Sujet : Le hall

Il se passait des drôles de choses par ici. Entre Ana qui ne pensait qu’à bouffer mais qui allait tôt ou tard vouloir danser. Chose qu’il fallait à tout prix éviter, danser c’est bon pour les bouffons. William faisait pencher son verre afin d’observer les glaçons s’entrechoquer. Il n’écoutait pas vraiment les propos des jeunes gens à côté de lui, juste la voix du garçon qui semblait bien éméché. Ah les vices de l’alcool, un problème pour l’humanité, lorsqu’il s’éloigna de sa démarche vacillante, William esquissa un sourire à sa cavalière avant de s’éclipser sans avoir oublié de dire
" Je vais sauver l’humanité. "
Suivre un gars dans ce bain de foule, un calvaire, cependant, il n’avançait pas assez vite pour être hors de vue. Il s’arrêta même contre un mur, prêt à se ridiculiser en communiquant avec un mur, pourvu que non. Willy se retint d’exploser de rire, difficilement quand même, lorsque l’autre se fracassa le crâne contre le mur. Et oui mon brave, se battre avec un mur, on perd quoi qu’il arrive. William s’avança donc pour tomber nez à nez avec Matthew. Ah merde, pourquoi de tous les crétins du monde, fallait qu’il tombe sur celui-là. Ah mais, il ne pouvait pas non plus le laisser là. L’attrapant par la manche, niquant bien le costume au passage, il tira donc Grey en dehors de la salle. Evidemment, puisque tout le monde était très occupé à draguer, personne ne remarqua le fils de Dionysos s’échinant à le foutre hors de la salle et de le caller contre la porte du hall avant de prendre un verre d’eau sur le buffet, revenir et de lui verser comme un bel enfoiré sur la gueule. Quitte à dégommer le costume, autant le faire bien.
" DEBOUT ! Na mais c’est dingue d’être torché en moins d’une heure. "
Histoire, d’être bien certain d’avoir réveillé Matthew, il le poussa du pied avec toute la délicatesse dont il était capable… ou pas.
" Alors Matthew, t’es en couple avec un mur que tu l’embra… "
Coupé dans son élan par une drôle de scène, Will en oublia de terminer sa phrase. Reconnaître son meilleur ami, un jeu d’enfant, reconnaître sa sœur, easy les amis. Les voir ensemble beaucoup moins sympathiques comme vision, plutôt un cauchemar. Mieux valait-il donc les ignorer et s’occuper de l’autre bouffon qui avait bu.

Je lui adressais un regard plein  de douceur afin de ne pas la brusquer, elle faisait vraiment de son mieux et c’était mon amie la plus chère « Je rectifie, tant que tu auras envie d’être avec moi, je resterais avec toi. » Là, c’était bien mieux. Elle n’avait aucune contrainte et pourrait s’éclipser dès qu’elle voudrait, c’était le principal non ? Je ferais de mon mieux pour ne pas la retenir contre son gré, accepter ses choix même s’ils étaient déplaisants. Par contre, le choix de danser, non vraiment pas, malgré sa moue, j’étais bien trop peu dans ce monde pour accepter une telle chose, même pour elle. Je la regardai complètement tétanisé à l’idée de devoir danser. Chose qu’elle semblait accepter, se raccrochant à l’idée d’être ensemble. Oui, l’idée d’être seule semblait vraiment l’effrayer. Je ne savais pas ce qui s’était passé durant son enlèvement mais depuis, la simple idée d’être loin de quelqu’un embêtait vraiment Cameron, elle n’était jamais seule. Ce qui m’avait posé des gros problèmes au tout départ, je n’avais pas trop envie qu’on sache à quel point je l’appréciais. Pas envie qu’on dise des choses sur moi dans mon dos, surtout à Cameron qui m’idéalisait, ce qui me faisait extrêmement plaisir. Bien que ce soit faussé par son manque d’expérience, j’étais tout de même heureuse de me voir ainsi dans ses yeux. Je me mordis la lèvre en voyant l’expression changer du tout au tout dans son regard, son visage se figer sans la moindre trace d’un sourire ou de joie. Je ne savais pas quoi répondre, mes propos l’avaient blessé mais en même temps, elle n’était pas honnête avec elle-même. Si ça avait été pareil avant son amnésie, j’aurais eu des choses bien plus récentes à lui raconter qu’un passé vieux d’une dizaine d’année dont tout le monde devait bien se foutre, tout le monde sauf moi. Je frémissais, incapable de savoir quoi dire, faire un choix entre mon ressenti, mes certitudes et sa joie de vivre, ce n’était pas chose aisée. Je haussai donc les épaules « Si Kathleen t’avait invité, tu aurais dit oui, tu aurais proposé de danser et tu aurais été heureuse d’être avec elle. » Elle ne pouvait pas nier cela et je ne révélais pas non plus ma peur de la perdre. Faire d’une pierre deux coups, sans rien révéler, voilà qui me plaisait bien. Cependant, afin de ne pas être hypocrite envers cette pauvre blondinette, je lui précisais sérieusement « Je ne l’aurais pas laissé t’inviter. Je voulais être avec toi ce soir, en fait je voudrais être avec toi tout le temps mais disons que c’est un tantinet plus compliqué. »

Petite nature même pas foutu de supporter quelques verres d’alcool totalement imbuvable. William s’accroupit afin d’être à la hauteur de ce fils d’Héphaïstos. C’est vrai qu’il n’avait pas fière allure, ses cheveux dégoulinaient de quelques gouttes d’eaux allant jusqu’à se mélanger au sang frais, laissant une marque rosée. Non ce n’était pas son jour.
" Peu importe ma raison. Tu salissais les murs, je n’allais pas te laisser faire. "
Même si c’est vérité que d’affirmer que Willy n’en avait que faire des murs de cette salle. Bon il n’était pas non plus interessé par les affaires de Matthew en temps normal. En fait des affaires en général, mais si ça lui permettait d’esquiver une danse, pourquoi ne pas faire des efforts.
" Intérêt pour les blondes. Les filles sont des poisons. Par contre tu vois, étant donné ma belle gueule naturelle, malgré mes problèmes de cœurs, je n’ai jamais eu l’envie d’embrasser un mur pour vérifier que j’étais toujours au top. "
Puisque de toute façon, il n’avait rien d’autre à faire que de rester avec le frère de Charlie, autant se mettre à l’aise. Surtout qu’être accroupit, ça tire sur les muscles. La démarche par la suite serait apparentée à celle d’un canard, autant s’asseoir. Aussitôt pensé, aussitôt exécuté, William s’installa à côté de son ami d’un soir avant de constater sur un ton très peu intéressé par la chose.
" Tu t’es salement amoché, c’est pas que tu m’intéresses énormément vivant, en fait moi les Héphaïstos, c’est pas mon truc. Cependant être enfermé pour non-assistance à personne en danger et complètement tarée, ce n’est pas mon truc. La blonde qui était ta copine, elle est partie. Ça arrive, on s’en remet très difficilement pour certain, c’est un fait. Mais est-ce que ça en vaut vraiment la peine, je te pose la question. Après, je n’ai certainement pas de leçon à te faire. J’ai quelques problèmes sentimentaux depuis ton adorable sœur. "
Bon, la dernière phrase était bourrée d’ironie. Non parce qu’adorable et Charlie c’était comme essayer de faire devenir pote une orque (ce qui va hyper bien avec Willy) et un pélican, ou une otarie on s’en fout. Ça n’allait juste pas ensemble, mais après, vu l’état de Matthew, insulter la soeurette c’était risquer de se prendre un mauvais coup ou au contraire de le voir s’exploser le poing dans le mur par erreur de trajectoire. Après il faudrait expliquer à tous les gens présents ici, dont sa propre sœur et son meilleur ami qui fricotait ensemble dans un coin, mais quelle bonne idée. Will aurait dû leur balancer des verres d’eaux à eux aussi. Bref il aurait fallu expliquer pourquoi le bourré s’en prenait à lui ce qui était fort peu recommandé. Autant éviter au maximum les sujets qui fâchent.

Ne pas se mettre à ma place, qui le pourrait réellement. Je doutais qu’une seule personne puisse comprendre mes choix. En revanche, je surveillais déjà mon fils, quand il ne s’échappait pas comme ce soir, chose que je lui reprochai d’ailleurs, il avait beau être jeune, il y avait certaines limites qu’il valait mieux pour lui éviter de franchir, dont celle de profiter du fait que je ne puisse courir, j’avais un peu de mal à le digérer. En même temps, je détestais cette situation, j’essayai juste de ne pas laisser la colère me submerger, ça m’éviterait de dire des choses que je regretterais, les regrets ne changent pas le monde de toute façon. Aimer mon petit, ça, ce n’était pas vraiment une chose difficile, il était parfait habituellement, peut-être un peu trop proche des armes d’après moi, mais bon, il ne tenait pas du voisin, heureusement. Les découvertes, je n’étais pas contre, au contraire, cependant pas un soir et à l’insu de tout le monde, enfin surtout du mien. Avec un agacement certain, je répliquai donc « Il semblerait qu’il fasse une découverte ce soir, qu’il est possible de me fausser compagnie sans rien craindre. » Après une demi-pause où je me refaisais le fil de la soirée dans le crâne, je finis par constater à haute voix « Je ne vois pas comment j’aurai pu éviter qu’il ne s’échappe sincèrement. » Je m’arrêtai de parler lorsque les hauts murs de buissons nous encerclaient, ah ouai par labyrinthe, c’était vraiment quelque chose d’impressionnant, l’inquiétude revint au galop, elle ne m’avait jamais réellement quitté mais là, elle était encore plus présente. Je fis un pas en avant, observant chaque détail pour ne pas me perdre, puis je me tournai vers ma cavalière. « Venez, hors de question que vous restiez seule maintenant que j’ai dansé avec vous. Je vous présenterai Elliott » Je rectifiai avec un certain scepticisme « Si j’arrive à le retrouver tout du moins. » Parfaitement immobile et droit, j’attendais qu’elle me rejoigne, observant ses épaules nues, elle avait peut-être froid, je devrais peut être lui passer ma veste. Dans un même fil de pensée, elle avait aussi sa veste et prendrait certainement mal le fait d’être couvé et je n’avais pas spécialement envie de passer pour un gentleman, j’en avais même rien à faire de son regard sur moi. J’irais même jusqu’à penser qu’une fois dans ce labyrinthe, à l’abri des regards, nous serions bien plus tranquille pour nous réchauffer autrement qu’avec des vestes.

C’était vraiment douloureux d’imaginer qu’Alison puisse penser qu’après nous ne serions plus jamais ensemble. Pour une peu de plus des larmes auraient pu apparaître au fond de mes yeux. Je n’avais qu’une seule certitude si l’idée de la perdre me faisait autant de mal, c’est que je tenais à elle bien plus que tous pourrait le penser. Je n’en avais que faire de ce que pouvaient dire les autres qu’elle était un monstre, instable... et j’en passe. C’est faux. Alison est une personne magnifique. Une Romaine exceptionnelle même si elle-même, elle ne s’en rend pas bien compte. Ces crétins sont juste des hypocrites voir encore des jaloux car ils ne possèdent pas son don. Mon amie n’a rien demander. Elle est ainsi, c’est sa nature et si ses proches ne l’acceptent pas, comment pourrait-elle l’accepter ? Je comprends beaucoup de choses depuis que je suis revenue. Je sais que je peux redevenir celle que j’étais, bien que cela prendra du temps. Mais certains plis restent, comme le fait de ne jamais pouvoir regarder Alison que comme une jeune femme magnifique et forte. Etrangement, elle est bien la seule avec qui je me sens en confiance en dehors de Kathleen. C’est un exploit pour dire. Tout est différent avec elle. Et son rejet pourrait me briser le cœur. Je ne sais pas ce qu’elle tentait de me prouver en me donnant l’exemple avec Kathleen mais je me sentais d’autant plus perdue alors que je recherche un point d’ancrage au fond de ses prunelles qui m’attiraient tant. Mais la suite me fit retrouver mon sourire en entendant cette petite note possessive dans sa voix, à tel point que je commençais à me dire que ce serait utile de poser une certaine question à ma soigneuse sur certaines préférences de mon passé. J’avais envie d’être dans ses bras alors qu’elle venait de me confier tout cela. « Je ne veux être qu’avec toi ce soir Ali. » Mes yeux devaient eux aussi sourire tellement j’étais contente de ce que je venais d’entendre. « On pourrait essayer de passer plus de temps ensemble non ? Ce serait peut-être moins compliqué ? » Tout ce que je pouvais faire pour qu’elle m’accepte. C’était purement égoïste mais je voulais être près d’elle. Je n’étais pas sûre qu’elle le comprenne. Et moi-même ne savait pas à quoi m’en tenir avec mes propres sentiments. « Pourquoi est-ce plus compliqué ? » lui demandais-je curieusement. Je ne comprenais pas bien ce qui pouvait l’empêcher d’être avec moi si elle le voulait. « C’est à cause de l’amnésie ? » ajoutais-je, tout à coup anxieuse. Et je maudissais tout ce qui s’était passé, j’avais juste envie de me rappeler d’elle, de qui j’étais... et toujours rien à part de vieux souvenirs mais pas Alison, toujours les mêmes visages qui revenaient mais le sien. Pourquoi ? Elle ne voudrait plus passer du temps avec moi.

Son regard sur moi pesait. Pas dans le mauvais sens, mais je ne savais pas trop quoi en penser. D’ailleurs quelles étaient ses pensées en me regardant ? Que pouvait-il se dire sur moi, sur nous, la présence ici ? Tant de choses. Il avait beau se faire passer assez souvent pour le garçon comique qui taquine à tout va. Mais dans le fond, il possède une certaine maturité qu’il m’est impossible d’ignorer. Je suis certaine d’avoir en face de moi une personne de confiance et responsable. C’est un mec bien pas de doute. D’ailleurs là n’est pas la question. Un petit rire m’échappa alors qu’il répondait avec malice. « Et bien, et tu te dis mon preux chevalier ? Tu me vois être obligée de lancer mes talons pour me battre ? » Lui dis-je avec un air faussement outré. Oh pas de doute que je le ferais si c’était une obligation, sûr qu’un talon dans la figure ça peut calmer, comme une autre mesure assez drastique. Avec un sourire malicieux, je passais ma main sur sa joue délicatement. « Je ne sais pas. Je trouve assez viril les hommes qui ont des marques... » Impossible de craindre pour son allure de beau-gosse, d’ailleurs effectivement les petites cicatrices me font toujours craquer. « De rester à l’extérieur d’un bal avec un garçon qui a une allure de beau-gosse ? Absolument pas. » Même si je ne saisissais pas les raisons qui le poussait à ne pas entrer, je les acceptai. Je maitrisais toutes sortes de danses mais rester avec lui et discuter de tout et de rien, m’allait très bien. Nous avions le temps. Je hochai la tête en signe d’acceptation. « Quand tu veux, Jake. » Je n’avais pas envie qu’il pense que ma seule pensée était de fuir dans la salle de bal. Je jetai un coup d’oeil aux personnes qui restaient dans le coin avant de le regarder à nouveau. « C’est la première fois que tu viens à un bal ? » Autant lancer la conversation et puis ça pourrait bien me donner une piste pour mieux le connaître.

Il est vrai que je n’étais pas énormément proche mon cavalier. Nous n’étions pas spécialement proche mais assez pour que je puisse le considérer comme un ami relativement proche, du moins pour moi il s’agissait d’une classification de personne à qui je pourrais donner entièrement ma confiance. C’est aussi une des raisons qui m’avaient poussé à accepter de se retrouver au bal avec lui. Non pas qu’il s’agissait pour moi d’une évidence ce n’était pas du tout ça même plutôt l’inverse mais au fur et à mesure je me sentais me détendre. De toutes manières, il ne me servait à rien de stresser pour une telle ou telle raison. Jake restait quelqu’un de bien même s’il est dur de ne pas ressentir une légèrement panique quand on se sent attiré par son cavalier. Même si je me pouvais me convaincre en me disant que toutes filles seraient attirées par un garçon comme lui. Légèrement étonnée par sa question, je ne pus m’empêcher de rire, bien que légèrement déroutée par la pure et simple constations qu’il m’observait du coup. « Non ce sont bien mes yeux. D’ailleurs, j’ai déjà essayé des lentilles le temps ou je voulais avoir des yeux verts, je ne supporte pas du tout d’en porter. » Et c’était bien vrai, un vraie horreur ces lentilles. Je trouvais vraiment amusant le fait qu’il change tout à coup de sujet même si c’était pour me faire remarquer qu’il reluquait mes yeux. Et ça c’est légèrement gênant. « D’accord un point pour toi. Je ne resterais sûrement pas derrière toi, j’aurai trop peur que tu finisses par te faire tuer voyons. » Huum. Je venais bien de dire que j’avais peur qu’il meurt là ? Bon peut-être qu’il ne ferait pas attention à la tournure de ma phrase. Cependant il se décidait à faire chauffer mes joues, pourquoi fallait-il qu’il parvienne aussi à me faire réagir à ces attentions. « Je suis presque une femme d’affaire tu sais. Je préfère tester avant. » répondis-je avec malice pour cacher mon malaise. « Donc, j’ai aussi droit à te faire danser pour la première fois ou alors il t’est arrivé de t’entrainer en boite, dans ton salon, sous la torture ? » Sous la torture ouais, parce que danser avec lui ça devait être bien quand même.

Faire un bout de chemin. Pesons le pour et le contre, est ce que j’avais vraiment envie de me séparer de sa si charmante compagnie… pas du tout. Soyons franc cinq petites secondes, j’avais juste envie de me la faire et pour dédramatiser, je pouvais toujours me dire que si Kathleen avait été capable de reconnaître Elliott, je ne vois pas comment les autres pouvaient passer à côté de sa bouille d’ange. C’est donc en taisant tous mes sentiments, chose acquise au fur et à mesure des jours, des mois et finalement des années, que je m’arrêtai de marcher. Laissant à ma cavalière d’un soir le soin de marcher seule quelques instants. Le temps pour moi de faire mon choix, les signaux avaient été assez clair dans les deux sens. Je trouvais par ailleurs que ça faisait un peu trop goujat de laisser croire des choses à une fille et de ne pas être en mesure d’aller jusqu’au bout. Je l’attrapais donc par la main, bien décidé à ne pas la laisser me filer entre les doigts, avec ce qui pourrait s’apparenter à de la prétention, je lui fis part de ma façon de voir les choses « Je crois surtout que nous avons quelque chose à terminer, vous et moi. » Un regard à droite, puis à gauche m’apprit qu’il n’y avait personne dans les alentours. Cependant, de là où nous étions, aucune chance de passer inaperçu. La moindre personne pénétrant dans ce labyrinthe nous y trouverait. La discrétion étant quand même recommandée, je l’entrainai donc à travers ce dédale feuillu et finit par trouver un endroit reculé dans le labyrinthe où personne ne pourrait venir nous trouver, une parenthèse pour le moins inattendu mais dont j’avais terriblement envie et je supposai qu’elle aussi puisque pas à un seul moment, elle ne s’était écarté. C’est donc avec un petit sourire que je lui montrai notre espace personnel avant de la ramener contre moi et de l’embrasser, passant une main dans son dos rendu frais par l'absence de blouson, elle allait se geler si je ne bougeais pas. Il fallait bien prendre soin de ses camarades, oui je faisais une bonne action en fait. Ce n'était pas du tout intéressé. (mais si, on y croit ^^)

Un sourire franc accompagna ses paroles. Si elle ne les pensait pas, elle jouait bien la comédie et j’étais complètement charmée dans tous les cas. C’est fou mais rester qu’avec elle, je pouvais largement le faire. Une soirée n’était cependant pas assez à mes yeux, mais si j’étais insatiable de sa présence, cela démontrait l’importance qu’elle avait pour moi. Sans faire de mouvement qui aurait démontré mon affection, je lui répondis sans la moindre hésitation, pour une fois. « De toute façon, j’ai promis que je veillerais sur toi. Ce n’est pas mon genre de trahir ma parole, il y a trop de monde ici pour que tu sois à l’aise, ou en sécurité. Je reste, personne ne t’approchera. » Oh j’étais capable de bâtir des murs entre moi et les autres, la faire rentrer à l’intérieur de ses murs, c’était d’une facilité déconcertante. Le plus dur serait de la laisser s’extirper en dehors de mes barricades, j’anticipais et ça m’effrayait. Ses propos étaient adorables, j’aurais adoré dire oui mais je savais aussi qu’elle avait des amis ici, amis dont je ne faisais pas parti. Il fallait qu’elle retrouve ses souvenirs et pour cela, elle devait être au plus près de sa vie d’avant. Enigmatique, j’essayai de lui faire prendre conscience de cela. « Cameron, tu avais une vie dont je ne faisais pas partie. » Je fronçai les sourcils, ça ne serait pas plus simple de rester avec elle. Je ne pensais pas tout du moins. Plus elle passerait du temps avec moi et plus elle se rendrait compte que je ne la voyais pas vraiment de la même façon qu’elle. Je ne pouvais cependant pas lutter contre moi-même, j’avais besoin d’elle, terriblement besoin de sa présence. Je soufflai donc vaincue « Tout le temps que tu voudras. » L’amnésie n’expliquait malheureusement pas tout, cela n’expliquait certainement pas les regards perdus que je lui lançais. Est-ce que c’était vraiment le moment de lui confier mes craintes alors qu’elle avait bien assez à faire avec son absence de passé. Je voulais qu’elle laisse tomber ses questions dont les réponses ne lui plairaient certainement pas. « L’amnésie ne sera pas éternelle. Tout va s’arranger pour toi, j’en suis sûre. » J’avais hâte de retrouver l’ancienne Cameron, envie de lui dire que je ne l’avais pas abandonné mais je n’avais pas envie de perdre ce lien qu’on créait tout doucement. Je lui fis un sourire plein de tendresse avant de lui révéler ravie « Ta confiance en moi me touche, ça ne doit pas être simple pour toi. Tu t’en sors à merveille. »

Je n’aurais pas voulu me retrouver ici avec une toute autre personne que celle qui m’accompagnait. J’étais complètement ravie de me retrouver en sa compagnie. En même temps, ça me paraissait la chose la plus logique et intelligente à faire et pas seulement parce que je me sentais attirée comme un aimant vers elle, mais aussi parce qu’elle faisait partie de mon passé, mon enfance heureuse à ses côtés et que maintenant elle serait mon présent et mon avenir. Mon sourire s’élargit en entendant ses paroles, je ne pus pas faire autrement que de me faufiler dans ses bras et la serre contre moi. Posant ma tête sur son épaule plus exactement nichée contre son cou. « Merci Ali. Tu fais tant de choses pour moi... » Et moi qu’est-ce que je fais pour toi ? Ca je ne le savais pas. J’aurais aimé être un roc pour elle, mais je n’étais que le boulet. Mon souffle chaud caressa son cou alors que je me rapprochais encore sous le poids de mes pensées. Serait-ce possible qu’Alison ne me voit que comme un boulet à sa jambe et pas réellement une personne faite pour elle ? Je n’aimais pas ces idées. Je me reculai légèrement abasourdie par ce qu’elle me disait. Elle m’en avait déjà touché un mot mais pourquoi ne nous étions nous pas retrouvées lors de notre arrivée au camp. Je ne parvenais pas à comprendre ça. Est-ce que j’étais si mauvaise avant de devenir amnésique, au point d’oublier et d’abandonner ma meilleure amie d’enfance. Alors que mes craintes devenaient presque réelles à ses paroles, les prochaines changèrent tout. Prise par une certaine confiance débordante dans tout mon être, je ramenai ma main à sa joue, déposant doucement mes doigts sur sa peau. Mon coeur se mit à battre fortement dans ma poitrine, alors que je me perdais dans son regard. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Juste ce que je mourrais cruellement d’envie de faire depuis cette soirée. Je me rapprochai d’elle, ramenant à rien du tout la distance qui nous séparait, je respirai doucement. Plus rien n’avait d’emprise sur moi. Sur nous. Mes lèvres se déposèrent sur les siennes, mes yeux se fermèrent pour savourer ce moment alors que je sentais mon coeur faire des bonds énormes. Je me sentais bien. J’espérais qu’il en était de même pour elle. A regret, le baiser prit fin et le monde revint brusquement autour de nous. Sous le choc de ma propre audace, je la fixai. « Je sais pas ce qui m’a pris, je suis désolée. » Et je battis en retraite, les joues rouges n’ayant qu’une idée me barrer rapidement pour ne pas croiser regard.

Je ne savais plus ce que je voulais, partir ou bien rester, faire acte de présence pour cette fille ou au contraire la laisser vivre un peu. Je roulai un peu des yeux lorsqu’elle profita de mes hésitations pour venir se blottir contre moi. Je finis par poser un regard rempli de douceur sur elle, je l’aimais depuis tellement de temps que cette présence me réconfortait. Ce n’était pas si grave si ça ne durait pas, j’aurais vécu quelques temps joyeux avec elle. Je restai silencieuse contre son corps, raidit parce que je n’avais pas l’habitude non plus de ces élans de tendresses, n’ayant jamais eu quelqu’un dans mes bras depuis une éternité. Pourtant, je ne faisais pas le premier pas, c’était donc qu’elle le voulait et ça me touchait. Je me perdais dans mes sentiments pour elle, sentir son souffle contre ma peau me faisait peur. Je ne voulais pas tout gâcher, pas si derrière je devais la voir avec quelqu’un d’autre et ne rien dire, comme toujours. D’ailleurs, elle s’écarta tandis que je restais comme une idiote immobile, j’essayai vraiment d’être comme elle,  juste une amie, de la voir comme une amie. Elle ne pouvait pas ressentir le poids de mes sentiments, à la voir perdue ainsi, je regrettais mes mots, je ne voulais pas la blesser, juste lui montrer que je n’étais pas la seule. Je n’eus rien le temps de dire, elle m’habituait à ses touchers sans que je ne grogne, je plissais tout doucement les yeux en sentant qu’elle se rapprochait dangereusement de moi. Je n’aimais pas trop l’idée d’être testé et j’aurais volontiers tourné la tête si tout mon être n’était pas focalisé sur les mouvements de Cameron. Immobile contre ses lèvres, j’apprenais tout doucement la satisfaction de ce contact, j’apprivoisais les battements de mon cœur qui semblait naître et provoquait en moi de délicieuses sensations. J’en aurais demandé tellement plus, je voulais qu’elle reste contre moi pour toute la soirée. Elle brisa toutes mes espérances en s’écartant et en m’assommant avec son je ne sais pas ce qui m’a pris. Une voix railleuse dans ma tête me ramena les pieds sur terre, je m’attendais à quoi, elle faisait ses expériences et j’étais juste le pion qu’elle avançait pour les vérifier. Je reculai donc d’un pas abasourdie par le fait qu’elle me tournait le dos dès qu’elle en avait l’occasion. Cette prise de conscience me laissa totalement sur le carreau. J’étais là depuis le tout début pour elle, j’essayai de faire renaître notre amitié, je n’avais même pas essayé de faire de nous deux un couple alors que j’aurais pu. Elle jouait juste avec mes sentiments et mes émotions, sachant par ma faute que je ne me transformais pas en sa présence. Je baissais piteusement la tête avant de quitter le bal sans chercher à la rattraper. J’avais mal au cœur de me sentir trahi de la sorte par quelqu’un que j’aidais, que Kathleen et les autres se démerdent sans moi.

Un léger sourire accueilli ses paroles, alors que mes yeux contemplaient son air. Je comptais bien ne pas retenter l’expérience des lentilles. « Ne t’en fais pas. Je ne voudrais pas que tu sois attristé si j’en changeai. » Je riais doucement devant sa posture et sa façon de s’exprimer. « Et arrête de me faire des compliments sinon je vais finir par croire que tu es accro. » Ce qui serait quand même étrange mais pas dérangeant. Je ne pouvais pas nier que ça ne faisait pas plaisir de passer du temps avec lui et d’entendre tous ces mots. D’un air sérieux malgré mes yeux pétillants de malice, « La demoiselle, monsieur Andrews, est vraiment très douée et réputée pour ne jamais rater sa cible. » avant de poursuivre, «Tu sais, il faut bien des guerriers forts et puissants capable de tenir une hacher. » N’y tenant plus, j’étais obligée de pouffer. « Prends pas la mouche, Jake. Je suis ravie de pouvoir compter sur toi pour veiller sur mes fesses. »

J’espérais beaucoup de choses de cette soirée et pour le moment je pouvais dire qu’elle se passait plutôt bien. Pas de combats entre les participants, tout le monde semblait bien se comporter. « Et si on dansait ici, que tous les deux, à l’abri des regards ? » demandais-je avec un sourire. Peut-être que Jake serait plus à l’aise et au moins, il y aurait très peu de chances pour quelqu’un d’indiscret remarque notre petit manège. Cette idée me plaisait bien. D’autant plus que mes joues ne serait pas longtemps restées incolore si nous entrions et dansions devant tous les demi-dieux présents à ce bal, malgré les masques. « A notre manière » ajoutais-je avec un petit air malicieux. Je me rapprochais de lui, plaçant sa main sur ma hanche et attrapant la seconde de mon autre main, serrant doucement ses doigts, tout en appréciant la chaleur qui en émanait. « Alors, fils d’Iris, tu relèves le défi ? », en tout affichant un air légèrement provocateur, mon regard accrochant au sien, n’attendant que son accord et la preuve qu’il soit prêt.