remarque, vu comme Lily, le regardait elle, pas sûre que ça la dérange de trop. M’enfin, si la version psychopathe de Matthew souhaitait la tuer, et la torturer – voire pas dans ce sens là – ben, tout le monde serait bien embêté. Enfin, quelque chose disait à Emy que rien de tout ceci n’était réel, et que Matthew aimait vraiment la fille d’Aphrodite. Donc, elle en vint à cette conclusion : « Il te détestera jamais. Sinon, il te regarderait pas comme ça. » Lui en demander pas plus, elle n’en était pas capable. Les choses de l’amour, vous dis-je, lui étaient pas mal étrangères.

Pour les ailes, et le choco, c’était autre chose. Deux domaines qu’elle connaissait parfaitement. Un tatouage dans le dos, liant ses omoplates, invisible avec un t-shirt comme celui-ci, cachait ses ailes. Pour le choco, c’était une parfaite histoire d’amour. Et Lily le savait. « Je fais toujours attention avec elles. » Oui, oui, oui, contrairement à ce que disaient les gens, elle n’était pas toujours inconsciente, hein. « Ben, t’es douée en trucs comme ça, alors ça aurait été possible, hein. Et si tu as encore des chocos, je suis pas contre. » S’enfonçant sous le couvert des arbres, elle regardait partout en bondissant légèrement, sautillant à son habitude, et gardant de temps à autre, un œil sur Lily. Celle-ci semblait pensive, et Emy ne voulait pas la déranger. Elle espérait juste qu’elle n’était pas inquiète quant à sa relation avec le garçon, parce que ce sentiment n’aurait pas lieu d’être. « Prête ? » Demanda-t-elle tout à coup, un grand sourire aux lèvres. Elles étaient venues en ces lieux pour courir, non ? Alors, courons. La demoiselle, fille du dieu des marchands – et très accessoirement des voleurs – accéléra la cadence, pour monter à un léger trot. Il était logique d’y aller doucement pour débuter la séance de footing, mais bon, l’impatience de la gamine montra le bout de son nez, et elle finit par augmenter un peu la foulée. Lily pourrait tenir, elle n’avait aucun doute là-dessus. Distraitement, elle tourna d’ailleurs la tête pour lui offrir un grand sourire, avant de se concentrer sur la forêt, et son allure. Courir lui rappelait des souvenirs, c’est vrai. Mais là, elle était avec Lily. Donc, tout allait bien.

Les trucs de couple… Emy devrait lire un bouquin à ce sujet, juste histoire de se tenir un minimum informée. Mais étrangement, cela ne l’attirait pas plus que ça. Elle avait conscience que certaines personnes se liaient d’une certaine façon avec d’autres, et que naissait le machin appelé l’amour avec un grand A entre eux, mais de là à en connaitre une réelle définition, autant dire que ce n’était clairement pas le cas. En même temps, est-ce qu’il était nécessaire d’être à la page de ce côté-ci, hein ? Il n’était inscrit nulle part qu’il faille obligatoirement se mettre au courant des derniers potions en matière d’union bizarre, de codes ou encore de parfums adéquates pour plaire aux garçons. Rien que ce détail la chamboulait. Plaire à un garçon ? Kézako ? Pourquoi faire ? A la rigueur, Emy savait que si on était… vraiment gentil avec quelqu’un, il pourrait vous laisser entrer dans un bâtiment non accessible, sans dire à quiconque qu’il vous avait vu. Ouais, mais là, il fallait être sympa quoi. Le truc de base. Le souci, c’est qu’elle avait beau tenter de superposer ses maigres connaissances à la situation de Lily, ben… ça donnait pas grand-chose. Mais alors pas grand-chose du tout. Ce qu’il se passait, ce qu’il existait entre sa cops’ et le mécano, c’était un mystère qui n’appartenait qu’à eux. Un peu comme une bulle, ou un machin dans ces eaux-là. En somme, ça ne la choquait pas. Après tout, tout le monde a ses secrets, et elle ne dérogeait pas à la règle, alors pourquoi n’existerait-il pas de réalité exclusive à deux ou trois personnes déjà nommées ? Pour Emy, c’était parfaitement normal. Et ça ne cherchait aucune explication. Seulement, elle ne pourrait vraiment définir de quoi il s’agissait. Sous-entendu pour faire comprendre qu’elle n’a jamais été amoureuse. A dire vrai, la gamine ne sait même pas ce que c’est. Elle a déjà entendu le mot, mais sans s’y arrêter plus que ça, non plus. Depuis trois ans qu’elle se trouve en ces lieux, il y a beaucoup de termes qu’elle a entendus en vérité. Des mots plus… compliqués que d’autres, avec une consonance adulte, qui la renseignait quant au terme abordé. Mais ça ne l’intéressait pas plus que ça. Elle n’en faisait pas grand cas. Lily avait bien essayé de lui parler de garçons, mais Emy avait tourné court. Elle n’était pas amoureuse et franchement, pour être sincère, elle ne pensait pas que ce truc lui arriverait un jour. Pas quand elle regarde de quoi il s’agit à peu près, auprès du couple Lily et Matt. Ouais, elle les avait déjà vu s’embrasser, et avait tu sa curiosité avant de finalement, oublier. Instinctivement, elle savait que ça ne la concernait pas, et que ce sujet ne la toucherait pas. Pas maintenant, en tout cas.

« Tu peux parler de lui, ça me dérange pas. » C’était vrai, mais elle avait accompagné sa phrase d’un haussement d’épaules nonchalant. Parce que pour dire vrai, elle ne pouvait pas vraiment être d’une grande aide à Lily. Pour ça, elle avait Hailey, avec qui elle était très proche. Les deux jeunes filles pouvaient parler de chose et d’autre, et Emy en avait parfaitement conscience. Ca ne la dérangeait pas que Lily préfère aborder ces sujets avec Hailey, au contraire. Sachant combien elle pouvait être une quiche dans certains domaines, ou juste pour être sérieuse, Emy était soulagée que Lily puisse se confier à quelqu’un qui pouvait la conseiller, tout en l’écoutant avec sincérité. Oh, l’écouter n’était pas un problème, hein C’était plutôt la deuxième partie qui n’était pas accessible à Emy. Comme si elle n’abordait pas le monde de la même façon que les autres. Sa conception de certaines valeurs ne pouvait l’aider à appréhender la vie de manière dite normale. Alors oui, elle était soulagée et heureuse que Rosie se soit trouvé quelqu’un de bien. Et puis, elle n’était pas jalouse – oui, elle connaissait ce terme après avoir écouté pendant ces trois années les filles de tous les bungalows – ne pouvant se permettre cela, et sachant inconsciemment que ce serait inutile pour elle. Sans compter que la fille d’Hermès ne savait pas de quoi demain serait fait… Elle avait bien une petite idée – juste une petite, un peu floue, et terrifiante aussi – mais elle préférait la mettre de côté et profiter de ce qu’elle avait la chance de vivre pour le moment.

Courir. C’était l’idée. Emy en avait déjà marre pour dire vrai. Pas qu’elle soit essouflée ou fatiguée, mais elle trouvait ça juste chiant. En plus, quand tu cours avec une motivation, ou juste pour envie de profiter de l’air pur, ben, c’est cool, tu as envie d’aller plus loin et tout, mais là, elle courait pour faire un fichu footing. Si vous vouliez son avis, même le mot était moche. Un footing. On dirait un mélange de football et pudding, genre un truc dégueu en forme de ballon. Pouffant à sa pensée plus stupide que la précédente, Emy remarqua que Lily l’avait dépassé. Souriant légèrement à ce constat, elle resta derrière, appréciant l’idée qu’elle puisse suivre ses pas. La fillette n’était pas un mouton, clairement pas, mais elle avait confiance en sa rosie, et puis, observer ses pieds avancer en rythme ne ferait que la motiver à continuer cette activité un peu inutile. Du coup, tranquillement, elle calqua son pas à celui de la blondinette, le visage satisfait. Là, c’était chouette. Bien mieux. Croisant le regard de la demoiselle devant elle, Emy lui offrit un sourire apaisant. « L’amour est le plus des grands des pouvoirs. » Commença-t-elle. « J’crois que j’ai vu ça dans un film. Mais j’sais plus lequel. » Maintenant pensive, elle se passa en mémoire tous les films qu’elle avait pu voir, et elle qui aimait ça… Ben, ça en faisait un paquet. « Hey ! C’est pas papy Dumby qui dit ça ? Tu crois qu’il cache des trucs dans sa barbe ? » Inspirant profondément pour faire la moue, tout en continuant à courir l’air de rien, Emy bavardait : « Ce vieux bonhomme doit y planquer des bonbons au citron. Je suis sûre qu’il en est accroc. »

Vous ai-je parlé des films ? Non ? Hum, c’est une grave erreur que je me dois de corriger sans attendre. Pour faire simple : Les films et Emy, c’est une très grande histoire d’amour. Vous voyez, l’amour dont on parlait là, avec le fameux grand A ? Et bien voilà. Il était destiné à l’art du cinéma. Emy a passé de longues heures, de longues journées devant un écran à dévorer des scénarios plus fous les uns que les autres. Si on l’écoutait, on pourrait se planquer dans un cinéma pour suivre toutes les séances. Elle regardait ces images défiler avec cette lueur d’innocence dans les yeux qui ne s’amenuisait jamais. Film après film, elle restait admirative de toutes ces histoires, de tout ce génie que l’être humain peut mettre dans la création d’une œuvre cinématographique. Oh, ça lui arrivait de pleurer, mais les autres étaient là pour elle. Par les autres, elle n’entendait pas les demi-dieux, non, elle parlait des… des autres. Et puis de toute façon, elle ne visionne plus beaucoup de film depuis qu’elle est ici. C’est un passé révolu, qui lui manque, certes, mais dont elle n’a pas grande occasion de faire revivre. Parfois, quand elle est triste sans le montrer, qu’elle est nostalgique et légèrement perdue, Emy va en regarder un chez Chiron. Elle aime bien le centaure, l’a toujours aimé. Et il est un des rares avec lequel, elle se comporte avec un peu plus de sérieux. Chiron a toujours eu tout son respect, de par le fait qu’il est celui qui lui a tout expliqué, mais… Bon sang, le gars, c’est un centaure ! Hey ho ! Touuuut le monde ! Chiron a le corps d’un che-val-euh. C’est quand même dingue ça, de quoi en rester sur les fesses. Et puis bon, le fait qu’il la laisse utiliser son magnéto aidait pas mal à l’apprécier, hein. C’est rare qu’elle en regarde avec ceux de la colo, même son frère ou Rosie. C’est plutôt un moment à elle, pour ne pas oublier, encore une fois. Alors concernant sa culture des films, on peut dire que… Ouais, elle aimait beaucoup ça. Emy en connaissait un paquet, enfin quelques-uns quoi, mais suffisamment pour ne pas être trop paumée quand on parlait des classiques. Et excusez-moi du peu, mais Harry Potter est un grand classique. D’ailleurs le dernier volet, enfin sa première partie, sortait en novembre prochain et Emy comptait bien aller squatter la Grosse Pomme pour se trouver un cinéma digne de ce nom. Et tant pis si c’était risqué hein. On parle quand même de Harry Potter là, faudrait revoir ses priorités.

« Ben, le citron, c’est acide » Répondit-elle comme si c’était la logique la plus simple du monde. En voyant l’air de Lily, elle ajouta : « Et ça stimule le cerveau. » Avant de terminer par : « Et puis bon… Le citron quoi ! C’est juste trop bon ! Il allait pas cacher des bonbons à la vanille, ça fait trop fille pour Dumby. »

S’asseyant sagement à ses côtés, observant distraitement son amie rire, elle ne pouvait ôter le sourire au coin de ses lèvres devant ce spectacle. Contempler Rosie qui rigole, c’était juste ce qu’il fallait pour se sentir bien, se sentir pousser des ailes – des fausses cette fois hein – qui donnait la possibilité d’être tout léger. Emy était certaine que Matthew devait aimer ce rire. Parce que elle, elle l’adorait. Et elle aurait donné tout ce qu’elle avait pour que Lily rit encore. D’ailleurs, raconter n’importe quoi – même si dans son esprit, c’était clair, et qu’elle ne comprenait pas toujours pourquoi on lui demandait de répéter – faisait souvent pouffer sa blondinette. Et ça lui plaisait bien ça. Le regarde d’Emy ne lâcha pas le visage épanouie de son amie, et elle finit par reprendre la parole sur un ton taquin.

« Je me demande à quoi tu ressemblerais avec une barbe aussi longue. » Oui bon, elle aurait pu sortir de l’émotion, une sensiblerie quelconque qui aurait achevé Lily, mais ce n’était pas le cas. Imprévisible. Non pas parce qu’elle le voulait, mais parce que les choses étaient ainsi et que la gamine avait été programmée de cette manière. Rosie y était habituée à présent, et ne devait plus vraiment être étonnée de la façon dont la fillette changeait de sujet, ou abordait quelque chose bizarrement, ou encore quand elle sortait une question totalement en décalage avec la situation. Le truc, c’est que suivre les normes, c’était un peu chiant. Surtout quand il fallait les connaitre au préalable. Et… Oh, manque de pot, il n’existait pas de mode d’emploi pour la vie en société, rien qui aurait pu l’aider ou tout du moins l’aiguiller sur certaines marches à suivre dans telle ou telle situation. Comme quoi, elle ne devait pas être la seule à se paumer régulièrement, hein. Sauf que bon, chez elle… C’était visible. Peut-être trop.

Être allongée à, sous le couvert des arbres, laissant les quelques rayons du soleil capables de percer les feuillages encore drus pour cette époque de l’année, se poser sur leurs visages… Emy adorait. C’était juste ce qu’il lui fallait pour finir sa nuit. Effectivement, elle aurait pu aisément, nicher sa tête entre deux, trois brins d’herbes un peu plus sympathiques et hospitaliers que les autres et attendre là que les prochaines heures s’écoulent, sans qu’on ne puisse la retrouver. A moins de se perdre dans la forêt, cela va de soi. Pas qu’elles soient perdues elles-mêmes, loin de là, mais… Bon, okay, on pourrait la retrouver si on s’enfonçait d’à peine deux cent mètres dans la forêt. Ne leur jeter pas la pierre, après tout, elles n’avaient pas couru tant que ça. Et non, ce n’était pas la faute d’Emy, je vous retiens de dire cela. La gamine est capable de courir, son physique le prouve, et puis, c’est une demi-déesse alors rien que pour ça, elle devait se traîner dans son patrimoine génétique, tout un tas d’option « sports en tous genres ». A voir si elle avait des aptitudes avec le tennis, par exemple. Emy réfléchit rapidement, se demandant si elle ne préférerait pas tester le basket plutôt. Pas le football, oh ça non. Les placages, très peu pour elle. Non, le tennis ou le basket. Est-ce que Lily voudrait en essayer un avec elle ? Peut-être que les enfants d’Aphrodite ont un truc avec la danse, se demanda-t-elle, pensivement. Hey, ce serait logique, après tout. Ils étaient gracieux et franchement bien foutus, alors les imaginer en train de virevolter sur un plancher lustré, ça ne la choquait pas le moins du monde. Bon, elle allait y réfléchir, en se reposant, hein. Tant qu’on ne venait pas la chercher, avait-elle dit, elle pourrait profiter. Fermant les paupières tranquillement, elle soustraie donc sa vue au mélange nuages cachés / rayons du soleil / feuilles en veux-tu en voilà.

Mais ça, c’était sans compter la réponse de sa petite Lily. Hein ? Que ? Quoi ? Emy rouvrit les yeux illico, pour tourner la tête vers la blondinette. Celle-ci venait de lui proposer une réponse qui la laissa sans voix. Pour un court instant cependant, n’allez pas sauter de joie. Ses propos ne l’étonnèrent pas dans leur nombre ou leur logique, mais bien plus par leur signification. « Comment ça, Dumby est un raton-laveur ? On dirait plutôt un papa noël tout maigre ! Je suis sûre qu’il ne mange que ses bonbons et c’est pour ça qu’il n’a pas eu de force pour tenir face à la bague. S’il avait pris un bon steak ou du poulet comme RonRon, rien de tout ça ne serait arrivé. Aujourd’hui, il serait encore en vie, et avec deux mains. Pas le machin qui lui servait à curer les toilettes, à la fin. » Faut dire que la tronche de sa main dans le film, c’était clairement pas la joie. Où étaient-ils allés pêcher des images pareilles, elle n’en savait rien, elle n’avait pas lu le bouquin. En même temps, les livres, ça coûte cher, et c’est grave chiant. Surtout pour une demi-déesse qui ne tient pas en place. Ou alors, il faudrait qu’elle se trouve la version audio, genre, un mec qui lit le livre pour vous et le répête dans vos oreilles quand vous mettez des écouteurs. Ce serait vachement bien ça, comme truc ! Fière de son idée, Emy ajouta ce nouveau point sur sa liste mentale, qui commençait à s’allonger dangereusement. Il faut dire qu’après avoir repoussé pendant des mois de nettoyer sous son lit, de peur de rencontrer des moutons de poussières mangeurs de peluches, elle n’avait pas vraiment continué à respecter les points. Hum, un détail.

Et sur ce, elle tira la langue à Lily, parce que pour pouvoir parler malgré la main posée sur sa bouche, ben, elle n’avait rien trouvé de mieux que de la lui lécher. Et hop, libérée ! DELIVREEEEEE ! Ah non, ce film n’existe pas encore en 2010, bref passons. Donc, je disais, Emy sait que ce coup fonctionne à chaque fois. Enfin sauf si on est fous. Un peu comme Wyatt, son frère, en fait. Lui, elle savait qu’elle pouvait toujours faire ça, s’il avait décidé de quelque chose, il ne se détachera pas. Il n’y avait que des têtes de mules dans la famille, que voulez-vous. Le problème, c’est que Lily avait eu le temps de rajouter un autre paragraphe de paroles, et qu’Emy, ben… Elle a la mémoire courte. Du coup, alors qu’elle était concentrée sur la main posée sur sa bouche et au fait, d’entrouvrir suffisamment les lèvres et la lécher, il est possible qu’elle ait zappé quelques mots sur la seconde tirade. Il était question de père noël… de… cadeaux, hum, et de barbe. « Des cadeaux, trop cool ! Et on fera des dessins pour la déco ! Avec toutes nos aventures, comme ça, ce sera mieux que des photos, vachement plus personnel, tu vois ? On pourrait inviter les romains aussi. » Oubliant complètement que Lily l’avait déjà dit, ça. « Et je pourrais te voir avec une barbe ! J’suis sure que ça t’irait bien. » Ajouta-t-elle, des étoiles dans les yeux. « Haaaan ! Et tu pourrais cacher des chocolats dedans, pour que j’en ai tout le temps ! » Elle se redressa d’un coup, le poing levé vers le ciel, en poussant un cri de victoire, ne se rendant absolument pas compte qu’elle répétait quasiment les mêmes mots que la demoiselle aux cheveux d’or.

Comment ça elle voyait Zeus comme Dumby ? Ah mais non, mais non, mais non Triple Même ! Déjà, parlons de la barbe -__- Non mais sérieux, vous imaginez que Hera laisserait son époux avec une barbe de trente centimètres ? Emy n’était pas très douée en baisers – surtout qu’elle n’en avait jamais donné, faut dire – mais elle se doutait que ça devait piquer un tant soit peu, hein. Et puis, les restes d’ambroisie dans les brins de la barbe, ça devait pas être joli joli. Quoique le gris clair et la couleur framboise, ça peut être sympathique… Enfin, faudrait demander à Lily, c’est elle la spécialiste des couleurs, ne l’oublions pas. Remarquez, celle de Dumby, elle est blanche, alors peut-être que celle de Zeus l’était aussi, enfin encore une fois, s’il en avait une, hein. Et puis, le machin de trente centimètres qui pendouillent ( :mdrr: ), c’était pas franchement séduisant, et vu tout ce qu’elle entendait sur le Seigneur des Dieux, c’est bien qu’il devait plaire à toutes ces femmes, non ? Donc, s’il avait une barbe, elle ne devait pas être aussi longue que ça. Oh, sans compter que Dumby était vraaaaaiment vieux, genre tout fripé quoi, pas repassé en fait. Contrairement au Dieu Zeus qu’elle imaginait plutôt avoir la quarantaine, et pas 160 ans Sinon comment ses mythes pourraient être vraies, hein ? Concernant la main toute moche et décrépie du génialissime directeur de la plus grande des écoles de la terre entière – voire de l’univers si on y regarde bien – Emy avait dit la première chose qui lui était passée par la tête. En somme : n’importe quoi. Mais faut reconnaître que le moignon un peu calciné ne servirait plus vraiment à tenir la coupe du Tournoi des Trois Sorciers. Donc bon, au moins, elle lui avait donné une utilité.

« En même temps, vu l’état de sa mimine, faut pas viser trop haut. Déjà, pour dire bonjour, les gens pourront plus lui serrer la main... Enfin, pourront plus… Vu qu’il est mort, c’est le cas de le dire »

Baillant légèrement, elle recula après avoir bavé sur la main de son amie adorée et s’étira longuement. Elle sentit une légère ironie dans les propos de la demoiselle et se demanda si elle n’avait pas loupé un truc au passage. Est-ce que son manque flagrant de concentration l’aurait-elle peiné ? Arf, elle était désolée, vraiment, mais le sol était plus confortable qu’elle ne l’aurait cru. Et échapper à sa paume de main l’avait pas mal occupé aussi. Elle était douce sa main au passage. Est-ce que Lily faisait un truc pour ça ? Bon, même si elle n’aimait pas trop les filles superficielles et tout ça, la fille d’Aphrodite était tout de même vachement plus féminine qu’elle. Et ça se voyait. Suffisait de fixer ses joues, son front, pour remarquer que tout était lisse. Incroyable comme Lily était belle, même si cette dernière ne le dirait jamais. Hey, sa cop’ n’est pas prétentieuse, non mais oh. Et puis, même si elle ne voulait pas le reconnaitre, Emy pourrait toujours le lui répéter encore et encore, ça ne la dérangeait pas trop de dire la vérité. Dire des mensonges, par contre, c’était nettement plus chiant. Pas qu’elle en soit incapable, bien au contraire, c’était tout de même ce qui l’avait sauvé un nombre incalculable de fois, mais Lily était chère à son cœur, alors si elle pouvait éviter, ça serait pas plus mal. Pour le moment, elle n’avait jamais eu à le faire, et elle espérait bien que ça continue en ce sens.

Se redressant donc bien droite – pas avachie, hein, parce que non, Emy n’est pas une marmotte - elle jeta un coup d’œil amusé à son amie. « Tu as peur que ça ne lui plaise pas ? C’est sûr que la taille de sa barbe à lui, est bien plus correcte. Au moins, on voit encore son menton. » Ce n’était pas le cas de Dumby, ni de la version parallèle de Zeus version Lily. Observant les alentours, Emy inspira profondément les senteurs de la forêt. C’était réellement agréable de se trouver ici. Elle ne regrettait pas que la demoiselle l’ait forcé à se lever. Bon, il était trop tôt pour elle, mais maintenant qu’elle avait les yeux pleinement ouverts, elle voulait profiter. Emy se mit à marcher sur quelques mètres, revenant ensuite vers son amie, avant de faire une roue, juste pour voir. Avisant un arbre qui lui faisait de l’œil, ouais parce que les arbres qui ont de gros troncs sont de vrais dragueurs. Ceux qui en ont des petits aussi, en fait. Oui bon, ce n’est pas la taille qui compte, en vérité. Alors, sans prévenir, la fille d’Hermès se mit à courir vers l’arbre à toute vitesse, et attrapa la branche la plus basse à deux mètres avant de se tirer dessus. Ce n’était pas simple, mais elle aimait bien ce genre d’efforts. Arrivant à se hisser sur la branche, elle souffla un peu, avant de se mettre debout et de la longer, tout en évitant de se casser la tronche. Pas sûr que ça plaise à Lily, ce genre de plans. « Tu viens, Rosie ? A moins que les enfants d’Aphrodite n’aiment pas ce genre d’exercices ? » Ce à quoi, elle lui tira la langue, parce qu’elle aimait bien la taquiner. Tout simplement.

Dumby, c’était un peu comme un super héros des maisons de retraite. Emy le voyait bien avec une cape, zigzaguant entre les longues tables installées dans la salle de jeu, pendant que les pensionnaires joueraient au bingo. Et il chanterait des encouragements, avec de laisser libre son rire un peu trop malicieux pour être pleinement honnête. Elle avait toujours eu du mal à croire qu’il avait tout dit à Harry, parce que bon sang, un bonhomme comme lui, devait avoir des zillions de secrets ! Emy se demandait ce qu’ils apprendraient lors de la première partie du septième film. En fait, elle l’attendait avec tellement d’impatience qu’y penser lui donnait envie de déployer ses ailes et de faire des loopings dans le ciel. Han, en plus, il faisait beau ! Peut-être qu’elle pourrait aller voler après la balade ? Lily avait peut-être prévu autre chose. Une moue pensive au visage, elle essayait de se rappeler si Rosie lui avait soufflé un planning prévu, mais rien ne venait. Et si elle le lui avait dit, Emy avait tout oublié. Pour changer. Hum. Quand on amie souffla quelques mots à propos du grand manitou de la longue barbe, Emy esquissa un simple « oh » qui donnait une forme ronde et légèrement coquasse à ses lèvres. Lily ne l’aimait pas alors ? Parce que là, elle ne pourrait pas lui dire le contraire avec le ton de voix employé… M’enfin, Emy ne lui jetait pas la pierre, sachant instinctivement que Lily avait ses raisons. Sa Rosie ne détestait pas les gens pour rien, même pas les vieux messieurs barbus qui cachent des trucs ! Et comme elle n’y connaissait rien en intervention divine, elle préférait ne pas s’avancer à ce sujet, hein. Les religions et tout le toutim, c’était genre, juste méga flou dans sa tête.

« Tu rigoles, c’est toi qui peut tout lui dire ! Suffit que tu lui souris et il devient… Euh… Comment on dit ? » Emy chercha ses mots, essayant de trouver la bonne comparaison, mais ce n’était pas simple. Observer Matt’ évoluer dans une pièce quand Lily se trouvait dans le même espace, c’était comme regarder un papillon qui se tourne toujours vers la lumière. En l’occurrence, sa Lily. C’était beau à voir. Mais du coup, tu te sentais un peu hors du coup quoi. Pas que ça la dérange en même temps, c’est à peine si elle le remarque cette tension dans l’air. Et puis Lily ne la mettait jamais de côté, et Emy l’en remerciait pour ça. Du coup, une comparaison… « Ah ! Oui, c’est une glace qui fond au soleil ! » Toute contente d’avoir trouvé. « J’ai bon ? » A l’évocation des roses, la fille d’Hermès lui avait fait un sourire amusé mais n’avait rien rétorqué.

Et puis, maintenant, elles se trouvaient sur cette branche ! Lily avait relevé le défi, et la plus jeune des deux la regardait avec la fierté, et un certain amusement, il est vrai. Parce que la voir se cramponner à sa manière au tronc dans son dos, ça avait un petit côté mignon et attendrissant. Elle prit quelques secondes pour enregistrer cette scène dans sa mémoire – on sait jamais, ça pourrait toujours servir pour plus tard – et s’avança d’un pas vers elle, un sourire rassurant ornant ses lèvres. Emy ne la quittait pas des yeux, prête à agir si Lily se sentait mal. « Est-ce que ça va ? » Elle n’était pas inquiète, elle avait confiance dans les capacités de sa Rosie, mais elle préférait que cette dernière le lui dise elle-même, avec ses propres mots. Et peut-être aussi, qu’elle relâche ce pauvre arbre qui devait se demander pourquoi il avait le droit à une aussi jolie compagnie. En même temps, il n’allait pas s’en plaindre, hein. « Un jour, on pourrait jouer au foot, dans ce cas. Tu me montreras tes talents. » Souffla Emy, sans détourner son attention d’elle. Il y avait encore tant de choses qu’elles n’avaient pas faites ensemble, comme coudre une bannière pour soutenir leur équipe à capture l’étendard, conduire une voiture dans les rues de New-York, dessiner des pères noëls à grand barbe dans la neige, regarder un DVD ensemble, avec du pop-corn, lancer des confettis au bungalow des Héphaïstos pour les réveiller, jouer de la trompette et le faire bien, genre sans casser les oreilles, monter en haut de la tour Eiffel – même si commencer par la Statue de la Liberté lui semblait plus prudent – bref il y avait plein de choses qu’elles avaient encore à faire toutes les deux. Et Emy espérait qu’elles en aient la chance. Déjà, elles pouvaient rectifier certains manques dès maintenant. La brune sourit à la blonde, encourageante. « On n’a jamais volé ensemble… » Souplement, elle déploya ses ailes dans son dos après avoir déboutonné son t-shirt dans sa nuque, et attendit que sa meilleure amie lui prenne la main, ce geste ayant un double sens à présent. Qu’elle vienne avec elle, qu’elle lui fasse confiance. Pour voler.

Toutes deux tenaient à ce que l’autre reste en un seul morceau, et si vous voulez mon avis, ce n’est pas plus mal, hein. Histoire de pouvoir continuer à faire des super joggings au saut du lit, genre dès que le soleil se lève quoi. Non, non, sans aucuuuune exagération, voyons. Emy, elle adorait ce genre d’activités. Ahem. Enfin, elle pourrait les adorer tant que Lily n’était pas blessée. Ca, c’était vraiment pas cool comme idée. Même plutôt effrayant, en fait. Et l’imaginer, ça lui faisait des frissons dans le dos, qu’elle n’appréciait pas du tout. A un moment, son attention fut détournée par les paroles de sa meilleure amie, qui lui fit écarquiller les yeux de stupeur. « Hein ? Comme si tu pouvais utiliser ton pouvoir sur lui » Avec un ton de voix qui ne laissait clairement aucune place au doute. Avant que Lily utilise son don à tort et à travers, il se passerait un moment. Et Matthew l’aimait pour elle, pas à cause de mensonges comme on peut en voir dans les films. Elle ferait pas ça, sa Rosie, non mais. Emy passa rapidement sur ce genre d’idées abracadabrantes, déjà parce qu’elles étaient stupides, mais surtout parce que sa concentration était souvent limitée. Faut pas lui en vouloir, mais il existe beaucoup de choses intéressantes sur cette terre, et cette gamine, ben, elle faisait de son mieux pour gérer la cacahuète, bien que ce ne soit pas toujours le cas. En même temps, ce n’était pas comme si son entourage n’était pas déjà au courant. Lily, elle était même capable de l’obliger à rester calme. Pas très longtemps, n’exagérons pas, mais au moins quelques minutes. N’allons pas dire que sa copine pouvait faire peur mais faut bien reconnaitre que quand elle s’y met, la fille d’Aphrodite, ben, elle peut foutre les chocottes au choco, hein. Mais Emy ne l’avouerait pas, oh que non ! Elle ne mentait pas en ne disant rien, juste… Elle fermait sa bouche à ce sujet. Et se concentrait. Un peu.

Quand elle lui tendit la main, Emy lui offrit un sourire réconfortant. Elles ne tomberaient pas, elle ne le permettrait pas. Pas qu’il arrive malheur à sa Lily, pas alors que c’était son idée, et qu’elle poussait les choses plus loin. Non… Non, elle ne le permettrait pas. C’était hors de question. Terrifiant. Inimaginable. Parce que sa Lily qui tombe… Cela la pétrifiait toute entière. Alors… Elle ne savait pas trop si c’était pour cette raison, parce qu’elle pensait à des choses horribles, ou pour une toute autre excuse – comme la mousse sur ses mains – mais la seconde qui suivit fut terrible. Comme au ralentit, elle referma sa main sur celle de Lily, toujours ce petit sourire aux lèvres, qu’elle voulait absolument rassurant, et voilà qu’elle lui échappait. Ses doigts frôlèrent les siens, et Emy n’eut pas le temps de se sentir blanchir. Parce que sa Rosie, la prunelle de ses yeux perdit l’équilibre.

Le temps sembla se suspendre, et elle agit bien avant que son cerveau réussisse à se sortir de la mélasse d’horreur dans laquelle on venait de le plonger. Se laissant tomber à sa suite, les sourcils froncés, entre la peur et la concentration, elle n’eut pas le temps de calmer son cœur qui battait la chamade, non, tout ce qui lui venait à l’esprit était d’attraper sa main. Sa main. Parce qu’elle ne la laisserait pas se blesser. Jamais. Emy était du genre tête de mule mais si cela concernait Lily, elle pourrait faire plus que simplement déplacer des montagnes. Grognant en attrapant sa main, ses ailes se déployaient déjà sans qu’elle n’y ait vraiment pensé. Elles retinrent l’air, et les deux demoiselles eurent un choc de ralentissement de vitesse immédiat. Tirées vers le bas, malgré tout – hey, même pour un parachute, il faut plus de distance, hein – les grecques rejoignirent le sol, mais de manière bien plus douce que ce qui aurait pu arriver. Et ce n’était pas plus mal, encore une fois. Déglutissant, alors que son rythme cardiaque manquait faire exploser le muscle dans sa poitrine, Emy ne rangea même pas ses ailes, alors qu’elle s’allongeait aux côtés de son amie, le souffle court. Ce qu’il venait de se passer… Bon sang… Elle avait dû mal à le comprendre. Dans fantômes plein les yeux, elle se redressa péniblement, et s’approcha de Lily, pour la prendre d’office dans ses bras. Elle avait besoin de réconfort, de se rappeler que sa Rosie allait bien, qu’elle était en vie, et qu’on n’allait pas la lui enlever. Et tout en la serrant, elle murmurait encore et encore inlassablement : « Je suis désolée, je suis désolée, pardonne-moi, je suis désolée Lily ». Parce qu’elle s’en voulait. Parce que c’était de sa faute. Et qu’en vérité, elle n’aurait même pas dû prendre le droit de la toucher. Au cas où elle la blesse encore. Rosie… Oh, ma rosie…

C’était horrible comme sensation, celle d’avoir eu l’impression de perdre sa meilleure amie. Emy sentait encore – et pour un bon moment encore – son cœur battre comme un fou dans sa poitrine, alors que les images de sa Lily qui tombe vers le sol hantaient ses prunelles. Elle avait beau la toucher, c’était trop difficile, trop douloureux, comme irréel. Peut-être qu’elle rêvait, peut-être que son esprit n’avait pas accepté la réalité. Ou peut-être qu’il n’arrivait pas à accepter qu’elle ait failli tuer sa meilleure amie. Bon sang… Elle avait failli la tuer… Pour de vrai… Oui, la fautive, c’était elle. Et elle s’en voulait incommensurablement pour ça. Mais peu à peu, à mesure que les secondes s’égrenaient les unes après les autres, il y eut un autre sentiment qui émergea dans son cœur. Celui de la colère, de la haine même. Envers sa propre personne. Emy recula, lâchant la jeune fille comme si le contact l’avait brûlé. Parce qu’il n’y avait que du vrai dans ses pensées. Elle était horrible, immonde, un monstre. Peu importe ce que pouvait dire son amie, ou la manière dont elle essayait de la réconforter. Emy le voyait bien. Lily caressait légèrement ses ailes, et lui offrait des mots doux, des mots qui habituellement auraient suffi à la calmer directement, à la faire se réfugier contre son amie, en fermant les yeux pour en profiter.

Mais là, elle ne pouvait pas, pas alors qu’elle se revoyait encore perdre sa Rosie. C’était impossible à supporter, impossible à oublier. Elle avait failli la tuer, bordel. Et Lily ne lui en voulait pas ? Pas la peine remarquez, parce que la fille d’Hermès s’en voulait bien suffisamment pour deux, et son cœur ne cessait de battre la chamade. Alors oui, elle ne pouvait plus la toucher. Elle ne le méritait pas. Aucunement. Putain, Emy sentait les larmes s’accumuler au coin de ses yeux alors que le constat de ce qu’elle venait de faire se concrétiser dans son esprit. C’était violent, et elle se sentait paralysée, complètement hors du temps. Emy n’arrivait plus vraiment à se connecter avec la réalité, et peu à peu sa vision s’étrécit, pour virer dans des tons plus sombres. C’était douloureux encore une fois… Incompréhensible, et plus que déplaisant en fait. Lily les avait redressées en position assise, et c’est là qu’Emy en avait profité pour s’éloigner. La toucher, c’était trop dur, parce que ça résonnait dans son esprit, l’erreur, la faute qu’elle avait commise. Jamais, elle n’aurait dû proposer cette idée à Lily, jamais elle n’aurait dû lancer un regard de confiance éperdue à son amie en sous-entendant qu’il n’y aurait aucun problème. Visiblement, elle s’était royalement plantée. Pourquoi avait-elle insisté au juste ? Putain, et Lily qui l’avait cru, qui n’avait éprouvé qu’un bref doute avant de regarder Emy dans les yeux et de lui sourire.

« Je ne peux pas… » Murmura-t-elle doucement, les yeux penchés vers le sol. Et doucement, elle se redressa pour se remettre debout. Sur ses joues, des larmes coulaient, de plus en plus abondantes. Et lorsqu’elle tourna la tête pour croiser les yeux de son amie, les perles salées redoublèrent d’intensité. « Je suis désolée. » Elle fit un pas en arrière, gênée de se trouver en sa présence, alors que Lily ne semblait pas se rendre compte de ce qu’il venait de se passer. Elle lui pardonnait mais elle ne méritait aucunement son pardon, pas après ça. Elle continua de reculer, et finalement, ses ailes se déployèrent encore une fois. Instinctivement. Et la demoiselle jeta un dernier regard à sa meilleure amie, avant de décoller d’un coup, d’éviter les branches – de toute façon, elle s’en foutait – pour finir par disparaitre dans le ciel. Totalement.